Nous venons de célébrer la fête du Christ, Roi de l’univers. Nous étions tous au pied de la Croix, au milieu d’une foule vociférant contre Lui, le Fils de Dieu qui n’avait plus visage humain, car il portait le péché des multitudes. Son trône, une croix, sa couronne une couronne d’épines et lui, les bras étendus sur le monde, il offrait le sacrifice qui nous rend la vie, qui la donne à tous ceux qui comme le bon larron lui murmurent : “Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume !”

Le monde peut se déchirer, les révolutions se succéder, les grèves se multiplier, je l’entends encore dire dans un ultime sursaut : “J’ai soif !” Il ne cesse de me le redire, Il a soif de mon amour, de notre amour ! Mais nous sommes incapables d’aimer ! Il est nu sur la Croix, il porte jusque dans sa chair le péché des multitudes dévoyées dans le bourbier de la pornographie, de la luxure, de toutes les déviances d’un des plus beaux dons de Dieu, celui de pouvoir donner la vie !

Mais l’heure est venue pour lui de passer de ce monde à son Père ; ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin : Il remit, il donna l’Esprit ! Il nous donna l’Esprit d’Amour dont la mission est de répandre en chacun de nous l’amour de Dieu, de venir au secours de notre faiblesse, de devenir notre ami pour nous permettre de devenir à notre tour, de manière concrète et réelle des témoins de l’Amour au cœur de notre monde dominé par tant de haine, de violence et de guerre.

Mais déjà nous commençons une nouvelle année liturgique, nous sommes dans le temps de l’attente. Marie est là au milieu de nous, elle, l’Immaculée, elle porte en elle celui qui porte l’Univers. En elle, sans bruit, l’Esprit est à l’œuvre, le Verbe se fait chair, il veut se faire l’un de nous pour que se réalise enfin le projet créateur : que nous ne soyons plus des étrangers ou des gens de passage mais devenions concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu, fils adoptifs du Père, dans le Fils unique, le bien-aimé du Père.

Pendant ce temps de l’Avent, nous n’avons qu’une seule chose à faire : nous préparer à l’accueillir, ouvrir notre cœur pour qu’il puisse venir naître en nous au milieu de notre misère ; il vient faire sa demeure en nous, il ne nous demande rien sinon d’ouvrir notre porte pour qu’il puisse naître en chacun de nous dans la nuit de Noël et faire naître au milieu de nous un monde nouveau où l’amour triomphera.
Le premier décembre, nous avons consacré l’église restaurée de Pertuis, un événement qui nous rappelle tout à la fois que Dieu ne cesse de faire sa demeure au milieu de nous et que nous sommes tous des pèlerins, des gens de passage, en route vers la Jérusalem céleste où l’Agneau sera notre lumière et où se célébrerons les noces définitives de Dieu avec l’humanité.

Le dimanche 15 décembre, à Bastia, Paolo-Victor Lombardi, un diacre de notre diocèse, du séminaire “Redemptoris Mater” sera ordonné prêtre par Monseigneur Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio, pour un temps de service dans l’Église en Corse. En cette année de la mission, comment ne pas être missionnaire pour s’entraider avec des Églises qui manquent cruellement de prêtres ?

Je voudrais enfin vous rappeler l’importance vitale de la Parole de Dieu dans nos vies. Chaque jour, nous devrions prendre du temps pour venir nous asseoir aux pieds de Jésus pour écouter et accueillir sa Parole et la laisser prendre vie, prendre corps en nous. Nous sommes appelés à nous laisser transfigurer en Christ pour vivre en lui au rythme de l’Esprit Saint. Jésus lui-même nous l’a dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » Nous devrions avoir soif d’accueillir tout ce que Jésus nous a révélé de son Père et de son projet divin nous concernant tous. Cette année, dans la liturgie dominicale, nous lirons l’Évangile de saint Matthieu, pourquoi ne pas le lire une première fois pendant le temps de l’Avent, dix minutes ou un quart d’heure chaque jour ? ce n’est pas impossible et vous le verrez, votre vie en sera transformée, transfigurée, car vous découvrirez toutes les merveilles que le Père veut réaliser en chacun de nous pour nous assimiler à son Fils bien-aimé, l’enfant qui va naître dans la nuit de Noël.
Bon temps de l’Avent à tous !

 + Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon