Assise et « l’esprit d’Assise »...25 ans déjà !

20 octobre 2011

L’Ombrie est une terre d’élection : les vallonnements gris de l’Appenin, les
oliviers, les cyprès, une luminosité blonde - charme et douceur. Là naquit le Poverello,ce François, fils de riches marchands drapiers, converti à la pauvreté et à la pénitence après une jeunesse dissipée, dont la spiritualité et l’enseignement devinrent si célèbres dans l’Europe chrétienne du XIIIe s. qu’à la fin de sa vie on ne savait plus comment préserver l’idéal franciscain « originel », tant la foule des disciples qui le suivaient était nombreuse !

François, qui embrassait les lépreux, et parlait de « joie parfaite » quand le portier du couvent, ne l’ayant pas reconnu, le laissait à la porte, un soir d’hiver, en le traitant durement pour son retard… François, l’ami des pauvres, le mendiant de Dieu, l’artisan de paix :

« Loué sois-tu Seigneur pour ceux qui pardonnent par amour pour toi
et supportent douleur et tribulations
Bienheureux ceux qui persévèrent dans la paix, car par Toi, Très-Haut
ils seront couronnés… »

(Cantique de frère Soleil).


C’est donc à Assise la belle, dans le sillage du pauvre et lumineux François, que Jean-Paul II a voulu, il y a vingt cinq ans, organiser la première rencontre destinée à « prier pour la paix », en invitant « toutes les grandes religions du monde » à s’unir en une forme inédite de dialogue inter-religieux qui allait frapper d’étonnement le monde entier.

Annoncée le 25 janvier 1986, en pleine guerre froide, avec en toile de fond le meurtrier conflit libanais, l’initiative pouvait paraître hasardeuse, provocante, utopique, et de toute façon peu viable ; non seulement elle fut pleinement un succès, mais au-delà de la réussite humaine, déjà non négligeable ! elle suscita une immense espérance, une conversion, un changement profond dans les coeurs de nombreux chrétiens – et sans doute aussi des autres croyants. Elle enfanta ce qu’on appelle depuis « l’esprit d’Assise », cette mystérieuse disposition d’ouverture, de confiance, de tolérance, de
charité, qui permet, sans rien abdiquer du fondement de sa propre foi, d’écouter l’autre en frère bien-aimé, de lui prendre la main, et de prier à ses côtés – pour la paix et la compréhension réciproque.

Cent trente responsables religieux du monde entier avaient répondu à l’appel, et se sont tournés ensemble vers Dieu pour implorer de lui le don de la paix, chacun se sachant respecté dans sa prière. Pas de syncrétisme forcé, pas de relativisme suspect, mais un regard renouvelé sur le pluralisme religieux ; et pour nous, chrétiens, une « catéchèse intelligible à tous », le sentiment qu’une juste attention avait été portée à l’esprit du Concile, qui nous recommande d’être attentifs aux « signes des temps » . Benoît XVI a repris le flambeau et rouvert la route : il a renouvelé déjà deux fois le geste prophétique, et cette année, la devise choisie reste séduisante : « Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix ». Puisse cette prochaine rencontre, le 27 octobre, puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes de la conscience de chacun, « là où se forme l’agir moral des hommes » (discours d’accueil, 1986) ; puisse-t-elle aussi souligner fortement l’unité de l’humanité, derrière sa nécessaire diversité, unité « radicale, fondamentale et déterminante » (Jean-Paul II). Qu’elle se situe au plus près des attentes des hommes de bonne volonté, qui oeuvrent discrètement au sein de chaque confession. Et que, là-haut, « François » bénisse les humbles de coeur et les pacifiques, en voyant passer dans sa ville (lui qui prêcha aux petits oiseaux) la douce colombe des chercheurs de paix.


Simone Grava-Jouve


Rendez-vous à Assise
Le Saint-Siège explique le sens de l’initiative de Benoît XVI

“Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix” : c’est le thème de l’initiative de Benoît XVI qui fêtera, à Assise, le 27 octobre prochain, le 25e anniversaire du rassemblement des religions à Assise autour de Jean-Paul II. Un pèlerinage proposé aux croyants et aux non croyants.
Des veillées préparatoires sont encouragées dans les diocèses du monde. “Saint François, pauvre et humble, accueillera tout le monde à nouveau dans sa ville, devenue symbole de fraternité et de paix”, précise le Saint-Siège.
Le programme de la rencontre proposée par Benoît XVI le 27 octobre prochain à Assise a été présenté le 2 avril par la salle de presse du Saint-Siège qui a publié un communiqué précisant le sens et l’objectif de ce nouveau rendez-vous des religions, qui vise à célébrer le XXVe anniversaire de la rencontre historique voulue par Jean-Paul II.
“Benoît XVI se rendra donc en pèlerinage dans la ville de Saint-François et il invite les frères chrétiens des diverses confessions et les représentants des traditions religieuses dans le monde et, idéalement, tous les hommes de bonne volonté à se joindre à sa démarche”, ajoute le communiqué.

Un pèlerinage proposé aux croyants et aux non-croyants
“Chaque être humain, au fond, est un pèlerin en quête de vérité et de bien. Quant aux croyants, ils sont toujours en chemin vers Dieu : c’est de ce fait que naît la possibilité et même le besoin de parler et de dialoguer avec tous, croyants et non-croyants, sans renoncer à sa propre identité ou se prêter à des formes de syncrétisme ; dans la mesure où le pèlerinage de la vérité est vécu de manière authentique, il ouvre au dialogue avec autrui, il n’exclut personne et engage chacun à être artisan de fraternité et de paix”.
“Tels sont les éléments que le Saint Père entend placer au centre de la réflexion, ajoute le communiqué. C’est pour cette raison que seront également invitées des personnalités du monde de la culture et de la science, qui sans professer une religion, recherchent la vérité et pensent que nous sommes tous responsables de la justice et de la paix dans le monde.”

“L’image du pèlerinage résume donc le sens de l’événement qui sera célébré, fait observer le communiqué : on fera mémoire des étapes qui ont jalonné le parcours, de la première rencontre d’Assise, à celle de janvier 2002 et, dans le même temps, on regardera vers l’avenir avec l’intention de continuer, avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté, à marcher sur le chemin du dialogue et de la fraternité, dans un monde en mutation rapide.”

Concrètement, les différentes délégations partiront de Rome, en train, dans la matinée du 27 octobre autour de Benoît XVI. A leur arrivée à Assise, les délégations se rendront à la basilique Sainte-Marie des Anges pour “un temps de commémoration des rencontres précédentes et d’approfondissement du thème de la journée” : des représentants des délégations ainsi que le Pape prendront la parole.

Dans l’après-midi, les participants pourront monter jusqu’à la basilique Saint-François, et “les membres des délégations se joindront à la dernière partie du pèlerinage pour symboliser le chemin que chaque être humain doit parcourir dans la recherche assidue de la vérité et la construction efficace de la justice et de la paix”. Un montée qui se fera également “en silence pour permettre la prière et la méditation personnelle”.

A la basilique Saint-François, “où se sont achevés les rassemblements précédents”, aura lieu “le renouvellement solennel de l’engagement commun en faveur de la paix.”
Cette Journée sera préparée, dans la soirée du 26 octobre, par une veillée de prière présidée par Benoît XVI en la basilique Saint-Pierre : le diocèse de Rome y est invité.
Et les diocèses du monde, les communautés locales, sont “encouragés à organiser des moments de prière analogues”. Benoît XVI demande aux catholiques de “s’unir spirituellement à la célébration de cet événement important” et il “remercie ceux qui voudront bien être présents dans la cité de Saint-François, pour partager ce pèlerinage”.

Source : www.zenit.org