Autrefois dans le diocèse d’Avignon

30 avril 2021

La paroisse de Saint-Jean-de-Durfort au XIXe siècle

La commune de Sault, avec ses 111,15 km², est la plus étendue du département de Vaucluse. Aussi, les hameaux les plus éloignés de l’agglomération ont été, au cours de l’histoire, érigés en paroisse avec leur propre église paroissiale et leur curé. C’est le cas du hameau de Saint-Jean-de-Durfort, situé à 7,6 kilomètres du centre de la commune.

Histoire de la paroisse

L’abbé Ther, premier curé de la paroisse restaurée, note en introduction du registre des Délibérations du Conseil de Fabrique : « l’établissement de la paroisse et la construction de l’église de Saint-Jean-de-Durfort se perdent dans la nuit des temps ; des actes du XIII° siècle font mention de cette paroisse sous le nom de Sanctus Joannes de Durefortio. La tradition locale fait remonter l’établissement de l’église à l’époque de l’établissement de la religion chrétienne dans les Gaules et à celle des persécutions. »

Avant la Révolution française, la paroisse avait pour prieur l’évêque de Carpentras qui avait pour obligation d’y entretenir un curé à portion congrue. Après 1789, le curé Bertrand est expulsé pour avoir refusé de prêter serment. Jusqu’en 1791, au moment de l’interdiction du culte, l’église est desservie par M. Testanière, de Bonnieux, qui y reviendra après 1794, comme vicaire de Sault desservant Saint-Jean-de-Durfort.

Avec le Concordat, une seule paroisse est rétablie à Sault, en 1801. L’abbé Placide de Terri (sic), vicaire à Sault, desservira l’église de 1812 à son décès en 1824. Ce sont les paroissiens eux-mêmes, par un rôle de contribution volontaire, qui pourvoyaient à la subsistance des prêtres.

Le rétablissement de la paroisse

Depuis l’établissement du Concordat, les marguilliers et notables de la paroisse n’avaient eu de cesse de demander le rétablissement de la paroisse, mais ce fut longtemps en vain.

Abbé Ther (lorsqu’il était curé de la Tour d’Aigues)

Assurément, l’appui et le zèle de Madame Henriette de Fabre, d’Avignon, « qui avait renoncé à une grande fortune pour se faire religieuse dans l’Ancien Régime, et qui n’a repris sa fortune que pour la consacrer à de bonnes œuvres », mais aussi l’aide du marquis de Saporta obtinrent enfin cet établissement.

Dès 1819, le Conseil municipal de Sault s’était prononcé favorablement, et en 1826, Monsieur de Courtois, président du Conseil de Fabrique adressait une nouvelle demande à l’Archevêque d’Avignon avec toutes les pièces nécessaires et l’affaire fut réglée par le Ministre des Cultes et la paroisse rétablie par décret et en juin 1826, Monsieur Jean-André Ther était nommé curé de la paroisse de Saint-Jean-de-Durfort.

 

Les archives de la paroisse relèvent à cette date, 125 habitations et 606 paroissiens.

Les curés de Saint-Jean

De 1826 à 1905, il y eut 16 curés successifs avant que la paroisse ne soit à nouveau desservie par le clergé de Sault.

L’abbé Jean-André Ther en fut le premier curé. Né le 22 juillet 1796 à Avignon et ordonné le 20 mai 1826, c’est en tout jeune prêtre qu’il devient recteur de la nouvelle paroisse à laquelle il se dévouera jusqu’en 1836. Il fut alors transféré à Bedoin, puis à la Tour-d’Aigues de 1851 à 1864. Il avait cessé ses fonctions un an avant de mourir le 23 mars 1865.

Mathieu Julien Pivet (1804-1851) lui succéda jusqu’en 1838. Il ne sera remplacé qu’en 1839 par Jean-Louis Colonges (1797-1898) qui, après neuf ans, sera remplacé par Jean Joseph François Xavier Meyer (1823-1900) de 1848 à 1850. En 1850, après un passage très rapide de Michel Loubières (1818-1891), l’abbé Antoine Olivier (1815-1887) restera jusqu’en 1856. Cette année-là, l’abbé Joseph François Marie Constantin (1825-1911) est nommé recteur, il y restera jusqu’en 1863. François-Xavier Pin, né à Saint-Jean-de-Durfort en 1833, sera curé jusqu’en 1865, date à laquelle lui succède Celestin Elzéard Louis Roux (1830-1909), pendant 10 ans.

abbé Claret

Pendant l’année 1875, au cours de laquelle Joseph Augustin Grégoire Claret (1847-1919) fut curé, il en profita pour faire faire d’importantes réparations à la chapelle rurale de Saint-Joseph (vraisemblablement celle qui est à l’entrée du hameau, au sud), grâce aux revenus tirés de la vente de l’ancienne chapelle de Sarraud et du domaine de la Capelle faite en 1873.

 

En 1876 est nommé Denis Marie Célestin Tamisier (1820-1900). En 1884 François Auguste Berbon (1835-1912) est recteur jusqu’en 1891, puis lui succèdent Jean-Louis Courbet (1861-1945) et Alfred François Gineston (1847-1906) en 1897. De 1902 à 1904, Jean Siffrein Vendran (1873-1942) sera recteur, et lui succèdera Jean Chambon (né le11 mai 1866) qui quitta le diocèse en 1905 pour rentrer dans son pays d’origine, Mayres, en Ardèche.

L’Eglise paroissiale

Monsieur Ther se dévoua particulièrement à l’entretien et à l’embellissement de son église paroissiale. En novembre 1826, celui-ci fait un état de son église : « composée d’une nef et d’un chœur séparé de la nef par une balustrade en pierre de taille, et de deux petites chapelles. Elle est pavée en dalles de pierres de taille. ». Outre la chapelle de droite dédiée à la Sainte Vierge, et celle de gauche « aux Saintes », l’église compte encore deux autels, l’un de Saint-Joseph et l’autre de Saint-Eloi. Le tableau du chœur, disparu depuis, représentant Saint-Jean-Baptiste, avait été donné par Mgr de Béni, dernier évêque de Carpentras.

A partir de 1841, de nombreux travaux sont prévus pour la réparation et l’entretien de l’église et du presbytère, mais en 1857, face à l’état de ruine de l’édifice, et conscient de la modestie des revenus de la commune de Sault et du Conseil de Fabrique de la paroisse, une supplique est adressée au Préfet. Le projet ne fut alors plus seulement de réparer l’église, mais celui d’une reconstruction sur l’emplacement de l’ancienne église.

Après la destruction de l’ancienne église, la vie paroissiale s’est transportée provisoirement dans la chapelle de Saint-Joseph, et le 16 juillet 1860, l’abbé Constantin posait la première pierre de la nouvelle église « sous le vocable de saint Jean-Baptiste, patron de la paroisse, et celui de la Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, ainsi que des saintes femmes qui accompagnèrent Notre Seigneur Jésus Christ au Calvaire ». L’abbé Constantin, « un an et trois mois après », le 27 octobre 1861 pour le « Dimanche du patronage de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu », procédait à la cérémonie de bénédiction de l’église.

Statue de Saint-Jean-Baptiste donnée par l’abbé Roux

 

Les Saintes

Dans l’ancienne église, selon la description de l’abbé Ther, la chapelle dite « des Saintes » abritait une niche, en vis-à-vis du confessionnal « dans laquelle est un tableau représentant trois figures des saintes ». Qui sont ces saintes ?

« La tradition du pays est que dans les temps de persécution, trois sœurs vierges et de la paroisse de saint Jean furent martyrisées dans le pays. On en fait la fête solennelle la seconde fête de la Penetcôte (avec les offices et la couleur du jour). Seulement, à la procession qui se fait avant la grand-messe, on chante l’hymne du commun des Vierges : Jesu Corona Virginum, l’officiant est en chape blanche à cette procession. Il y avait un grand concours à leur fête, il s’y faisait, dit-on, beaucoup de miracles. Les ex-voto ont été enlevés lors de la Révolution. ». Une note anonyme des archives paroissiales les nomme Urbaine, Amante et Abondance. Trois petites statues les représentaient autrefois, et qui étaient portées en procession.

Au moment de la construction de la nouvelle église, en 1860, le titre des saintes fut « complété »  : les saintes femmes qui accompagnèrent Notre Seigneur Jésus-Christ au Calvaire.

Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste