Carême en vue ! Prenons les moyens

4 février 2023

Notre Seigneur, s’adressant aux foules, leur demandait : « Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » (cf. Mt. 14, 28). Il ne s’adresse ni à des maçons, ni à des entrepreneurs de BTP, mais aux « grandes foules qui faisaient route avec lui ».

Pourquoi ces foules font-elles route avec le Seigneur ? par mode et pour faire comme tout le monde ? Cela passe, voire peut changer radicalement d’un instant à l’autre, et n’est souvent que superficiel. Par habitude ? le fameux « on a toujours fait comme ça » ! Ça fait partie des valeurs, de la culture… Mais si cette habitude n’est pas enracinée dans le cœur, un cœur aimant et convaincu, elle peut être remplacée facilement par autre chose, sans choix, conviction ni discernement ! Pour passer le temps, comme un loisir ? C’est bien possible aussi, mais alors, à la moindre occasion, à la moindre distraction qui se présente, on peut passer à autre chose. Par contrainte ? Dans ce cas-là, le corps est présent, mais où est le cœur ? Ce qui est en jeu, ce n’est ni la mode, ni les habitudes, ni les occupations et loisirs, et encore moins une contrainte.

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. » Il s’agit de se mettre à la suite du Christ-Jésus, en acte et en vérité. Etre baptisé, être chrétien, ce n’est pas une activité parmi d’autres, une décoration, une association humanitaire ou de préservation du patrimoine, une décoration. Etre baptisé, c’est être plongé en Dieu, Père et Fils et Saint-Esprit, recevoir cet Amour, en vivre, être sauvé du péché et du Mal par cet Amour Infini, y répondre par toute notre vie, c’est faire route avec le Christ.

Or le temps du Carême nous est précisément donné pour nous permettre de faire des choix éclairés, de nous libérer de tout ce qui nous enchaîne, de savoir reconnaître ce qui a de la valeur, de l’importance et du prix, de nous mettre concrètement à la suite du Christ en portant notre croix.

Si nous sommes capables de nous asseoir pour réfléchir avant de construire une tour, si nous sommes capables d’avoir du bon sens pour construire un édifice fait de pierres, à combien plus forte raison, devons-nous être capables de prendre du temps, pour réfléchir et mesurer quels moyens nous allons prendre pendant le Carême, non pas pour bâtir une tour, mais plus encore et mieux, pour nous mettre à la suite du Christ. Sans faire de bruit, sans même parler, nos choix les plus simples et les plus pragmatiques, peuvent témoigner grandement de Celui en qui nous mettons notre foi.

Dans le même évangile, le Seigneur nous met en garde et nous prévient : « si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !” ». La cohérence de notre foi, de nos convictions, de nos paroles et de notre vie est essentielle, non seulement pour nous mettre vraiment à la suite du Christ, mais aussi pour la crédibilité de notre témoignage.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet