Cinquante ans après...

6 octobre 2012

Après avoir célébré dans la joie et l’action de grâce le neuvième centenaire de Notre-Dame des Doms durant cette année, nous entrons dans une autre célébration de l’Eglise, celle du cinquantenaire de la fin du Concile Vatican II. Avec et dans l’Eglise nous ferons mémoire durant cette année de cette assemblée ecclésiale, don de l’Esprit Saint à son Eglise, don certes d’il y a 50 ans mais qui continue aujourd’hui à porter du fruit selon la grâce de l’Esprit.

En effet, il ne s’agit pas tant de retour nostalgique à cette époque des années soixante, mais de vivre aujourd’hui de la grâce du Seigneur donnée, manifestée durant ce Concile et qui continue à guider dans la lumière son Eglise. C’est la même grâce de l’Esprit qui a guidé l’Eglise depuis deux mille ans, notamment à travers les Conciles. Elle est toujours là présente, pour nous aujourd’hui.

Dans la foi, nous faisons ainsi un mémorial de ces Conciles, et notamment de celui de Vatican II, puisque son enseignement est toujours d’actualité pour nous.

Durant cette année, nous tenterons de parcourir dans ”Eglise d’Avignon, non seulement les enseignements du Concile Vatican II mais leur interprétation dans la Tradition vivante de l’Eglise, à travers les enseignements des Papes qui ont à la fois vécu le Concile et conduit ensuite l’Eglise dans la lumière conciliaire. En effet, il y aurait un danger à fossiliser le Concile en le détachant, en l’isolant des cinquante années ecclésiales qui l’ont suivi.

Ainsi, nous commençons dans ce numéro par un regard sur la première encyclique du Pape Jean Paul II, ”le Christ, Rédempteur de l’homme”, qui est comme le condensé de tout le pontificat vécu par celui qui participa au Concile en tant que Cardinal Wojtyla. Puis d’autres regards seront portés sur les principaux thèmes de la vie de la foi, telle qu’elle fut enseignée par l’Eglise durant des années jusqu’à aujourd’hui.

Le Saint Père, Benoit XVI, a d’autre part annoncé, promulgué, une année de la Foi pour cette célébration des 50 ans du Concile Vatican II. Je voudrais revenir donc sur ce thème fondamental de la Foi dans ce cadre conciliaire.

Dans le Credo, nous proclamons que nous croyons en l’Eglise et en son enseignement. Il y a donc nécessité d’un accueil de ce que l’Eglise proclame, un accueil dans la foi, non dans la claire vision comme dit saint Paul. Tout chrétien, de par son baptême, est pleinement membre de l’Eglise ”catholique” c’est-à-dire de l’unique Eglise dans laquelle tout homme, de par son être de créature de Dieu, a sa place. Chacun d’entre nous, baptisé, est membre du Corps du Christ. Il y a donc un appel continuel, unique pourrait-on dire, à vivre selon la vie du Corps du Christ et non selon notre vie propre. C’est tout le sens des paroles exigeantes du Seigneur comme par exemple celui qui perd sa vie pour moi la garde en vie éternelle ».

Cette dépendance envers l’Eglise est objet de Foi.

Je ne suis pas l’enseignement de l’Eglise parce qu’il me plait, parce qu’il correspond à mes opinions, à telle ou telle idéologie, mais parce que je crois qu’il est vrai et juste. Je ne suis pas cet enseignement parce que celui qui enseigne me plait ou parle bien.
Je ne m’oppose pas à son enseignement parce que celui qui l’enseigne ne correspond pas au ”type” d’homme d’Eglise que je préfère… J’accueille l’enseignement de l’Eglise parce que je crois qu’il vient du Seigneur. Bien sûr, dans sa forme, cet enseignement a toujours besoin d’être actualisé, dépoussiéré, inculturé . . . Cela durera jusqu’au retour du Christ. Mais le fondement inébranlable c’est le Christ lui-même ; il n’y en a pas d’autre. Et c’est dans l’acte de foi, dans une confiance totale en l’assistance de l’Esprit du Seigneur à l’Eglise, que je peux et dois recevoir cette parole de l’Eglise.

Nous ne sommes pas sans péché… Il ne faut donc pas nous étonner des hauts et des bas qui apparaissent lors d’un Concile. Quand on relit, par exemple, le journal du Concile du Cardinal de Lubac, on voit combien le Saint Esprit a dû passer au milieu des libertés humaines, pas toujours purifiées, pour que selon son dessein Dieu nous fasse avancer. Il y eut des difficultés, tant au plan des procédures que des textes à promulguer, mais il faut reconnaître que l’immense majorité des évêques successeurs des Apôtres s’est rassemblée sur ces textes conciliaires. D’où l’action de grâce générale autour de Paul VI à la fin de la dernière session. Les difficultés ! Il y en eut : Pensons aux textes comme Dei Verbum, le décret sur les relations avec le judaïsme ou la liberté religieuse.

Il ne faut pas avoir peur des conflits, ni les rechercher bien sûr. Mais il faut bien voir qu’il y en a eu dans l’Eglise depuis le début et qu’il y en aura encore. C’est dans la foi, l’espérance et la charité qu’ils doivent être vécus.

Lorsque telle ou telle décision d’Eglise est prise, une décision générale et non un caprice local, nous sommes appelés à entrer dans cette parole pour la vivre dans la foi, c’est-à-dire en croyant que cette décision est bonne pour tout le Peuple de Dieu et non seulement pour quelques uns. Cela demande un effort d’intelligence et bien souvent une remise en cause personnelle, qui ouvre sur un renouvellement dans le Saint Esprit. Le danger est toujours une réaction passionnelle, immédiate, sans réflexion, qui bloque la personne et bien souvent la marginalise.

Dans le cas du Concile Vatican II, il est fort important de développer notre sens de l’Histoire de l’Eglise et de son Mystère pour accueillir sereinement l’enseignement lumineux qui nous est donné.

La foi n’est pas une confiance aveugle et bête. Elle est une remise de soi au Seigneur pour lui permettre d’agir en nous et par nous pour la réalisation du Dessein d’amour bienveillant du Père : ramener toutes choses, les être terrestres comme les célestes sous un seul chef, le Christ.

Par la foi, j’adhère à cela, je vis en disciple de Jésus qui me conduit et m’accompagne sur ce chemin de libre assentiment au dessein divin. C’est cela qui nourrit l’espérance et renforce la charité. Sans une vie continuelle dans la foi, nous ne pouvons ni espérer ni aimer selon l’amour de Dieu.

Profitons donc de cette année pour nous nourrir de tout ce que l’Eglise nous donnera : je pense notamment aux homélies du Saint Père le mercredi. On les trouve facilement sur internet (zenit.org). Elles sont d’une simplicité et d’une force étonnantes. Pourquoi s’en priver ?
Et puis, rejoignons ceux qui dans nos paroisses ou dans le diocèse proposerons aussi telle ou telle réflexion dans ce domaine. Nous en avons tous besoin ! Jusqu’à notre dernier souffle nous aurons besoin de grandir dans la connaissance de Dieu et la foi en Jésus-Christ.

(Extrait d’Eglise d’Avignon n°81, septembre 2012)