Dieu vient pour la multitude...

1er janvier 2023

Au fil des siècles, la tradition a fait de ces mages les représentants de tout le monde connu : l’Afrique, l’Asie, l’Europe ; signe d’universalité, signe que Jésus n’est pas le Christ, l’envoyé pour quelques uns seulement mais pour tous les peuples, pour chaque homme, chaque femme, chaque enfant qui habite notre terre. Jésus est venu offrir sa vie, la vie, pour la multitude. Pendant longtemps, l’Église a vu dans ce signe d’universalité une invitation à porter l’Évangile au bout du monde, à soutenir l’effort missionnaire à travers les autres continents. Mais les immenses bouleversements que connaît notre monde changent la donne. L’Épiphanie signe d’universalité n’est plus seulement une invitation à porter l’Évangile au bout du monde mais aussi un appel à porter l’Évangile au bout de notre rue. L’étranger, n’est plus de l’autre coté des mers, il est à notre porte, il est notre voisin. Pas seulement parce que les migrations, les brassages de population, ont amené là où nous vivons des gens de tous pays. Mais surtout, parce que la vie moderne, fait de nous des étrangers les uns aux autres. La liberté individuelle, l’épanouissement personnel ont, dans notre société, un prix à payer qui est de nous éloigner les uns des autres, parfois jusqu’au repli sur soi. L’Église a pris cela de plein fouet. Nos contemporains sont plus en plus nombreux à être étrangers à l’Évangile et à son message ; à être étrangers à l’Église, à ses paroles, ses gestes, sa prière, sa culture...Les mages sont porteurs de cadeaux, l’or, l’encens et la myrrhe, autant de signes qui nous parlent de Jésus, de son identité ; l’or qui nous le dit Roi ; l’encens qui nous le dit Dieu ; la myrrhe qui nous le dit Crucifié, donnant sa vie. Et en ce début d’année qui est souvent le temps des résolutions et des projets, nous sommes invités à regarder aussi ces présents des mages à l’enfant comme une invitation à la réflexion personnelle. S’il nous faut porter l’évangile au bout de notre rue, ne le faisons pas les mains vides. Que seront mon or, mon encens, et ma myrrhe ? Que donnerai-je de moi-même, de mon temps et de ma disponibilité, de mes passions et de mes talents, de mon essentiel. Avec quoi irai-je à la rencontre de mon prochain ? Comment est-ce que je serai signe de Dieu durant cette année ?

Abbé Frédéric Fermanel