Edito du père Doumas

19 septembre 2021

Editorial : parler de l’islam ?

Nous diffusons un tract concernant le catéchisme. Le but est de faire prendre conscience aux gens de la gravité de la situation en raison du fait que très peu d’enfants sont aujourd’hui inscrits au catéchisme. Parce qu’il s’agit des enfants, c’est une réalité d’aujourd’hui, mais cela aura des conséquences pour demain. Pour l’Eglise, bien sûr, mais, surtout, pour ces générations sans référence chrétienne. Et, aussi, pour notre société, pour notre pays. Déjà en disant cela on n’est pas dans le « politiquement correct » ! Mais, en plus, dans ce tract on parle de l’islam. Et cela provoque des réactions. D’où le titre de cet éditorial : « parler de l’islam ? »

Dans le tract, il n’y a rien contre l’islam. Au contraire ! Il est dit que c’est une grande religion et que je pratique, très concrètement, le dialogue avec des musulmans, que je considère comme des amis. Et il est même précisé que leur souci de transmettre la foi à leurs enfants m’impressionne. Mais je mets cela en contraste avec la nonchalance, l’inertie et, en fait, l’inconscience de beaucoup de familles catholiques qui, elles, n’en font pas autant. Et j’en tire ce constat : « Dans Courthézon, aujourd’hui, il y a plus d’enfants initiés à l’islam qu’à la foi chrétienne ».

C’est l’énoncé d’un fait, d’une réalité. Mais, bien sûr, cela va au-delà ! Cela veut littéralement faire honte aux familles chrétiennes. Dans notre pays, pendant des siècles, chaque génération a transmis à la suivante la foi chrétienne, mais aujourd’hui, par une sorte d’affaissement de la conscience, on ne le fait plus au point qu’une religion, aujourd’hui minoritaire, comme l’est l’islam, transmet plus que nous.

C’est un fait, qu’on ne peut guère contester. Mais, pour beaucoup, il ne faut pas le dire. C’est inconvenant. Il ne faut pas parler de l’islam. C’est politique ! Pour moi, il y a là quelque chose d’inacceptable. Quand on pratique le dialogue avec les musulmans, on acquiert beaucoup de respect pour les musulmans et, aussi, pour l’islam, qui a un sens si fort de la grandeur de Dieu. Mais, en même temps, on approfondit sa foi, on comprend toujours mieux combien islam et christianisme sont différents. Et, aussi, on est stimulé par l’autre. Le souci de transmettre la foi, si vif chez eux, doit nous inspirer. De même pour le jeûne, si fortement pratiqué par eux et si peu par nous alors que c’est une donnée de base de la tradition chrétienne. Dans la Bible et dans l’Antiquité chrétienne, le jeûne est une pratique très courante. Il y a aussi les cinq prières quotidiennes. Combien de catholiques prient cinq fois par jours ? Pourtant trois fois dans la journée nos cloches sonnent l’angélus.

Prenons en conscience : nous sommes terriblement conditionnés par la société de consommation et les dictats des « communicants ». En fait, aujourd’hui être chrétien, c’est entrer en résistance. C’est avoir toutes sortes de réactions critiques, qui refusent les dénis, les raisonnements sophistes, les tolérances accommodantes. Certes, il ne s’agit pas de tomber dans l’intransigeance ou l’intolérance. Au contraire, il s’agit de s’ouvrir, d’entrer en dialogue avec tous, avec les musulmans en particulier, et les autres, mais avec cette certitude que l’évangile est exigeant et demande cohérence.