Edito du père Doumas

23 novembre 2021

Editorial : le prochain et le lointain.

Loin de penser que l’argent est quelque chose de secondaire ou de méprisable, il faut lui accorder toute son importance. De toutes manières, il est peu de vies qui ne soient marquées par les problèmes d’argent.

Vous n’êtes pas pauvre, mais votre fils fait des études, il faut lui payer logement et nourriture, et bien d’autres choses. Cela coûte de l’argent et ce n’est pas évident. Vous êtes en couple, des travaux sont à faire dans la maison et vous avez besoin d’argent. Il se pourrait bien que vous ayez à décider la réduction de vos dépenses de vacances. Vous vivez seule, vous dépensez peu, mais votre revenu, votre retraite, ne vous permet pas de grandes dépenses. Et pourtant nous sommes appelés à « partager », à aider d’autres, proches ou lointains à qui nous ne devons rien sinon le devoir de « charité ».

Personnellement j’ai des personnes qui me sont proches, que j’aime. C’est avec elles que je suis le plus généreux. Elles ne sont pas nécessairement dans la détresse, mais mon aide les aide vraiment. Sans cette aide, ce serait bien plus difficile pour elles. Car, s’il y a l’aspect matériel de l’aide, il y a aussi son aspect psychologique et affectif. Vous ne pouvez pas dire à une personne : « Je t’aime » et ne rien faire pour elle !

Reste le prochain lointain. Celui qui est là, tout proche, mais que vous ne connaissez pas et que vous devez aider : sa détresse est trop manifeste ! Cette aide peut être ponctuelle. Je me force toujours pour le faire, mais à la sortie de l’intermarché je mets systématiquement une pièce dans le petit bol de celui qui fait la manche. Toujours le même ! Ne rien donner, en regardant hypocritement ailleurs, n’est pas juste. Mais, je donne aussi par prélèvement. Sans douleur m’est prélevée chaque mois une somme donnée une fois pour toutes à un organisme caritatif. Ou bien je fais, plus ou moins régulièrement, un chèque pour un autre organisme. Paradoxalement cette somme sera plus importante après une dépense importante pour moi, par exemple des travaux réalisés dans la maison. Par cette dépense je suis appauvri, mais c’est justement le moment d’aider les pauvres !

Ce qui importe, c’est se dire ce que l’on fait. Se mettre au clair sur les sommes données, sur le moyen de donner, sur à qui on donne, sur quand on donne, à quelle occasion. Rien n’est plus faux que de dire : je donne sans compter. Il faut compter ! En se disant, qu’on pourrait donner plus, en se disant donc, car donner c’est perdre ! de quoi pourrais-je me priver et qui, est, en fait, complètement inutile ou secondaire ?