En ce lieu et dans notre temps

1er novembre 2022

Lors de la belle fête diocésaine en l’honneur de Saint César de Bus, et à l’occasion de la rentrée paroissiale, ce 16 octobre dernier, Monseigneur Fonlupt nous a invité à être témoins de notre foi en ce lieu et dans notre temps. Deux indications qui nous situent clairement et bornent notre chemin : nous devons être de ce temps et en ce lieu que Dieu nous a donné. Il ne sert de rien de s’imaginer sauveur du monde ou grand héros, si seulement on nous en donnait l’occasion... mais ailleurs et plutôt demain ! C’est ici et maintenant que nous sommes appelés à témoigner, à prier, à louer, à servir, à accueillir.

L’univers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier. (...) L’idéal n’est pas seulement de passer de l’extérieur à l’intérieur pour découvrir l’action de Dieu dans l’âme, mais aussi d’arriver à le trouver en toutes choses. LS233

De même que le lieu idéal de la mission ne nous attend pas quelque part, nous ne pouvons espérer le choisir à notre goût. « En ce lieu » n’est pas restrictif. Ce sont tous nos lieux qui doivent être le cadre de nos vies chrétiennes. Pas seulement la salle de catéchisme de 15h à 17h, pas seulement le coin droit en entrant dans l’oratoire, entre midi et deux. Mais aussi à la boulangerie, sur la route des vacances, avec sa belle-famille, en transports en communs, coincé à la caisse du supermarché.

Car nous y rencontrons des membres effectifs et potentiels du corps du Christ. Car le Christ est présent en tout homme. Car Il nous a envoyés vers toutes les nations.

Dans notre société aux dimensions dilatées par les réseaux sociaux, par la science-fiction, par l’envie vorace de nos contemporains d’être partout et de tout voir, il devient difficile d’être réellement présent en un lieu. Puisque nous ne choisissons pas le lieu qui nous est donné, du moins pouvons-nous le magnifier pour accueillir notre hôte : le Christ et celui par qui il passe notre porte et s’y repose. Quels lieux offrons-nous en paroisse, dans nos maisons, dans l’espace de nos bras ouverts (chacun son public) ? Je pense aux paroisses qui restaurent les tableaux de leurs greniers, les statues en réserve dans la sacristie, à celles qui se (re)mettent au jardinage dans la cour du presbytère, à celles qui rénovent leur cuisine partagée et l’ouvrent à tous, les exemples sont nombreux. A une autre échelle, dans l’encyclique Laudato Si, le Pape François parle de nos quartiers, de nos manières de vivre la ville, ses espaces urbains, et des connections qui s’y font ou qui manquent. La place de l’église et du presbytère ou de la maison paroissiale est à construire pour être un lieu témoin dans ces lieux en attente et en recherche de Dieu.

En ce lieu et dans notre temps.

Si nous ne devons pas perdre de vue le Chemin et le Berger, aveuglés par les miroirs aux alouettes de notre société de consommation et d’exploitation, nous pouvons cependant être de notre temps et utiliser, avec sagesse et prudence, les outils actuels à notre disposition.

Il s’agit d’ouvrir le chemin à différentes opportunités qui n’impliquent pas d’arrêter la créativité de l’homme et son rêve de progrès, mais d’orienter cette énergie vers des voies nouvelles. LS

Avec audace, générosité, respect et charité, trouvons les moyens de témoigner, prier, louer, servir, accueillir en proposant un nouveau chemin.

Jésus était pleinement présent à chaque être humain et à chaque créature, et il nous a ainsi montré un chemin pour surmonter l’anxiété maladive qui nous rend superficiels, agressifs et consommateurs effrénés. LS 226

 

Marie-Anne Molle