En ce temps de vacances...

18 juillet 2014

Extrait de la Lettre d’Informations du Diocèse d’Avignon, 13 juillet 2014

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau... »


D’où vient notre fatigue, sinon des résistances que nous rencontrons dans la réalisation de nos désirs ? Car tout ne dépend pas que de nous : nous agissons avec les autres et dans le monde, qui ne nous sont pas toujours favorables. Mais que la chance vienne, qu’elle se conjugue à notre compétence, et tout devient facile, au point de nous sembler aller de soi.

Commentant ce verset de saint Matthieu (11,28) dans un sermon, saint Augustin évoque tout ce qui, en son temps, pouvait être imposé aux élèves dans les écoles, pour leur apprendre, non pas la sagesse, en vue de se conduire en hommes libres, mais le calcul et les lettres, en vue d’obtenir « la richesse et les honneurs de la vanité », ainsi que l’art de la parole : « À tous ceux qui ne les aiment pas, toutes ces chose sont lourdes à supporter, alors qu’elles ne l’apparaissent pas à ceux qui les aiment, car ce qui est désagréable et contraignant, l’amour le rend facile et léger. Quelle fermeté donc et quelle facilité plus grandes ne donne pas la charité pour faire en vue de la vraie béatitude ce que fait la convoitise en vue de la misère présente » (Sermon 70,3).

« Pondus meum, amor meus » « Mon poids, c’est mon amour ». Cette belle formule est introduite dans le dernier livre des Confessions (XIII, 10), par une image particulièrement forte :
L’huile versée sous l’eau monte au-dessus de l’eau
Et l’eau versée sur l’huile va s’enfoncer sous l’huile.
Les corps sont conduits par leur poids, ils s’en vont vers leur lieu.
Mal orientés, ils ne peuvent trouver le repos ;
Qu’ils trouvent leur place et ils sont en repos.

Jésus nous prend dans sa prière à son Père. Il nous fait entendre que tout lui a été confié et qu’il nous faut passer par lui pour connaître le Père, source de toute vie. Tel est le mystère de la création. Mais le Père nous a voulu « tournés vers lui » et il nous faut lui « rendre grâce » pour pouvoir vivre de sa vie. En effet, si nous n’avons pas demandé à naître, il nous est donné de choisir sa vie, la vie éternelle, que tout, en ce monde, nous porte à refuser comme illusoire, ou du moins à négliger comme inutile.
Mais inutile à quoi ? En vue de quelle vie ? Certainement pas en vue de cette vie heureuse à laquelle notre coeur aspire, même si nous ne sommes pas toujours en état de le reconnaître, et que saint Augustin définit : « la joie dans la vérité ».

C’est l’ignorance de notre véritable destination, qui est de vivre dans le Seigneur, et notre résistance à vivre ainsi, qui sont à la racine de notre fatigue. Mais Jésus nous indique le chemin vers la lumière et vers la vie, un chemin dont il ne nous cache pas qu’il devra « traverser la vallée de l’ombre de la mort ».
Il est lui-même ce chemin.


Jean Mallein