2 mars 2022


Edito de l’évêque> En chemin vers Pâques, nous laisser conduire par l’Esprit

Ils étaient quelques 25 catéchumènes, ce vendredi, venant de divers lieux du diocèse, pour vivre un temps de rencontre leur permettant de se découvrir les uns les autres, un temps d’échange et de partage, pour être accueillis par leur évêque, et entrer ainsi dans l’horizon de l’Appel Décisif qui sera célébré le 1er Dimanche de Carême, le 6 mars prochain…

Ce mercredi nous débutons en effet le temps du carême par la cérémonie des cendres. Et les catéchumènes nous donnent d’entrer dans ce temps d’une manière particulière.

Ce sont eux en effet qui nous indiquent la route vers Pâques et nous appellent à prendre la route du disciple, à la suite de Jésus qui prend résolument le chemin qui mène vers Jérusalem et nous entraîne avec lui en son passage de la mort à la vie.

Ces quarante jours sont ces jours où les catéchumènes sont invités à vivre l’ultime préparation à la réception des sacrements de l’initiation : le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie.

Dans leur vie, traversée par des questions, des attentes, des blessures… ils ont entendu plus fortement cet appel à se tourner vers le Christ et à laisser leur vie éclairer par sa présence et sa Parole. Ils ont frappé à la porte de l’Église, rencontré des chrétiens, un prêtre… et depuis quelques mois ils cheminent, accompagnés par d’autres chrétiens, éclairés, entraînés par la Parole de notre Dieu et la communauté qui les accueille. 

 

La célébration de l’Appel Décisif ce premier dimanche de carême leur signifie non seulement la prise au sérieux de leur demande, mais l’appel effectif de l’Église, par la voix de l’évêque, à recevoir ces sacrements. Ce temps du carême devient donc déterminant. Il les invite et nous invite avec eux, comme la liturgie nous le rappellera de dimanche en dimanche, à résister aux tentations qui peuvent habiter nos vies, à ne pas nous laisser piéger par la soif des biens matériels, à renoncer à l’ambition de dominer, à marcher humblement à la suite du christ. Invités à nous laisser conduire par l’Esprit.

Dans cet élan, ils nous demandent d’être avec eux et nous entraînent à les suivre sur ce chemin. Il s’agit bien, les uns avec les autres, les uns pour les autres, de consentir au travail de l’Esprit, de marcher avec ceux qui demandent le baptême, de soutenir ceux qui sont à nos côtés, d’accueillir ceux qui reviennent.

Jésus le Christ, prenant le chemin de Jérusalem, où il va révéler sa passion pour les hommes et pour son Père, nous constitue en Église, nous invite à marcher avec d’autres, à discerner et dépasser les obstacles que nous pouvons mettre au travail de l’Esprit dans nos vies.

Appel – chemin avec d’autres – scrutins – réconciliation – conversion … ce temps du carême nous redit le chemin de la Bonne Nouvelle dans le cœur des hommes et des femmes, qu’ils se préparent au baptême, qu’ils changent leur cœur, qu’ils fassent pénitence…

 

La Bonne Nouvelle de Jésus le Christ qui fait librement de sa vie une vie donnée pour ses frères et pour son Père, cette Bonne Nouvelle est toujours actuelle et agissante. Nous avons à demeurer en marche vers le Royaume que le Père nous offre. Il nous faut reprendre la route, oser quitter ce qui nous entrave, ce que nous avons à laisser et, au cœur de cette marche, nous tourner vers nos frères.

 

Comment ne pas penser à cette spirale de violence qui se met en place en Ukraine ; à la suite du pape François et des évêques de France, prions et jeûnons pour que la force de la paix puisse l’emporter sur cette violence aveugle qui œuvre à détruire le peuple ukrainien et également le peuple russe.

Notre terre attend de manière vive ces espaces de paix et de fraternité. Le temps du carême nous en redit le chemin pour que, de manière définitive, cette paix soit offerte au monde. En marchant sur cet horizon, nous manifestons à tous que le monde n’est pas condamné à sombrer dans le repli, la violence, le rejet. Nous savons combien il a besoin de ce signe en ces jours douloureux.

Poussés par l’Esprit, laissons-nous entraîner à la suite du Christ. 

+François FONLUPT
Archevêque d’Avignon

Paroisses en créations > Vivre le Carême... en mode vert intégral ?

Nous voici déjà aux portes du Carême, plus ou moins prêts à entamer ce chemin dans le Chemin, à nous mettre encore plus particulièrement à la suite du Christ par des efforts redoublés de prière, de pénitence et de partage. Aïe. Dit comme cela, ce n’est pas très engageant… mais le joug a beau être léger, notre Grâce passe bien par la Croix ! Peut-être que, si nous avions pris un temps de préparation au Carême, quelque chose comme une version jumelle de la période de l’Avent, nous arriverions au Mercredi des Cendres avec un peu plus que de bonnes intentions pour gagner en sainteté.

La fête du Mardi Gras est aussi trompeuse : un défouloir avant les restrictions, un sursaut de vices, une orgie d’envies ; comme si l’exercice des vertus n’apportait pas la félicité ! Comme si le Carême n’était que contraintes contenues dans quarante jours, qu’il faudrait affronter en ayant fait d’abord le plein de futilités éphémères, de plaisirs passagers ; alors que nous pourrions apprendre à délaisser ces envies pour nous tourner vers des désirs porteurs de sens, ordonnés au Christ.

C’est choisir de se lancer dans un tour du monde en avion avant que la sobriété nécessaire au partage des ressources planétaires ne rende ces voyages impossibles. C’est prendre le problème à l’envers.

Nous nous accrochons à nos petites jouissances au lieu de prendre le temps et la peine et la joie d’apprendre à aimer, à pratiquer ce qui nous apportera vraiment le bonheur, et qui ne remettra pas en question le bonheur des autres, ni la Création, ni notre rapport à Dieu. Voilà un exercice d’écologie intégrale pour ce Carême !

Par la pénitence, discerner ce qui relève du superflu sans substance, et y opposer la pratique des vertus et des vraies joies.

 « L’attitude fondamentale de se transcender, en rompant avec l’isolement de la conscience et l’autoréférentialité, est la racine qui permet toute attention aux autres et à l’environnement, et qui fait naître la réaction morale de prendre en compte l’impact que chaque action et chaque décision personnelle provoquent hors de soi-même. » 1

Par le partage, nous interroger sur nos besoins réels, sur ceux que nous comblons (il y a peut-être là une marge de manœuvre ample comme les bras de la Croix), et les confronter aux besoins réels de nos frères, qui restent parfois sans réponse.

« Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu’elle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne. » 2

Avec l’aide de la prière, nous mettre à l’école de l’amour du Christ et aimer notre prochain comme Lui l’aime : or, chacun de nous est aimé, chacun de nous a du prix aux yeux de Dieu, chacun de nous est nécessaire.

« La protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres. » 3

 

Bon Carême, dans la joie de la préparation de Pâques !

Marie-Anne MOLLE

 

1 Pape François dans Laudato Si, §208
2 Saint-Jean Paul II cité dans Laudato Si du Pape François, §93
3 Pape François dans Laudato Si, §70

Portrait> Une vie consacrée à Carpentras

Sœur Antonia vient de fêter ses 60 ans de vie religieuse.
Voilà 46 ans que cette sœur augustine demeure à Carpentras. Certains disent qu’elle en est même son ange gardien !

Sa vie pourrait se résumer à créer du lien, comme elle aime le rappeler en citant Saint Augustin. 
Depuis son enfance corse, Antonia ou plutôt Jeannine, son prénom de baptême, est attirée par la vie religieuse.

« Il m’a semblé avoir un appel en rencontrant des sœurs franciscaines missionnaires de Marie qui venaient chaque année dans les villages pour quêter argent ou produits alimentaires pour les pauvres. C’était dans les années 1945 et trois de mes sœurs et moi-même étions impressionnées et voulions être comme elles ! »
Plus tard, c’est à un Père missionnaire oblat de Marie Immaculée, qu’elle confie son désir et c’est lui qui va l’aider à continuer à répondre à son appel.

A 18 ans, la jeune fille rencontre des Filles de la charité et elle quitte alors sa terre natale corse pour un poste de monitrice d’internat à Avignon. Elle n’y restera que six mois à cause de problèmes de santé. Et toujours attirée par la vie religieuse, elle passera sa convalescence chez des Franciscaines missionnaires de Marie. Elle obtient ensuite un poste à l’hôpital de Bastia.

C’est durant des vacances en Vaucluse qu’elle va rencontrer les sœurs augustines de Carpentras. « A ce moment-là, j’étais surtout décidée pour les Filles de la Charité ; la sœur augustine, Marie-Antoinette, me dit ce jour-là, de rentrer dans sa communauté ; et j’ai répondu : - Jamais je ne rentrerai chez vous car j’ai vu qu’il y avait des grilles ; si je rentre, je les ferai sauter ! »
De retour en Corse, on annonce à la jeune fille que cette sœur était malade et qu’elle donnait beaucoup d’inquiétude.

« J’ai pleuré toute la journée car je sentais que j’y étais attachée et que le Seigneur me voulait là-bas ! »

C‘est ainsi qu’Antonia entre à 20 ans chez les sœurs augustines, en passant tout d’abord par Meaux pour aller faire son noviciat à la maison-mère et pour obtenir un diplôme d’aide-soignante à Paris. La formation du noviciat en Seine et Marne était dure pour une Corse, et au bout d’un an et demi,

« J’ai pris la porte sans rien dire à personne, dans l’intention d’aller rejoindre ma sœur à Paris.

Arrivée devant la porte de la chapelle, j’ai eu comme une vision : Sœur Marie-Antoinette que j’avais connue à Carpentras et qui était décédée, m’a dit : « Retourne à la communauté ! » ; j’y suis retournée et depuis, je n’ai plus jamais eu de tentation. »

Elle prend le voile en 1962, et fait sa première profession en 1964. Et c’est ainsi que Sœur Antonia restera à l’Hôtel-Dieu de Carpentras, à prendre soin des malades, durant 25 ans.
Ensuite en 1984, avec d’autres chrétiens, est fondée une association qui s’occupe des pauvres dans la rue.
Aujourd’hui encore Sœur Antonia est très active, faisant « la chiffonnière » pour aider les pauvres, faisant de la communauté un lieu d’accueil pour jeunes et vieux, pour un moment d’écoute ou de partage.
Et si Sœur Antonia aime prendre la marguerite comme symbole, avec le cœur de Jésus et des pétales indiquant qu’elle (pétale) ne peut rien faire sans les autres pétales, elle n’en oublie pas moins que c’est grâce à sa vie de prière qu’elle peut faire tout ce qu’elle fait, qu’elle est, tous les jours, dans la joie de servir Dieu, les autres et l’Eglise !

Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le taire » sur RCF Vaucluse,
par Sylvie Testud

Le livre du mois> La trahison des pères, de Céline Hoyeau

« Un travail salvateur », est-il écrit en quatrième de couverture… C’est tout à fait l’impression que l’on ressent à la lecture de ce livre, fruit d’une patiente et longue enquête. Sans prétendre répondre de manière exhaustive à toutes les interrogations et incompréhensions suscitées par ce scandale de « la trahison des pères », ces abus commis par les fondateurs de communautés nouvelles, l’auteur apporte néanmoins

de précieux éclairages aussi bien historiques, théologiques, que psychologiques.

Tout d’abord dans le contexte de la crise post conciliaire, où les séminaires se vident, les curés défroquent, les paroisses ont perdu tout souffle spirituel, ces fondateurs apparaissent comme des phares dans la tempête, des repères stables en un temps où fleurissent toutes sortes d’opinions erronées, où chacun ne croit que ce qui lui chante…

Ainsi de nombreux jeunes en quête d’absolu, de vérité dogmatique, mais aussi sensibles à la vie intérieure, sont attirés par la beauté de la vie liturgique et la chaleur offertes par ces communautés.

Ces fondateurs vont alors peu à peu être considérés comme de véritables stars par des admirateurs fervents qui vont les conforter dans une image idéalisée d’eux mêmes, de sainteté et de modèle iconographique.

Mais d’icônes qu’ils auraient dû être en réalité, ils vont devenir idoles

et se comporter peu à peu en véritables gourous, s’appuyant alors sur la complicité de leurs disciples… à leur corps défendant.

Par ailleurs ces jeunes communautés, au faible encadrement juridique, ne bénéficient pas de la longue expérience des vieux ordres classiques. En effet, ceux-ci, conscients des dangers possibles d’abus spirituels inhérents à la haute valorisation de l’obéissance dans la vie religieuse, l’ont fortement encadrée. Notamment, comme le souligne Dom Dysmas de Lassus dans son ouvrage Risques et dérives de la vie religieuse, il y a un risque de confusion du fors externe et du fors interne quand le supérieur de la communauté est en même temps le directeur spirituel de ses ouailles, ce qui a été malheureusement bien trop souvent le cas dans ces communautés nouvelles.

Naviguant alors entre accueil chaleureux de certains évêques ou, au contraire, méfiance accentuée par la jalousie de certains autres, ces fondateurs vont se jouer de l’autorité ecclésiastique, elle-même fragilisée par un climat plus enclin à l’indulgence et à la tolérance qu’à une autorité hiérarchique et autoritaire datant du Saint Office de Pie XII (on est alors en période de transition : le droit canonique pénal est en pleine recomposition).

De sorte que ceux qui étaient les plus lucides sur les problèmes qui commençaient à surgir, sont restés dans bien des cas impuissants.

Reste à comprendre comment ces fondateurs ont eu tant d’emprise sur leurs victimes au point d’annihiler toute leur résistance à leurs abus spirituels et à leurs abus sexuels afférents…

L’auteur s’est penchée plus précisément sur le cas des frères Thomas et Marie-Dominique Philippe et de leur théorie mystique dévoyée ; « l’amour d’amitié », qu’ils ont hélas propagée auprès d’autres fondateurs comme Jean Vannier (l’Arche) Thierry de Roucy (Point Cœur), Ephraïm (Les Béatitudes) et bien d’autres…

Cette mystique est une forme de gnose qui, comme telle, est une doctrine cachée réservée à une élite, un petit cercle d’initiés qui se retrouvent autour du maître. La notion de secret alors très présente a eu pour conséquence d’enfermer les victimes dans le silence.

Cette doctrine cachée s’appuie sur l’idée qu’à certaines âmes privilégiées, il est donné une grâce particulière, celle de vivre une forme intégrale d’amour : le père spirituel, par ses gestes, fait sentir à celle qu’il accompagne l’amour de Jésus pour elle.
Il n’y a pas de péché, car ce qui est visé, c’est le désir de rejoindre la personne pour lui montrer qu’elle est aimée de Dieu.

Aussi l’intention étant pure, l’acte l’est aussi…Tartuffe n’est pas loin !

Rien de nouveau sous le soleil donc, mais de grands dégâts tant cette tartufferie a pris de l’ampleur…

Faut-il pour autant juger l’arbre à ses fruits et condamner en bloc ces communautés ?

Non, car s’il y a eu effectivement de grandes souffrances, il y a eu également une grande fécondité qu’on ne peut nier : de nombreuses conversions, de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses, des œuvres humanitaires prolifiques etc…

Mais il faut préciser que si ces nombreux fruits furent bons, ils venaient en réalité d’un bon arbre - le Christ Lui-même - et non de ces fondateurs qui, prenant la place de Dieu dans les âmes, ont détourné à leur profit le charisme qui leur avait été confié, introduisant ainsi le ver dans le fruit .

C’est donc finalement un constat d’espérance et de foi : « c’est un ennemi qui a fait cela ».

Même si l’ivraie tente toujours de polluer le bon grain, n’ayons pas peur, car, on le sait, à la fin elle sera jetée au feu, et le mal définitivement vaincu.

Claudine DUPORT

Enseignement catholique > L’Enseignement Catholique de Vaucluse et le Synode 2021-2023

L’Enseignement Catholique de Vaucluse s’est mis en marche en octobre dernier pour participer à la démarche synodale proposée dans le diocèse. Des moments de partage avec des Adjoints en Pastorale Scolaire et à l’intérieur des établissements ont eu lieu, se constituant des groupes divers, formés par des enseignants, personnel OGEC, jeunes, etc. Une rencontre avec les chefs d’établissement est prévue mercredi 2 mars à la Direction diocésaine pour poursuivre cette réflexion.
Un Adjoint en Pastorale Scolaire d’un d’établissement du diocèse nous livre ici son témoignage

Œuvrer par nature et par charité

Les établissements catholiques d’enseignement, comme l’ensemble des communautés éducatives, ont une responsabilité fondamentale dans la promotion de la personne humaine ; toute personne, aussi bien jeune qu’adulte. L’annonce et la célébration de la bonne nouvelle de Christ est donc originellement au cœur de nos établissements. Nous savons que la réponse à la soif de l’homme est Dieu, mais le défi séculaire de notre Église, qui est donc loin d’être nouveau, réside dans la pédagogie de l’annonce, soutenue par une manière d’être et d’agir du pédagogue. Ce dernier doit se soucier du questionnement contemporain de son prochain et se montrer désireux d’y répondre en lui donnant à son tour le désir de répondre à l’appel de Dieu.

C’est ainsi que, suite à l’invitation du Pape François, à tout le Peuple de Dieu, à s’engager dans une démarche synodale, des membres de l’Ensemble scolaire catholique Saint-Jean le Baptiste à Valréas ont choisi de cheminer ensemble dans différents groupes de réflexion paroissiaux ou non. 7 d’entre eux, qui officient avec dévouement à l’école, au collège ou au lycée (personnels bénévoles, salariés de droit privé ou de l’éducation nationale) ont répondu à cette invitation, avec joie, pour échanger sur l’un des 3 thèmes retenus par notre Diocèse d’Avignon : « Écoute, dialogue et mission ».

Recherchant volontairement la simplicité organisationnelle, trois rencontres assez rapprochées, d’une durée de 60 minutes, structurent le parcours de ce groupe composé de baptisés ou non, de croyants ou non et de pratiquants ou non qui ont déjà coopéré étroitement dans de nombreux domaines de l’éducation. Elles se déroulent actuellement dans un esprit très convivial avec liberté et authenticité de parole. Un référent anime les échanges, rédige la contribution du groupe et la transmet à la commission diocésaine.

  • Première rencontre : Une présentation de la démarche synodale avec la distribution du dossier, suivies de questions diverses.
  • Deuxième rencontre : Une parole librement consentie à partir d’un canevas de questions ou d’un texte, proposés dans le kit de l’animateur (ou autres) et une écoute partagée, suivies de questions diverses.
  • Troisième rencontre : Une conviction, une proposition concrète et des moyens pour la réaliser avec une petite relecture de comment les membres du groupe ont vécu cette démarche « synodale » entre eux et ce qu’ils en retirent au niveau personnel et communautaire, suivies de questions diverses.

A la fin de la troisième séance, les participants sont invités à demander s’ils souhaitent une quatrième rencontre. Ensuite, leurs conjoints sont invités à rejoindre le groupe pour des échanges libres et amicaux.

Au cours de ces conversations, j’ai reçu, de chaque participant, des messages qui me révèlent encore la beauté des enfants de Dieu et l’action charitable de l’Esprit Saint. Ces moments de partage nous placent déjà dans une situation synodale élévatrice. En ce sens, ils sont, entre autres, indispensables à la vie de notre Eglise afin qu’elle puisse mieux répondre à sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier.

M. Robert PINARD
Adjoint en Pastorale Scolaire à l’Ensemble Saint-Jean le Baptiste

 

Plus d’information sur la démarche synodale sur : https://www.synode.diocese-avignon.fr

Il y a 100 ans dans le diocèse> Autrefois dans le diocèse d’Avignon, en mars

Monsieur l’abbé Dumas, curé de l’Observance, Dimanche 10 mars 1872

L’abbé Dumas est installé curé de la paroisse de Notre-Dame de l’Observance à Carpentras, par l’archiprêtre de Saint-Siffrein, Monsieur l’abbé de Terris – lequel sera sacré évêque de Fréjus en 1876. « la foule est sortie rendant à Dieu des actions de grâces ; elle comprenait que le vénérable M. Maillefaud, qui lui a laissé de si vifs et de si justes regrets, allait être continué et revivre au milieu d’elle ». Il fut dans cette paroisse, l’initiateur des travaux de reconstruction de l’église, même s’il n’a pas eu le temps d’achever son œuvre, il sut recueillir en bonne partie les fonds nécessaires à cette fin.

 L’abbé Antoine Firmin Dumas est né à Orange le 27 juillet 1822. Ses parents étaient de condition modeste selon le monde, « mais riches en honnêteté et en piété chrétienne ». « son oncle vénéré, prêtre d’un zèle remarquable, l’initia de bonne heure à la vie ecclésiastique et lui ménagea son entrée au petit séminaire de Sainte-Garde », c’est ainsi que le 3 septembre 1848, il était ordonné prêtre à Avignon avec 16 autres compagnons. Belle moisson !

Après son ordination, il fut d’abord vicaire à Visan, puis à Camaret en 1851. Il y demeura ensuite comme recteur, à partir de 1866, succédant à M. Gay. Il fut ensuite transféré à Notre-Dame de l’Observance à Carpentras où il ne demeura que quatre années, puisqu’en 1876 il était transféré comme curé-doyen de Saint-Pierre dans Avignon. Il est décédé le 22 février 1903.

« Nature d’une activité dévorante (… il ) fut l’un de ceux qui connaissent la valeur du temps et lui font produire toute l’utilité possible. », le chroniqueur ajoute, rendant hommage à son sens de la charité pour les plus pauvres « nulle infortune ne venait frapper inutilement à la porte de son presbytère ».

Il était chanoine honoraire d’Avignon et de Notre-Dame de Lorette.

Bénédiction de la nouvelle chapelle Saint-Michel du Petit-Séminaire, le 19 mars 1922

La première pierre avait été posée le 19 mars 1914, et huit ans après, la Première Guerre Mondiale étant passée par là, enfin, la bénédiction peut avoir lieu.

« A neuf heures, sous le portique aux baies ogivales, le cortège se met en marche ; Mgr l’Archevêque est entouré de ses vicaires généraux , (MM. Estellon, Lucquin et Peyron), et les deux Séminaires, avec leurs professeurs, composent le cortège. Ne convenait-il pas que toute la jeunesse ecclésiastique du Diocèse fût conviée à cette fête familiale ? »

Au cours de son allocution, s’adressant aux séminaristes, Mgr Latty les exhortait à ne jamais oublier sur quelle base ils doivent édifier leurs vertus intérieures : « il y a huit ans, quand je bénis la première pierre, à a place du maître-autel actuel, se dressait une croix de verdure et de fleurs ; mais au pied de la croix, je fis déposer un modeste bouquet de violettes, symbole de l’humilité base de tout l’édifice spirituel. Et pour que le symbole persévérât, ces violettes furent enfermée dans le tube que l’on scella à la base de la chapelle ».

Au cours de cette cérémonie, les abbés Vasse, Imbart (on le reconnait sur la photo, sous l’arche à droite) et Audibert reçurent la tonsure qui en fit des clercs. « c’était à l’intime de l’âme comme la reproduction de la bénédiction d’une chapelle : même prise de possession d’un temple consacré à la gloire de Dieu, avec le même apparat joyeux, au chant des psaumes ».

Photo du jour de l’inauguration de la chapelle en 1922


Au centre, Mgr Latty, avec immédiatement derrière lui, le chanoine Bertrand, supérieur du Petit-Séminaire.
De chaque côté de l’Archevêque, à droite sur la photo, M. Lucquin, et à gauche M. Estellon et juste à ses côtés, derrière, M. Peyron.
Entre le chanoine Bertrand et M. Lucquin, avec des lunettes, le chanoine Ripert, chancelier.

 

  • Prochainement, avec la fin du classement du fonds du Petit-Séminaire, un article plus développé y sera consacré. J’en profite pour faire un appel à contribution, en particulier pour des photos des lieux, des activités, des personnes.

Retour de mission du père Robert Pourraz, mars 1972

Le Bulletin Religieux du Diocèse d’Avignon du 5 mars 1972 annonce « le père Pourraz est arrivé chez nous » , et de poursuivre « Dimanche, un Boeing 727 perçait le brouillard parisien ; et nous arrivait en bonne forme, amaigri, le visage cuivré, Irmao Roberto Pourraz, comme on aime l’appeler. ».

Robert Emile Pourraz est né le 8 août 1927 à Valréas et fut ordonné prêtre à Avignon en la Basilique Métropolitaine de Notre-Dame-des-Doms le 20 décembre 1952, avec Raoul Arnaud, Henri Laurent et Raymond Doumas. Vicaire pendant 10 ans à Cavaillon, il a laissé un souvenir dans les mémoires et les cœurs. En 1963, il devient vicaire au Sacré-Cœur où il reste jusqu’en 1967. Il part alors une première fois comme prêtre Fidei Donum à Sao Luis de Maranaho. Il y restera jusqu’en 1979. Alors, après un séjour à Paris, il rentre brièvement dans le diocèse, avant de repartir comme Fidei Donum à Cayenne en 1986, puis à la Réunion en 1990. Rentré définitivement en France en 1999, il entre à la Villa Béthanie en 2003 où il décédera le 16 août 2006.

  • Malheureusement, je n’ai aucune photo du père Pourraz aux Archives.
    A vos albums ! toute contribution sera bienvenue.

Son séjour au Brésil l’a marqué, il en a écrit un livre La force des pauvres, communautés chrétiennes au Brésil (Le Cerf,1980). Lors de son séjour en France en 1972 : « notre pays lui semble sérieux, âgé, vieux, alors que la joie et la multitude d’enfants sont de règle au Brésil ». Et sa présence au milieu des chrétiens du diocèse d’Avignon apporte « une grâce de renouvellement à tous qui l’approchent comme dimanche, à la journée diocésaine sur la Justice dans le monde ».

 

Abbé Bruno GERTHOUX
Archiviste

 

Nouvelle évangélisation> Changer !

Laissons-nous inspirer par un guide pratique pour des paroisses transformées.

🖌Ce mois-ci, je viens vous partager mes notes de lecture.

Le livre, qui s’appelle « CHANGER - Guide pratique et passionné pour des paroisses transformées" est écrit par un collectif de prêtres et de laïcs et préfacé par Monseigneur Rougé.

Plus qu’un simple livre, nous avons là un guide pratique, le fruit de l’expérience d’un groupe de prêtres et de laïcs. 

Au départ, une formation sur la gouvernance pastorale, pour une quinzaine de prêtres du diocèse de Toulon. Cette formation deviendra le parcours « Pasteurs selon mon coeur ».

Puis un voyage à l’autre bout du monde dont le père Lionel Dalle écrira « On dit qu’on va au bout du monde pour se retrouver soi-même. C’est un peu ce qui nous est arrivé. Ce déplacement géographique, sans doute nécessaire pour provoquer en nous un déplacement intérieur, nous a finalement renvoyés à notre propre tradition catholique, dont nous avons redécouvert différents aspects : c’est parfois ce que l’on a sous les yeux que l’on ne voit plus… »

La première partie du guide est consacrée aux enjeux de la transformation pastorale (principes et fondements).

Le chapitre 3, « une conversion intérieure », évoque, dans la partie « comment faire » la pyramide de Lencioni, consultant américain catholique qui a mis en lumière les 5 dysfonctionnements d’une équipe, à partir de l’expérience du terrain. A chaque dysfonctionnement correspond un bon fonctionnement qu’il convient d’adopter. Le niveau supérieur ne peut être élaboré que si le niveau inférieur est consolidé.

Le niveau 2 propose l’utilisation des outils de la communication non-violente (CNV) : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » Ps 84

Au chapitre 7, est évoqué l’expérience de FORME, une initiative qui propose à chaque bénévole de découvrir qu’il est une « merveille unique » et que chacun d’entre nous doit pouvoir trouver le service où la mission qui lui procurera un véritable épanouissement personnel dans le Christ.

Le chapitre 8, rédigé par le père Lionel Dalle, est consacré au défi de passer de disciple-serviteur à disciple-missionnaire - un défi pour nos paroisses, et il y a plusieurs raisons pour cela : un reste de la théologie de l’enfouissement des années 70, un peu "pour vivre heureux, vivons cachés ».
Alors, comment engendrer des missionnaires en paroisse ? Si l’on veut que les fidèles de nos paroisses deviennent des missionnaires, il est nécessaire de les accompagner. Avant tout un accompagnement d’ordre pratique pour 

Retrouver la source profonde de la mission : 

  • notre expérience de l’amour de Dieu 
  • l’amour des personnes 

Apporter une réponse aux objections intellectuelles à la mission, et de là sont traitées ensuite 

  • première idée fausse : le témoignage de vie suffit 
  • deuxième idée fausse : Dieu n’a pas besoin de nous, il suffit de prier
  • troisième idée fausse : cela ne sert à rien, les gens ne changeront jamais
  • quatrième idée fausse : l’évangélisation, c’est du prosélytisme 

Apprendre à annoncer le kérygme

  • travailler son témoignage
  • faire l’expérience de l’annonce directe 
  • un école de la mission

À la fin du livre, vous trouverez une bibliographie📚, et surtout une foire aux questions, puis quelques annexes avec des outils de connaissance de soi, des exemples de lettres de mission, un exemple d’organigramme, et enfin un petit mot sur chacun des auteurs.

Vous pouvez commander le livre chez Librairie Clément 6 : CHANGER, Editions de l’Emmanuel.

Véronique MARGUET

Patrimoine> Carpentras : le Saint Mors, c’est un clou ? Non c’est Le Clou !

Pénétrez dans l’ancienne cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras par le portail central. Traversez la longue nef. Au transept, entrez à gauche dans la chapelle du Saint Clou ou du Saint Mors. Sur le côté, une solide grille donnant sur une obscurité presque totale attire l’attention. La minuterie fait surgir de la nuit un petit oratoire et un autel néo-gothique de marbre blanc sur lequel est gravé un mors de cheval dans une étoile dorée à huit branches.

Pour les non-cavaliers, un mors est la pièce métallique en quatre morceaux articulés tenant les rênes, que l’on place dans la gueule de son cheval pour le guider.

Sur l’autel s’élève un haut reliquaire néo-gothique de marbre blanc en forme de chapelle dont la porte ouverte dévoile une magnifique « monstrance » en bronze doré où brille le Saint Mors !

Un moment de surprise vous laisse silencieux : quel rapport avec le Saint Clou de la Crucifixion ? Un petit saut dans le temps : nous sommes en 326, le concile de Nicée vient de se clôturer, l’empereur Constantin réside désormais dans sa nouvelle capitale Constantinople. Il vient d’ordonner des fouilles à Jérusalem sous le temple de Vénus qui avait été construit sur le Golgotha à l’emplacement même du supplice de Jésus pour empêcher ses fidèles d’y venir en pèlerinage. Hélène, l’impératrice mère, vient d’arriver pour superviser le bon déroulement des travaux. Justement, sous le temple, on vient de mettre au jour une ancienne citerne comblée avec d’innombrables croix de supplice, objets impurs que l’on ne pouvait réemployer et que l’on jetait là après usage. Hélène fait rechercher parmi les plus anciennes celles qui sont intactes. Trois répondront à ces critères. Une femme malade guérit en touchant l’une d’elles : ce sera la « Vraie Croix. » On trouve aussi trois clous : un pour chaque main et un seul pour les deux pieds cloués l’un sur l’autre.

Aussitôt ces reliques insignes prennent sous bonne garde le chemin de Constantinople. Hélène fait prélever de très nombreux minuscules fragments de la Croix qu’elle fait insérer dans des morceaux de bois ordinaire plus grands : reliques envoyées dans les grands centres spirituels de la Chrétienté. Ce seront les très nombreuses « vraies croix » que l’on peut voir et vénérer dans de très nombreux endroits en France et en Europe. Elle fait de même avec les Saints Clous dont de minuscules fragments sont insérés dans de grands clous ou de grandes lances qui deviennent autant de reliques de « Vrais Saints Clous » et de « Vraies Saintes Lances ». Aujourd’hui, les études scientifiques de ces reliques ont permis de comprendre comment on « faisait » une relique à l’époque et d’expliquer ainsi que rien qu’en France, il existe des « Vraies Croix » à Nancy, Bonifacio, Toulouse, Pontpierre, Baugé, Poitiers, Sarcelles, Saint-Guilhem-le-Désert, à Reims dans le Talisman de Charlemagne, Tarascon, Moulins, Partenay… Quant aux clous, Paris et Toul en ont dans leur trésor, et Carpentras et Milan ont tous les deux des Saint Mors…

Sur les Saints Clous, Hélène en prélèvera quelques limailles qu’elle insérera dans le casque, le bouclier et le fameux Saints Mors du cheval de son fils l’Empereur Constantin. Ces reliques sont attestées depuis son règne par Eusèbe, évêque de Césarée en Palestine et familier de Constantin qui en rédigera la biographie et écrivant au passage l’histoire de la Vraie Croix et des Saints Clous.

À Saint-Siffrein, deux tableaux retracent leur arrivée à Constantinople et la remise du fameux Mors à son fils Constantin par Hélène. Le premier tableau, immense, se trouve dans le choeur côté droit sous la tribune. L’impératrice Hélène, couronne d’or sur la tête, est accoudée sur une table avec son fils Constantin, le front ceint des lauriers de la victoire, un petit serviteur à ses côtés tient son casque, tandis que son écuyer maintient son cheval. Au-dessus, sur un nuage, deux anges et deux angelots présentent la Vraie Croix.

 

Quant au second tableau, je ne me souviens plus dans quelle chapelle il se trouve : cela vous fera un petit jeu pour vos enfants à qui vous proposerez de le retrouver. La composition en est semblable : devant trois suivantes et un petit page qui porte une aiguière de rafraîchissements, l’impératrice couronnée tire d’un secrétaire le Saint-Mors que Constantin saisit, un garçonnet porte son casque relique, l’écuyer tient toujours le cheval, et sur le nuage trois angelots : l’un porte la Croix, un autre la couronne de laurier, et le troisième le bouclier dont le décor est le Chrisme – monogramme du Christ. Constantin l’avait fait broder sur son étendard pour avoir Dieu de son côté. De fait, à la bataille du Pont-Milvius, il vainquit ses rivaux, gagnant ainsi le trône impérial. Ce second tableau est plus complet, car il unit le monogramme du Christ et les reliques du Christ : cette iconographie souligne que cet Empereur était bien l’élu de Dieu et le soutien de l’Église.

 

En 1204, au cours de la quatrième croisade, Constantinople est pillée par les croisés, de nombreuses reliques – dont notre Saint Mors – sont ramenées en Europe. 22 ans après, en 1226, on le retrouve à Carpentras où l’évêque l’intègre dans son blason.

Chaque 27 novembre -jour de la saint Siffrein -, il est exposé sur l’autel à la dévotion des fidèles : « Ceux qui la vénèrent perçoivent une présence. Ils s’assoient et la contemplent », témoigne le père Gabriel, curé de la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras.

Et c’est bien là le véritable intérêt des reliques : de simples objets, supports de la prière… le corps, les sens, sont convoqués pour la prière en auxiliaire de l’esprit et du coeur car l’Homme est à la fois corps et esprit.

Naguère, depuis le XVIe siècle, cette « monstrance » se faisait sur le balcon côté droit de la nef :

La renommée de la relique est telle, qu’il figure toujours sur le blason de la ville de Carpentras :

François-Marie LEGOEUIL