En mission deux par deux

1er mai 2023

Julien-Paul Sobas est prêtre du diocèse d’Avignon depuis 2015 et recteur du séminaire Redemptoris Mater à Sorgues. Il fait partie du Chemin néocatéchuménal, dont la spiritualité est de découvrir ou d’approfondir la foi afin de vivre le Baptême et d’essayer de devenir un chrétien adulte ; c’est un chemin qui se vit en petites communautés.

Durant l’été 2018, père Julien-Paul a vécu une expérience extraordinaire : "Cet été-là, 400 frères du Chemin Néocatéchuménal –des prêtres mais aussi des laïcs, des séminaristes- ont été convoqués pour être envoyés en mission deux par deux dans tous les départements du sud de la France, pour vivre une expérience de mission, en étant envoyés sans argent, sans téléphone, sans vêtement de rechange, sans nourriture ni contact sur place, abandonnés à Dieu pour évangéliser, pour être ses instruments pendant une semaine. Avant d’être envoyés, on a vécu 4 jours de « convivance » : 4 jours où on se retrouve, où on est nourri par la Parole de Dieu, la prédication, la célébration de la réconciliation, par la joie d’être ensemble ; on a ensuite tiré au sort les binômes, les lieux de destination de chacun. Moi, j’ai été déposé à Saint Flour avec un père de famille qui s’appelle Charles-Emmanuel et là ça a commencé !"
 

Abandonnés à Dieu pour évangéliser, ils parlent à toutes les personnes qu’ils croisent.

« Rapidement, on a vraiment vu des personnes qui se sont ouvertes, en grande souffrance. Une des premières personnes qui nous a parlé est un jeune de 25 ans qui s’était tiré une flèche d’arbalète pour se suicider ; il a trouvé quelqu’un qui l’écoutait et qui donnait aussi une réponse : on est là pour dire notre expérience, car on est autant blessé que cet homme-là. Moi, si dans ma vie, je n’avais pas eu une Bonne Nouvelle, j’aurais pu me suicider parce que la vie est dure.
A partir de 19h on commençait à se demander où on allait dormir ; on regarde le mur qui se trouvait en face et sur ce mur une flèche bleue, puis en prenant cette direction, une seconde flèche puis une troisième et on tombe sur le monastère de la Visitation. On a été reçu par celle que je croyais être la Supérieure et on lui a fait l’annonce du kérygme de la Bonne Nouvelle car on était là pour tous."

En écoutant cette annonce, elle s’est profondément courbée puis, après l’annonce, elle nous a regardé dans les yeux en disant : "Vous êtes des envoyés de Dieu,

vous avez une chambre à disposition tout le temps de votre mission, tout comme les repas.« Pour elle, on était les envoyés de Dieu car on répondait à une prière de demande qu’elle avait depuis longtemps. » 
Pour autant, ils ne resteront pas là tout le temps, le Seigneur leur ouvrant d’autres portes chez des personnes inconnues, ou dormant dans un four à pain dans un hameau de 15 habitants.
A Aurillac, un jour, Julien-Paul est allé frapper au Nom de Jésus-Christ, et voyant que toutes les portes se fermaient dans cette ville, les voilà partis en stop pour Murat. « Là, l’annonce a été bien accueillie. On a vu la Providence de Dieu tout le temps, même dans le manque comme la nuit où nous avons dormi dehors : ce fut un honneur de le faire pour Jésus le Christ."

On n’a fait qu’évangéliser, et Dieu nous a donné l’hébergement et la nourriture.

On est tous revenus le même jour : c’était impressionnant de voir comment tous on avait le sourire ; on n’avait même pas besoin de parler : on regardait le visage de l’autre et on vivait la communion ; les jeunes ont vu revenir leurs parents contents comme jamais et ils demandaient quand eux-mêmes pourraient vivre une telle expérience. Et puis, la prière a été fondamentale pour notre envoi et tout au long de la mission : j’étais là pour faire ce que Jésus me disait de faire, et non pour m’annoncer moi-même. On nous a enlevé tout le superflu pour que nous n’ayons plus qu’à écouter sa volonté."

Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le Taire » sur RCF Vaucluse

par Sylvie Testud