« Faire Carême  » ou « rester libre » ?

15 février 2024

Dimanche 18 février 2024 
1er Dimanche de Carême

D’après un article de Pierre Vivarès, 
paru le 14 février 2024 sur www.aleteia.org

« Faire Carême », et puis quoi encore ?! Les événements du monde ne sont-ils pas déjà suffisamment pesants pour qu’en plus on ne s’ajoute pas des contraintes, des renoncements ou des sacrifices ?!

C’est la question de la liberté qui est ici en jeu... Sommes-nous seulement les jouets du monde qui s’agite autour de nous, ou bien sommes-nous encore capables de garder ou reprendre la main ?

Regardons le martyr. Il est dépossédé de tout, parfois lors d’un procès inique. Il est accusé parce qu’il croit ou parce qu’il est juste fidèle aux principes de sa foi avec sa seule conscience. On lui propose parfois d’abjurer, de renoncer ou de trahir, ce qui lui assurerait la vie et le confort. Il est souvent condamné à une mort douloureuse, seul contre tous. Et pourtant il garde encore sa liberté intérieure, sa capacité à être fidèle en paroles et en actes malgré tous les événements qui se déchaînent autour de lui. Il garde la main comme le Christ dans sa Passion garde la main : Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne (Jn 10,18). Jusqu’au bout de sa Passion, le Christ manifeste une souveraine liberté qui n’est pas qu’une pauvre liberté de mouvement mais la seule vraie liberté qui est d’obéir au Père. 

Nous sommes loin du martyre, loin d’être aliénés entre les mains d’un pouvoir tyrannique qui veut nous éliminer, loin de la Passion du Christ et nous renoncerions en raison de la difficulté des temps à poser des actes libres de conversion ? 

Entrer dans le Carême n’est pas juste suivre un mouvement ecclésial de conversion avec quelques étapes marquées par des cendres et du poisson, un chocolat en moins et un chèque à des œuvres. Il s’agit de retrouver la liberté intérieure d’un martyr ou du Christ lesquels, malgré l’oppression des événements, régissent leurs vies en maîtres (...) Le temps du Carême n’est pas seulement un temps du « faire », c’est le temps de la liberté intérieure retrouvée qui conduit à une libération intégrale de notre corps, de notre esprit et de notre âme.

En ce début du Carême, le premier constat est de savoir comment notre liberté est diminuée, non par des circonstances extérieures mais par la routine des jours, la lâcheté de nos actes, les influences du monde. Et ensuite de savoir demander à Dieu sa grâce pour nous libérer. C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés (Ga 5,1). Le Christ a fait tout le travail, il nous demande juste d’œuvrer avec lui à cette libération acquise au prix de son sang.