Homélie de Mgr Fonlupt - Vigile Pascale 2024

1er avril 2024

« Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? »

Nous sommes rassemblés ce soir, au cœur de la nuit parce que nous sommes habités par cette question formulée par ces hommes en vêtements éblouissants qui accueillent les femmes qui se rendent au tombeau où Jésus a été déposé.

Habités, parce qu’il y a en nous une soif de vivre, et nous ne pouvons pas nous satisfaire que celle-ci soit étouffée par la souffrance, la violence, la mort, l’absence de perspective ou d’horizon.
Au cœur de la complexité et de la dureté de nos existences et de notre monde, qu’est ce qui pourrait donner pleinement sens à nos vies, leur ouvrir un horizon ?

Nous savons ces lieux où la paix est désespérément attendue, où la violence et le mal prennent le dessus.
Nous savons ces lieux où la place des plus fragiles est interrogée quand la vie dépend de la présence, de l’attention de chacun, de la relation maintenue, de l’espérance signifiée ?
(À Lourdes, la semaine dernière, évêques, nous avons rappelé notre grande inquiétude et nos profondes réserves à l’égard du projet de loi annoncé sur la fin de vie. Nous avons redit que toute vie humaine mérite d’être inconditionnellement respectée et accompagnée, du début jusqu’à la fin, avec respect et fraternité.)
Nous savons quand les difficultés du quotidien nous marquent, que les liens sont fragiles, que tout simplement le sens de notre existence est interrogé.
Qu’est ce qui pourrait bien ouvrir un horizon à nos vies alors que tant de manières elles sont fragilisées ?

Ces questions, sont les nôtres, celles de notre société et de notre humanité, en tant de lieux où la vie est blessée lourdement.

Ce soir nous sommes sortis, pour nous rassembler, pour accueillir la lumière, pour faire mémoire de la longue histoire de notre humanité, accompagnée par la bienveillance de notre Dieu. Et nous avons pris le temps, comme les anciens au coin du feu, d’écouter cette parole qui nous rappelle que le souffle de Dieu est à l’origine de la vie de notre terre, de la vie de l’homme ; et que cela est bon. Qui nous redit que Le Seigneur, voyant la misère de son peuple s’est engagé pour le faire sortir, le libérer, lui ouvrir un chemin de vie. Nous sommes venus pour réaccueillir la grande tendresse de ce Dieu qui veut rassembler son peuple. Pour nous tenir dans cette confiance qu’il est notre Dieu, un Dieu dont la parole est fidèle, solide, et qui ne lui revient pas sans avoir porté de fruit. Fidèle au point d’arracher son Fils aux liens de la mort et de lui donner de se manifester Vivant.

Nous sommes venus, élargis de la présence de visages nouveaux : Gwenaëlle, Isaac, Iasmine et May-Line, les catéchumènes de nos paroisses reliés aux nombreux catéchumènes du diocèse et de notre Église. Eux aussi se sont laissés travailler par les questions de leur vie et ont demandé à l’Église de les accompagner vers le baptême.
C’est que nous célébrons ce soir, tout particulièrement avec eux, réaccueillant la force de la parole de Paul. Par le baptême nous sommes unis au Christ dans sa mort, pour que nous menions une vie nouvelle comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts.
Et nous voilà invités ensemble à goûter à la puissance de cet événement. Nous voilà avec les femmes au tombeau invités à laisser se creuser en nous l’espace de cette parole : « Ne cherchez pas le Vivant parmi les morts. Il n’est pas ici. Il est ressuscité. »

Oui, fidèle à la promesse de nous rassembler en sa tendresse le Seigneur l’accomplit et nous proclamons en cette nuit sa réalisation. Notre Dieu ne cesse pas - maintenant encore - de faire resplendir ses merveilles d’autrefois, Il assure le salut de toutes les nations et celui de chacune et chacun d’entre-nous en le faisant renaître par les eaux du baptême.

Cette grande nouvelle est pour nous tous, elle l’est particulièrement pour vous aujourd’hui : Gwenaëlle, Isaac, Iasmine et May-Line et tous les catéchumènes que l’Église accueille.
Pour vous qui, par le baptême, allez être unis au Christ Jésus. Unis à sa mort, mis au tombeau avec lui, pour mener une vie nouvelle.
En vous accompagnant dans l’accueil de ce don, vous nous donnez à tous de nous rappeler ce que nous avons reçu, et qui nous fait vivre.
Seigneur… comble les de ta vie, et ravive-en eux et en ton Église l’Esprit qui fait de nous des fils.

Avec eux, avec tous les baptisés de Pâques,
Ce soir, en cette nuit, c’est la même interpellation qui nous est adressée :
Ne cherchons pas parmi ce qui entraîne vers la mort Celui qui est le Vivant.
Cherchons-le plutôt dans les renouvellements de vos vies et de la vie des hommes.

Rappelons-nous sa Parole.
Rappelons-nous le don de sa vie…

Accueillons-le renouvelé, et annonçons-le.

Amen

+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon