Homélie de la fête de l’Assomption : Se laisser transformer concrètement

20 août 2023

Homélie prononcée par le père Charles-Bernard Savoldelli, vicaire général, en la basilique Métropolitaine Notre-Dame-des-Doms et de tout pouvoir, pour la Solennité de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie, le 15 août 2023.

Certains de nos contemporains, et peut-être nous avec, sont peut-être très sensibles et très intéressés par ce qu’on appelle aujourd’hui : le développement personnel.

Cette recherche légitime d’épanouissement, de bonheur, trouve tout son sens et toute sa réalisation dans la fête de l’Assomption de la très sainte Vierge Marie que nous célébrons solennellement aujourd’hui.

En effet, en cette fête du 15 août., nous contemplons la glorification par Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, nous célébrons l’exaltation de l’âme et du corps de Marie, la nouvelle Eve. Et même si Marie est le chef d’œuvre de la création, il n’en reste pas moins qu’elle est une créature terrestre limitée, comme chacun de nous.

“L’Assomption de la Sainte Vierge est une participation singulière à la résurrection de son fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens.” dit le catéchisme.

Nous sommes faits, nous sommes appelés à connaître et à vivre le même chemin, le même développement que Marie ; et ce chemin est bien sûr personnel. Il revient à chacun de nous de faire une synthèse en nous appuyant sur la foi et la sagesse de l’Eglise et l’œuvre de la grâce sacramentelle.

Il n’est donc pas étonnant que chacun de nous aspire et désire atteindre ce développement personnel. Mais nous le savons, cela ne s’acquiert pas par des techniques de respiration orientale, par exemple. Même s’il est bon de savoir respirer, et même si l’Orient porte des trésors de sagesse ancestrale.

En regardant ce mystère de l’Assomption, l’Église nous invite et nous appelle à vivre une lente transformation pour être saint comme Dieu est Saint, pour devenir comme Marie, Saint et Immaculé et connaître ainsi la gloire des enfants de Dieu.

Cette fête de l’Assomption nous indique ce à quoi toute l’humanité aspire ! Non pas un corps augmenté, mais à l’unification de tout être, et de tout l’être : Corps, âme et esprit. Tous et toutes sont appelés à chanter et louer avec la cour céleste les merveilles que le Créateur fait pour chacun. Tous sont appelés à s’émerveiller de l’amour fou de Jésus révélé au plus haut point par son cœur ouvert sur la croix. Tous sont appelés à recevoir dans la puissance de l’Esprit Saint, dans cette puissance de vie, la résurrection, la glorification de leur corps.

Marie a été la première créature à en bénéficier et à recevoir cette vie en plénitude. Chaque baptisé, s’il croit, s’il espère, et si il aime en esprit et en vérité, s’il cherche à développer toutes ces vertus, chacune et chacun connaîtra cette transformation et cette glorification.

Nous pouvons alors nous poser cette question : Comment développer cette transformation dans le concret de nos vies ?

Nous avons dans le récit de l’Evangile d’aujourd’hui, plusieurs aspects ou nous voyons comment l’œuvre de l’Esprit Saint agit par Marie et en Marie. Il y a la joie de croire en l’œuvre de Dieu que Marie exprime dans son magnificat. Il y a sa confiance et sa détermination suite à l’annonce de l’ange. Il y a l’empressement avec laquelle elle part visiter sa cousine.

Mais je voudrais ce matin porter notre regard sur la salutation de Marie à sa cousine Élisabeth. Comment cette salutation de Marie a-t-elle provoqué le tressaillement de l’enfant en sa cousine ? Quels ont été ses mots, son attitude ?

L’évangéliste saint Luc ne nous dit rien explicitement : pas une expression sur cette salutation. Nous pouvons le regretter. Mais nous voyons quand même les conséquences de cette salutation : “L’enfant tressaillit en elle.”

Si nous ne connaissons pas les mots de cette salutation, nous pouvons imaginer le regard et le sourire de Marie. Nous le savons en effet, dans le langage, il y a les paroles, le verbal, mais aussi les gestes, les comportements, le non verbal. Et nous le savons, cela a autant, voire plus d’importance encore que des paroles prononcées. Nous pouvons alors assez bien imaginer que Marie visitée par l’Esprit Saint et habitée par le Verbe fait chair soit rayonnante de la gloire de Dieu qui l’habite. Elle n’avait sans doute pas besoin de dire grand chose ! Son être, sa personne à travers son regard et son sourire communiquaient d’eux-mêmes ?!

Cette transformation, cette glorification peut également se réaliser concrètement dans nos vies, par nos regards et nos sourires. Mais nous le savons, même là, l’ambiguïté et le mensonge peuvent s’immiscer. Le manque de chasteté par un regard possessif ou qui veut capter, par un sourire séducteur, peut fausser ou détourner, peut abîmer ou déformer.

Le regard de Marie, le sourire de Marie étaient tellement simples, tellement détachés sans rien attendre sans possession ou désir de prendre pour soi, ce regard, ce sourire de Marie dans cette salutation ont provoqué chez Élisabeth une résonance profonde. Elle a été rejointe dans le plus profond de son être de femme, un appel à la vie : le tressaillement de l’enfant.

Alors oui, en cette fête de l’Assomption où toute la personne est appelée à être glorifiée, corps, âme et esprit, que cette fête puisse déjà se réaliser dans nos vies en paroles, par des paroles de bénédiction, des paroles positives, bienveillantes. Mais aussi par des regards et des sourires empreints de la même lumière, de la même grâce qui habitait notre mère lorsqu’elle a salué sa cousine. Que nos corps, que nos visages soient déjà la manifestation de la gloire qui nous attend au ciel. Demandons cette grâce en ce jour.