Homélie de la messe chrismale 2011

2 mai 2011
"Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur"
Aujourd’hui s’accomplit cette parole du Seigneur, nous en sommes les témoins et nous avons mission de proclamer cette bonne nouvelle à tous nos frères.

Comment porter la Bonne Nouvelle aux pauvres sans d’abord nous désapproprier de nous-mêmes et découvrir comment la grande affaire de notre vie est de devenir des pauvres à l’image de Jésus et en lui, pour recevoir tout de notre Père du ciel d’instant en instant. Mais en même temps, comment parler de Bonne Nouvelle à un pauvre sans d’abord devenir son prochain et tout mettre en œuvre dans l’amour pour lui permettre de sortir de sa misère, de sa pauvreté et de retrouver sa dignité d’homme et de personne.

Comment annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres sans d’abord découvrir nous-mêmes toutes les chaînes qui sont les nôtres et demander au Seigneur qu’il fasse tomber nos chaînes et nous libère de toutes nos entraves. La véritable liberté est à ce prix, elle est la liberté que seul le Christ peut nous donner en se donnant à nous. Elle sera le fruit de sa Croix. Alors, et alors seulement, nous pourrons annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, non pas pour faire ce qu’ils veulent, mais libres de prendre en main leur vie pour trouver leur vraie dignité dans le Christ, lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Comment annoncer aux aveugles qu’ils verront la lumière sans d’abord découvrir combien nous sommes tous atteints d’une étrange maladie des yeux. Nous avons une acuité extraordinaire pour voir les défauts de nos frères et nous sommes incapables de voir la poutre qui obscurcit notre regard. Mais heureusement, comme autrefois à Bartimée, l’aveugle de Jéricho, Jésus nous dit : "Que veux-tu que je fasse pour toi ?" et avec Bartimée nous pouvons dire à Jésus : "Seigneur, fais que je vois !". Sans attendre, les torrents de la miséricorde divine qui coulent du cœur transpercé de Jésus en Croix viendront comme un collyre guérir nos yeux et les ouvrir à la présence de celui qui fait toutes choses nouvel-les. Alors, nous pourrons nous émerveiller de tout ce que le Seigneur fait de beau et de bon à chaque instant en nous et autour de nous. Et nous pourrons, comme les premiers disciples, proclamer les merveilles de Dieu à tous nos frères.

Comment pourrons-nous annoncer aux opprimés la libération sans d’abord avoir reçu du Seigneur dans la puissance de l’Esprit Saint la libération de tout ce qui nous opprime nous-mêmes. Oui, nous le savons bien, nous sommes terriblement malheureux, nous ne faisons pas le bien que nous voudrions et nous faisons le mal que nous ne voulons pas. Or, le seul qui puisse nous libérer de tous nos esclavages est le Christ qui, élevé de terre, nous attire tous à lui. Il s’est chargé de toutes nos maladies, il a pris sur lui tous nos esclavages et par le sang de sa Croix, il nous libère de tous nos esclavages et nous rend la vie, cette vie d’enfant de Dieu pour laquelle nous avons été voulus par le Père de toute éternité. Si nous avons expérimenté dans notre propre vie cette puissance de libération opérée par le Christ, alors et alors seulement nous pourrons humblement témoigner que nous sommes des pécheurs pardonnés, libérés dans le Christ et désormais en chemin vers la vraie liberté, celle des enfants de Dieu conduits par l’Esprit Saint. Alors nous pourrons apporter à tous les opprimés de la terre la libération véritable.

Il nous restera encore à annoncer une année de bienfaits de la part du Seigneur et cette année, elle est pour aujourd’hui, car les fleuves d’eaux vives continuent de jaillir du cœur de Jésus pour donner la vie partout où ils se répandent. L’Esprit Saint a été répandu sur le monde pour organiser une nouvelle création dont nous sommes les serviteurs, les intendants.
Bien sûr, nous sommes complètement dépassés par une telle mission, et nous pouvons même affirmer qu’il s’agit là de la première condition pour accomplir cette mission. L’humilité sera même indispensable pour réussir notre mission. Nous sommes des vases d’argile, et en même temps nous portons en nous un trésor sans prix qui se développe au fur et à mesure que nous le donnons, que nous le partageons.

Cette nouvelle création exige aussi que nous nous laissions envahir par l’Amour, cet Amour qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, qui nous a été donné et qui nous fait fils dans le fils.
Mais nous devons apprendre à faire taire toute critique, tout jugement pour vivre d’amour dans le Christ ; oui, c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples.
Alors nous deviendrons pleinement les serviteurs, les intendants de tous les bienfaits du Seigneur. A travers nous, le Christ pourra se faire proche de tous et accueillant à tous, il pourra laisser déborder l’amour de son cœur à travers toutes les œuvres de sa miséricorde, à travers tous les sacrements dont nous sommes les ministres comme à travers sa parole que nous livrerons à nos frères.

Dans la grâce de cette messe chrismale, puissions-nous dépasser toutes nos divisions pour laisser briller en chacun de nous la lumière du Christ, l’amour du Christ, la miséricorde du Christ qui est mort pour chacun de nous sur la Croix, qui nous a aimés jusque là. Que le renouvellement des promesses de notre ordination et notre communion au corps du Christ nous unissent les uns aux autres dans l’unique désir de nous tenir sans cesse en présence du Dieu vivant et de brûler d’un zèle jaloux pour le Seigneur.
Que cette messe soit le signe de l’unité de l’Église qui s’enracine dans l’unique sacrifice de la Croix. Au moment où nous nous apprêtons à célébrer le 9e centenaire de la consécration de notre Église cathédrale, la Métropole Notre-Dame des Doms, demandons à Notre-Dame de Tout Pouvoir d’accomplir en nous ce qui dépasse nos forces humaines et de nous donner d’avoir part à sa fécondité de grâce pour l’Église.

Amen.