Homélie du Père Doumas

16 février 2022

Ce texte d’évangile a une allure sévère. On a même le sentiment que Jésus est en colère. En effet, cette opposition heureux les pauvres / malheureux les riches a quelque chose de brutal. Spontanément on préfère les « béatitudes » qui nous sont transmises par l’évangile de saint Matthieu. Où il est dit : « heureux les doux, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs … »

Mais on aurait tort de choisir un texte plutôt que l’autre. Car, ce texte de saint Luc est en fait une invitation, une interpellation. Jésus nous dit : « Choisis ta route ! Choisis ta vie ! »

Jésus appelle au bonheur, au vrai bonheur. C’est à dire à un bonheur qui n’a pas, nécessairement, les apparences du bonheur. Souvent, nous les hommes, nous identifions le bonheur à la réussite, c’est à dire à la richesse ou à la célébrité. Certains identifient même le bonheur à ce pouvoir du rire, par lequel on s’autorise tous les irrespects et le mépris. La télévision et les radios en sont tellement remplis qu’on pourrait appeler ce bonheur le bonheur « médiatique ». Jésus veut nous entraîner vers un autre bonheur. Mais quel est, alors, ce bonheur ? Voyons cela !

Ce bonheur élimine toute idée de compétition ou de rivalité. Ce bonheur recherche la rencontre de l’autre. Ce bonheur sait découvrir les richesses de chacun et il ouvre à l’amour.

Du coup, ce bonheur est à la fois humble et intime. Il est le bonheur du cœur. Il ne s’autorise pas à juger autrui et il sait pardonner. Il construit la justice et la paix. Et tout naturellement ce bonheur conduit à la source du bonheur, qui est Dieu.

Frères et sœurs, je vous le dis sans forfanterie : mon bonheur, c’est Dieu ! Il est ma tendresse et ma certitude. Il est cette joie douce et paisible, qui pénètre mon cœur au plus profond.

Le bonheur n’est pas au delà des mers ou par delà les montagnes. Il n’est pas loin. Il est proche. Il est là, dans ton cœur. Trouve les chemins de ton cœur et tu découvriras le bonheur. Tu n’as pas à l’inventer. Il est présent en toi. Mais, ce n’est pas une chose, comme une boite à trésor. Il n’est pas inerte et immobile. Il est vivant en toi. Et sa vie n’est rien d’autre que l’amour.

Ecoute et tends l’oreille de ton cœur. Et tu percevras comme le murmure d’une source. Elle coule limpide et fraîche, abondante et pure. Tu peux y puiser. Tu peux t’y désaltérer. Tant et tant que tu n’auras plus soif d’une autre eau.

Bien sûr, en parlant de cette eau, je parle notre baptême ! Extérieurement, il n’a été qu’un peu d’eau. Il y a eu les rites et les paroles, et c’était beau ! Mais la beauté du vrai bonheur n’est ni dans ce qui se voit, ni dans ce qui s’entend. La beauté du vrai bonheur est dans cette joie qui habitera ton cœur - si ton cœur s’ouvre, s’il se fait accueillant à l’amour du Seigneur.

On peut recouvrir son cœur d’une argile impénétrable. Alors, aucune eau ne peut y pénétrer et le cœur devient sec. Il est aride, sans fleur ni fruit. Autour de ton cœur, transformé en forteresse, peut- être seras-tu capable de bâtir ce qui a les apparences du bonheur. Mais tu ne seras pas heureux. Car, l’organe du bonheur, c’est le cœur.

Oui, frères et sœurs faisons de notre cœur l’organe du bonheur. Avec ton œil, tu vois. Avec ton oreille, tu entends. Mais, c’est avec ton cœur que tu peux aimer et découvrir le Seigneur ! Ouvre donc ton cœur et dis au Seigneur : « Seigneur, je t’aime. Tu es mon bonheur ! »