Homélie du Père Doumas

26 mai 2022

HOMELIE DU SAMEDI 21 MAI 2022

Au terme de nos rencontres synodales, que d’une manière ou d’une autre nous reproduirons les années prochaines, je voudrais méditer avec vous le récit de l’Annonciation parce que nous sommes au mois de mai, mais aussi parce que Marie est le grand modèle, celle qui a été appelée et qui a pleinement réalisé le projet de Dieu.

« Marie avait été accordée en mariage à Joseph ». A l’évidence, ce mariage, déjà célébré, même s’ils ne vivent pas ensemble, a été le fruit d’une décision mûrement réfléchie. En effet, Joseph et Marie se sont dit leur amour. Ils ont formulé ensemble leur projet de vie. De tout leur être, ils sont prêts à se donner l’un à l’autre. Déjà Marie entrevoit qu’elle sera mère. En effet, le fait qu’elle épouse un homme de la famille de David lui donne l’espérance d’être la mère du fils de David, du Messie, annoncé par les prophètes. Cette espérance, intime, secrète, elle la partage avec Joseph.

Mais voilà que survient le totalement imprévisible. L’ange lui annonce qu’effectivement elle sera la mère du Messie : « Le Seigneur lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la famille de Jacob et son règne n’aura pas de fin. » Mais ce n’est pas pour plus tard, dans l’union avec Joseph, c’est pour tout de suite : « Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. » Et, immédiatement, Marie comprend et pose la question : « Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? » Alors l’ange répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. »

Marie attendait le Messie, Marie s’attendait à être la mère du Messie. Sa foi et son amour pour Dieu lui en avaient donné l’espérance. Mais, maintenant, il ne s’agit plus seulement d’un Messie, « fils de David », si glorieux soit ce titre. L’ange, dans la deuxième partie de l’annonce lui en donne la révélation : « Il sera appelé Fils de Dieu ». L’espérance qui l’animait est soudainement transformée par un imprévisible qui surgit de Dieu. Mais, cet imprévisible, ce « totalement imprévisible » était parfaitement préparé. C’est ce que dit Marie en réponse à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur ». Car, ce « je suis » de Marie exprime sa personne, son être le plus profond et le plus intime, qui se manifeste en elle dans le moment même où son espérance est totalement transformée.

Frères et sœurs, Marie est notre sœur ! En elle, nous lisons ce que nous sommes, si du moins nous laissons retentir en nos cœurs, par delà nos propres représentations, la vocation à laquelle le Seigneur nous appelle. En effet, toute vocation est dans ce passage du « totalement imprévisible » au « parfaitement préparé ».

Oui, préparons-nous à l’imprévisible ! Soyons disponibles aux appels du Seigneur avant même qu’il nous appelle. Car, si nous ne sommes pas disponibles, nous ne répondrons pas à l’appel. Mais, soyons en sûrs, le Seigneur dispose le cœur de celui qu’il appelle. Il a, en effet, parfaitement disposé le cœur de Marie à l’imprévisible de l’incarnation du Fils de Dieu. Avant d’être la Mère du Fils de Dieu, elle a été l’Immaculée Conception. Elle a accueilli le totalement imprévisible de l’incarnation parce qu’elle était parfaitement préparée par sa propre conception immaculée.

Que l’échange fraternel de nos assemblées synodales, nous prépare à vivre l’imprévisible, qu’il soit ferment de vie et de renouveau. Soyons porteurs du Messie, du Fils de Dieu ! Amen.