Homélie du Père Doumas

21 juin 2022

Homélie du dimanche 19 juin 2022

En ce jour de fête où nous célébrons de manière particulière le Corps et le Sang du Seigneur … Dans le passé, c’était la fête du Saint-Sacrement, la Fête Dieu. Avec de grandes processions et les enfants qui jetaient des pétales de fleurs ! En ce jour de fête, je voudrais vous aider à mieux vivre nos célébrations eucharistiques.

La première chose à faire est de s’y préparer ! Ne pas aller à la messe comme on va au restaurant ou au cinéma. Du moins pour le cinéma, on examine le programme ! Avant de venir à l’église, il est bon de lire les textes de la Parole de Dieu. Au moins l’évangile. Cela va faciliter considérablement l’écoute. Et le mieux est, bien sûr, de le lire en couple ! Ces dernières années j’ai proposé des rencontres de formation. Il y a deux ans sur l’évangile de Jean, l’année dernière sur les Actes des Apôtres et cette année sur Saint-Marc. C’était trop difficile ! L’année prochaine je proposerai tous les mercredis un « partage » sur l’évangile du dimanche. Je l’introduirai par quelques remarques techniques et puis nous échangerons librement, en chrétiens, selon le ressenti et les convictions de chacun. Je reviens à la messe !

L’entrée dans l’église est importante. On n’y entre pas comme dans un moulin. Il importe que d’emblée on exprime sa foi. Désormais il y aura une cuve d’eau, qui servira de bénitier. Et chacun pourra prendre le temps de faire le signe de la croix. Ainsi on rappelle son baptême et en regardant l’autel et la croix on dit son désir d’eucharistie. Après, quand on s’est avancé, il est bon de saluer ses frères et ses sœurs. Le papotage est une forme essentielle de la fraternité ! Cependant, il convient que, dès le commencement de la célébration, on se « concentre », que l’on vive la liturgie avec son cœur. Sans oublier la tête ! Nous reprendrons le silence de recueillement après l’introduction liturgique.

Il est important de vivre la cohérence que sont la prière pénitentielle et le Gloire à Dieu. Ils forment un tout. En effet, on se reconnaît pécheur et on accueille la miséricorde de Dieu pour chanter la gloire de Dieu. Chanter la gloire de Dieu, c’est le but. A Pentecôte les disciples proclament « les merveilles de Dieu ». La liturgie d’entrée est conclue par la première des trois oraisons de la messe. Il y aura celle de l’offertoire et celle qui conclut la communion. Il faut que le célébrant fasse l’effort d’être très audible. Il faut, aussi, que la prière elle-même soit compréhensible. Mais, cela implique que l’assemblée soit très attentive à ce qui est dit et que ce qui est entendu devienne pour elle prière. C’est à chacun de le vivre ! Il faut faire effort d’attention et d’intériorité.

Pour la liturgie de la Parole, nous essayons, ici à Courthézon, de faciliter l’écoute et la compréhension. Il y a une brève introduction aux lectures et un refrain chanté. Mais souvent les textes sont difficiles et le prêtre ne peut commenter que l’évangile. L’homélie est imprimée au dos de la feuille paroissiale. Elle est disponible, aussi, par internet. N’hésitez pas à réagir ! L’année prochaine je solliciterai des laïcs, hommes et femmes, pour donner, à certaines occasions, cet enseignement. Ma conviction est qu’il faudrait que ce moment-là soit, pour une part, interactif. Qu’il y ait des réactions ! Un jeu de questions et de réponses. Il est très dommage qu’avec le covid la liturgie de la Parole pour les enfants ait disparu.

La Présentation du pain et du vin doit être signifiante de la participation de l’assemblée à l’offrande. Mais, c’est avec la Prière eucharistique que l’on entre dans l’essentiel. Il faut qu’il y ait au départ un véritable dialogue, un rebond très vivant des interpellations. D’abord le salut : « Le Seigneur soit avec vous/Et avec votre esprit ». Puis l’invitation : « Elevons notre cœur/Nous le tournons ers le Seigneur ». Vient alors la proposition du prêtre : « Rendons grâce à Dieu ». Elle est saluée et approuvée par l’assemblée : « Cela est juste et bon ! » Alors le prêtre enchaîne : « Il est juste et bon de te rendre grâces … » Comme le dialogue initial, le « Sanctus » doit être péchu ! C’est le moment où on chante l’hymne à notre Dieu. C’est notre Marseillaise. Il faut chanter de tout son cœur si on veut gagner le match ! A l’inverse, pour les paroles de la consécration, il faut qu’elles se détachent sur un silence parfait, qu’elles débouchent sur un véritable acte d’adoration. Le gong peut aider beaucoup. Après l’anamnèse vient le moment le plus important de l’eucharistie : le moment du « sacrifice », lorsqu’on offre le Pain et le Vin devenus Corps et Sang du Seigneur et qu’ainsi nous sommes offertes par lui à Dieu notre Père. C’est le moment où notre acte d’intériorité doit être le plus fort : par le Christ, le Berger, nous sommes conduits à Dieu !

Le Notre Père s’adresse au Père et le geste de paix dit que nous sommes tous frères. Puis, vient la préparation à la Communion. Il y a d’abord la Fraction du Pain et l’interpellation : « Que le Corps rompu du Seigneur rassemble son Eglise ! » Cela sature de sens : c’est par sa mort que le Christ constitue son Eglise, c’est par la communion à son Corps que nous faisons Eglise. Lorsque le prêtre, d’un même mouvement, lève le Corps et le Sang du Christ, il y a la très belle formule : « Heureux les invités au repas du Seigneur ! » Et la merveilleuse réponse du centurion, pleine de foi : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ! »

Pour la communion, il est toujours possible de communier sur la langue, mais, sans conteste, le geste de la main ouverte est très beau. J’aime poser le Corps du Christ dans une main de travailleur ou dans celle d’une maman ou d’un enfant ! J’aime le regard et le sourire qui s’échangent et l’Amen qui dit la foi ! Il faudra qu’on en parle, mais j’aimerais prolonger le recueillement qui suit la communion. Bien sûr il ne faut pas que ce soit trop long. Mais, s’il est un moment où il ne faut pas se précipiter c’est celui-là. En me levant trop vite, il m’arrive de me dire : « Je vole de la prière à ceux qui désirent prier encore ! » Au terme de la célébration, il faut de la tendresse et de l’humour. Ce sont deux fils majeurs de la fraternité. Nous nous séparons en frères, porteurs de « la paix du Christ ». Frères et sœurs, vivons toujours plus en vérité, avec joie et profondeur nos célébrations ! Amen.