Homélie du Père Doumas

4 novembre 2021

Au jour de Toussaint, de tous les saints, nous fêtons la sainteté. Et je voudrais vous parler de la « sainte messe ». C’est une expression connue, mais peu utilisée.

Pour le prêtre, comme pour toute l’assemblée, un moment très fort de la messe est ce qu’on appelle la « consécration », - on devrait dire la « sanctification » - le moment où le pain devient le Corps du Christ et le vin le Sang du Christ. Ce n’est pas de la magie ! Et ce ne sont pas les paroles du prêtre qui réalisent ce changement. Ce changement est le fait du Dieu saint.

Au nom de toute l’assemblée, qui vient de chanter : « Saint, Saint, Saint », le prêtre s’adresse à Dieu en invoquant la sainteté de Dieu. Il dit : « Seigneur, tu es Dieu, tu es saint, tu es la source de toute sainteté », et il demande à Dieu de répandre son Esprit Saint, son Esprit de sainteté, sur le pain et le vin. Il le fait en « imposant les mains », c’est-à-dire en mettant ses mains au-dessus du pain et du vin. On appelle cela l’« épiclèse ».

Ensuite le prêtre rappelle l’événement du jeudi saint. Il dit ce que Jésus a fait et dit. Il dit, donc, que Jésus a pris le pain dans ses mains et qu’il a prononcé la prière traditionnelle de l’action de grâces - que les Juifs prononcent, aujourd’hui encore, au moment de manger. Puis, le prêtre dit que Jésus a rompu le pain, mais le prêtre ne rompt pas alors le pain, il le fera juste avant la communion. Le prêtre continue en disant que Jésus a donné le pain aux disciples et c’est alors qu’il redit les paroles de Jésus : « Prenez, mangez en tous, Ceci est mon corps livré pour bous. » Et le prêtre lève l’hostie pour l’adoration. On parle d’« élévation ».

Croire que le pain devient le Corps du Christ est un acte de foi. Mais, qu’est-ce qu’on croit à ce moment-là ? En effet, l’hostie reste un morceau de pain. Si on l’analysait chimiquement, ce serait du blé avec un peu d’eau et de sel. L’Eglise parle de « transsubstantiation ». Elle dit que la « substance » est changée, que le pain n’est plus qu’une apparence, que la réalité est le « Corps du Christ. »

Il est imprudent de changer ce langage. Mais, il est très abstrait et nous parle peu. Et l’on peut vivre autrement l’événement. On peut dire, par exemple, que c’est le Christ qui se fait pain, qu’il se fait nourriture. Dans l’évangile de Jean, Jésus dit qu’il est le « pain de vie ». Personnellement, je vis les choses ainsi. Pour moi, la consécration est la suite immédiate de l’appel à l’Esprit Saint. Pour moi, dans ce qu’on appelle la « consécration » Dieu investit de sa sainteté ce pain, qui devient ainsi un pain de sainteté. Ce pain qui était le nôtre, que nous avons fabriqué, et que nous lui avons offert, devient le sien, son pain et c’est ainsi que l’on peut parler de son « corps ».

L’acte de foi que je fais alors consiste à dire à Dieu : « Tu nous as demandé de célébrer ainsi le mémorial de la mort et de la résurrection de ton Fils, et donc, quand nous célébrons, toi aussi tu te rappelles ! Si nous nous souvenons, toi tu te rappelles aussi et bien plus que nous ! » Dire cela m’aide beaucoup. Et c’est pourquoi la « consécration » est immédiatement suivie de ce qu’on appelle l’« anamnèse », qui veut dire « mémoire ».