Homélie du Père Doumas

19 décembre 2021

Homélie du dimanche 19 décembre 2021,

Quatrième dimanche de l’Avent

 

« En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. » Qu’est-ce qui presse tant Marie ? Pourquoi part-elle si vite de chez elle ? L’évangéliste dit : « rapidement ». Est-ce que quelque chose presse chez Elisabeth ? Marie a t-elle peur d’arriver avant que Jean ne naisse ? Mais, il y a trois mois avant le terme de la grossesse d’Elisabeth ! Elle a, en fait, tout le temps : la Galilée, où se trouve Nazareth, n’est pas si loin de la montagne de Judée. Non ! si Marie se met en route rapidement, c’est parce qu’elle est poussée par l’Esprit Saint. Quand on est poussé par l’Esprit Saint, on se met en route rapidement.

L’évangile continue : « Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth ». Zacharie est mentionné. Marie entre dans « la maison de Zacharie ». Mais, en fait, le personnage qui entre en action n’est pas le père de Jean - qui, depuis l’annonce de la naissance est muet, mais sa mère, Elisabeth. L’évangile continue : « Quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. » Tout se passe comme si les oreilles d’Elisabeth servaient à Jean. Par sa mère, par les oreilles de sa mère, Jean entend la salutation de Marie. Mais que signifie : « il tressaillit en elle » ?

Le verbe utilisé par saint Luc est le même que celui qu’utilise la Bible pour dire que David danse devant l’arche lors de son entrée dans Jérusalem. Certains hésitent. En effet, on recule devant l’idée que Jean danse dans le ventre d’Elisabeth. Pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit ! Jean reconnaît en Marie l’arche d’alliance, celle qui porte l’alliance, la nouvelle alliance, Jésus, et comme David il danse. Déjà, il tient son rôle de prophète ! Dès le sein de sa mère.

Il existe des représentations médiévales où l’on voit au travers du ventre des deux mères les deux enfants : Jean plie le genou et Jésus le bénit. Au temps de la Contre-Réforme, on a jugé mal venues ces représentations. C’est ainsi que dans le salon du presbytère nous avons une peinture qui représente Marie assise, Jésus, enfant, sur ses genoux et Elisabeth, assise, à ses côtés. Jean Baptiste est agenouillé devant Jésus, qui le bénit ! La scène est transposée après la naissance, mais c’est exactement le même sens.

Mais l’évangile continue. Luc écrit : « Alors Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint et s’écria d’une voix forte : Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. »

Malgré tout, Jean est trop petit et c’est sa mère, remplie d’Esprit Saint, qui joue le rôle du prophète. Et quel prophète ! En vérité, il y a peu de phrases dans l’histoire du monde qui sont aussi souvent répétées que celles que prononce Elisabeth : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. » N’oublions pas, en effet, que le Je vous salue Marie est fait de deux phrases évangéliques, celle-ci et, bien sûr, celle de la salutation de l’ange : Je vous salue, Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous.

Cependant, Elisabeth continue : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Cette phrase, frères et sœurs, devrait nous bouleverser.

Nous aussi nous devrions nous exclamer : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Car, Marie est venue jusqu’à nous ! Elle est entrée dans notre maison comme dans la maison de Zacharie et elle s’est adressée à nous avec des paroles aussi personnelles que celles de la salutation à Elisabeth. Mais, répondons-nous, comme Elisabeth, avec des paroles d’Esprit Saint ?

A nouveau Elisabeth continue. Que proclame-t-elle ? La grande béatitude de Marie ! « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ? » Frères et sœurs, si Marie est la servante du Seigneur, c’est à cause de sa foi ! En effet, Marie a pleinement accueilli « les paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».

Ensemble, nous avons relu cette page d’évangile. J’ai ouvert des pistes de méditation. A chacun d’aller plus loin. Une phrase, un détail vous ont peut-être touchés plus particulièrement ? Retenez-les dans votre cœur et ainsi soyez, bientôt, non plus comme Elisabeth entendant Marie la saluer, mais comme les bergers émerveillés du chant des anges !