Homélie du Père Doumas

30 décembre 2021

En cette année 2021, l’Eglise a vécu des événements très pénibles, qui l’ont atteint en profondeur. Et ne disons pas que les médias sont méchants et nous en veulent particulièrement. Ils ont d’autres cibles ! Tout cela est de la faute de l’Eglise, une faute « systémique », comme l’on dit aujourd’hui. C’est à dire pas seulement de certains individus dans l’Eglise, les moutons noirs, mais de l’Eglise elle-même, en tant que corps. L’Eglise n’est pas seulement composée de pécheurs. Elle est pécheresse. Si dans le credo nous disons qu’elle est sainte, c’est à cause de sa tête, à cause du Christ.

Bien sûr en tant qu’individus nous n’avons pas pratiqué la pédophilie, nous ne sommes pas des pédocriminels ! Et nous n’avons pas manqué au devoir de signaler le crime. Mais, parce que nous sommes membres du corps, nous participons à la faute. Quand un membre se réjouit, tous se réjouissent. Quand un membre est dans la peine, tous sont dans la peine, quand un membre commet un crime, nul n’est étranger au crime.

En ce jour de Noël, il fallait rappeler cela. C’est très pénible. Et peut-être certains me le reprocheront. Me reprocheront d’attrister la fête. Mais, justement, que fêtons-nous ?

La naissance de Jésus n’est pas triste. Les anges chantent la gloire de Dieu et les bergers, après avoir vu, se réjouissent. Eux aussi chantent la gloire de Dieu. Et nous aussi nous l’avons chantée ! Mais qu’ont vu les bergers ? Quel est le signe qui leur a été donné ?

On leur a annoncé un enfant, nouveau-né, couché dans une mangeoire, posé par sa mère sur la paille. C’est ce qu’ils ont vu. C’est cela le signe. Mais qu’ont-ils entendu ? Ils ont su que cet enfant est le Messie, la promesse séculaire de Dieu à son Peuple. Nous avons chanté « les anges dans nos campagnes », nous chanterons « il est né le divin enfant ».

La naissance de Jésus est paradoxale. Il naît comme un pauvre. A vrai dire peu de pauvres naissent aussi pauvrement que lui ! Et il naît mis à l’écart. « Il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie ». Et ce sont des marginaux, les bergers, qui viennent auprès de lui. Il n’empêche ! Il est le Messie, il est le Fils de Dieu. Il est Dieu ! Et c’est cette annonce qui traverse les siècles et qui ce matin nous réunit. Comme les anges, comme les bergers, nous chantons !

Frères et sœurs, en dépit de tout ce qu’il y a de négatif dans notre monde et dans nos cœurs, en dépit de tout ce qu’il y a de négatif dans la sainte Église de Dieu, chantons l’espérance. Car, cet enfant qui est né est Dieu qui fait miséricorde et relève ceux qui sont tombés. Bien plus entrons dans l’espérance, chantons non seulement le passé ou le présent, chantons l’avenir, qui est l’avenir de Dieu et le nôtre. Et que nos cœurs se réjouissent, qu’ils s’épanouissent dans la joie. Oui, soyons dans la joie, soyons heureux, répandons la joie et le bonheur.

La foi, qui est espérance, est enracinée en nos coeurs, elle n’est pas l’impression d’un moment ou le simple souvenir d’une éducation, elle a pris racine et l’arbre a poussé et l’arbre a donné du fruit et de bons fruits !

Car, s’il y a la foi et l’espérance, il y a plus encore. Il y a la charité, le don de l’amour que Dieu répand dans nos cœurs et qui change, très réellement, nos vies. Oui, frères et sœurs, nous sommes véritablement des frères et des sœurs, dans le Christ, qui est le Fils et qui est notre frère, le frère aîné, qui est passé devant et que nous suivons.

Et, frères et sœurs, je l’atteste pour notre communauté paroissiale ! Il y a parmi nous de très belles personnes, véritablement dignes du Christ, de l’enfant de la crèche ! Alléluia. Amen !