Homélie du Père Doumas

30 décembre 2021

Homélie de l’Épiphanie 2022

Ça y est ! Les mages sont arrivés ! Le chemin a été long, parfois dangereux. Mais ils y sont ! L’étoile est là. Ils n’ont plus qu’à entrer dans la maison.

Ils savent qu’ils vont découvrir un petit enfant, sans doute avec sa maman et, aussi, son, papa. Déjà ils s’imaginent qu’il est installé comme un roi. Eux, ils ont répété chacun des gestes qu’ils vont faire. Ce sera bien en ordre. D’abord l’or, puis l’encens, enfin la myrrhe. Il y a la quantité, bien sûr ! mais, surtout, la qualité. Et ceux qui vont offrir - en se prosternant ! sont déjà désignés. Pas d’improvisation quand on vient saluer un roi !

Ils sont touchants ces mages. Et deux mille ans plus tard ils nous émeuvent encore. D’autant que grâce à eux on mange la galette ! Pourtant, s’ils ont cette certitude dans le cœur : par le ciel, ils ont appris la naissance du roi des Juifs, beaucoup de questions agitent leur esprit.

Avant de venir ici, à Bethléem, ils sont passés à Jérusalem. C’était normal, logique. Ils sont allés dans la capitale ; ordinairement, c’est là que sont les rois. Mais, on s’est beaucoup étonné quand ils ont demandé : « Où est le roi des Juifs, qui vient de naître ? » En effet, Hérode n’est pas un nouveau-né ! Au contraire, c’est un vieux tyran qui a mille crimes sur la conscience et qui n’hésitera pas à employer les moyens les plus terribles pour se maintenir sur son trône. Cependant, on n’a pas fait un exposé politique aux mages. On leur a fait - c’est tout autre chose ! - un cours de théologie. On a consulté les Écritures et on leur a dit : « C’est à Bethléem qu’il faut aller. »

Tout cela a beaucoup impressionné les mages : cette atmosphère délétère de fin de règne, cette consultation précipitée des Écritures et, le pire de tout, le sourire mielleux avec lequel Hérode leur a dit : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Malgré tout, les mages ont été un peu rassurés : désormais l’étoile les guidait et c’est ainsi que dans Bethléem ils n’ont pas eu à chercher, à demander à tout le monde ; l’étoile leur a indiqué l’endroit.

Ils s’apprêtent donc à entrer dans la maison et nous entrons avec eux !

Tout de suite nous voyons « l’enfant avec Marie sa mère ». Peut-être est-elle en train de lui donner la tétée ? A moins que l’enfant ne dorme doucement dans les bras de sa maman. Ou bien peut-être se tient-il, presque debout, les yeux bien ouverts et vous fixant avec une autorité toute royale ? C’est à vous de choisir …

En tous cas, les mages tombent à genoux, ils se « prosternent ». Combien de temps ? On ne peut pas imaginer qu’ils se redressent tout de suite ! Ils sont venus pour ça, pour adorer. Ça a dû durer un « certain » temps … Mais voilà qu’ils se lèvent et qu’ils offrent l’or : Jésus est un roi, l’encens : Jésus est le Fils de Dieu et la myrrhe, qui annonce sa sépulture.

De l’évangile nous n’apprendrons plus rien, sinon que les mages repartent par un autre chemin pour ne pas mettre Hérode au courant. Nous ne saurons rien du petit discours que Melchior ou Balthazar a prononcé, ni non plus des mots aimables de Marie, qui, nécessairement, les a remerciés pour tous ces trésors. Nous sommes condamnés à imaginer …

En fait, frères et sœurs, ce n’est pas une pastorale qu’il nous faut faire ! Et comme nous n’avons ni or, ni encens, ni myrrhe et que nos rhumatismes nous empêchent de nous prosterner - je parle au nom de certains ! - il ne nous reste plus qu’à imiter les mages en adorant. Car, cette fête de l’épiphanie est la fête de l’adoration.

Adorer, c’est se laisser saisir, se laisser prendre et envahir par la merveille, par ce petit enfant « avec sa mère », et laisser tomber tout ressentiment, toute rancœur, toute peur, tout souci, toute pensée mauvaise, toute violence, tout mensonge et laisser monter de son cœur la paix et la joie, et cette innocence dont nous sommes encore capables, même devenus vieux. Oui, laissons parler nos cœurs d’enfants, émerveillés, devant cet enfant merveilleux. Et ainsi nous adorerons le Fils de Dieu.