Homélie du Père Doumas

18 décembre 2022

Nous n’avons pas tué père et mère. Et même pas notre belle-mère ! Pourtant, nous avons à vivre le sacrement de la Réconciliation. Le principe n’en est pas d’établir une liste de péchés et de dire cela à un prêtre. Entendue ainsi, la démarche n’a pas grand sens. Car, la Réconciliation est une démarche sacramentelle où Dieu donne. Tout sacrement est un don de Dieu. Mais il est aussi une action de l’homme. Voyons cela de plus près.

Un péché, c’est un acte qui fait du mal à une personne. Cette personne peut être une autre personne ou moi-même. Et il faut s’occuper du mal. Le problème de l’Eglise dans les affaires de pédophilie est qu’elle ne s’est pas occupée des victimes, du mal commis.

Le mal fait mal ! Il détruit ou, du moins, abime. Nous devons le reconnaitre, c’est-à-dire le connaitre dans sa réalité. J’insiste : connaître le mal dans sa réalité. Pas, d’abord, notre sentiment de culpabilité, notre subjectivité, notre « ressenti », mais la réalité du préjudice infligé à l’autre, la réalité du préjudice dans son objectivité.

Nous avons à savoir ce que nous faisons et donc les conséquences de ce que nous faisons. Nous ne pouvons pas dire : « Oui, j’ai fait ça, mais je n’ai pas à assumer les conséquences ». Il est nécessaire d’évaluer les conséquences d’une colère, d’un mensonge, d’un geste égoïste, d’un mouvement d’orgueil, d’une parole de mépris … Ca fait du dégât et, comme après tout dégât, il faut en évaluer l’ampleur.

Ce travail, car c’est un véritable travail, nous redonne déjà de la dignité. L’homme qui reconnait sa faute, qui en apprécie la gravité, se grandit. Et il n’est pas besoin d’être chrétien pour le faire. Cependant, c’est trop clair ! il est nécessaire au chrétien de le faire. C’est une exigence de l’évangile. C’est que Jésus appelle la « conversion ».

Mais, si cette démarche est indispensable au sacrement, elle ne définit le sacrement. Elle est la démarche humaine qui rend pertinent le sacrement, mais le sacrement, je l’ai déjà, dit, est don de Dieu. Nous avons ainsi à faire l’effort : cela ne se fait pas sans effort ! de repérer le mal que nous avons fait aux autres, mais nous allons, aussi, travailler notre cœur à recevoir le pardon du Seigneur. C’est cela, à proprement parler, la « pénitence » : disposer son cœur à recevoir le pardon du Seigneur.

Cela va donc commencer par ce qu’on appelle, très justement, « l’examen de conscience » : c’est en conscience que j’examine ma vie. Et à cela va s’ajouter, c’en en est le prolongement, une série d’actes pénitentiels. Je ne vais pas me flageller ou m’infliger privation sur privation, mais je vais prier le chapelet, lire l’évangile, aller à l’église, dire un mot de pardon, faire une visite, donner de l’argent au Secours Catholique, saluer une personne que je n’aime pas ou tout autre chose. A votre invention. Mais qui vous dispose le cœur à recevoir le pardon.

C’est dans un cœur préparé que va porter fruit le don du pardon. Et c’est le but même du sacrement : nous rendre la capacité d’aimer qui a été blessée par le péché. Le sacrement nous donne d’aimer à neuf !

C’est pourquoi si le sacrement, pour être vécu en vérité, exige la reconnaissance de notre péché, il est bien plus qu’une simple élimination du péché. Il est expérience spirituelle, expérience, très concrète, et qui doit être très intérieure, du pardon de Dieu.

Il est des religions où Dieu juge et condamne le pécheur. Et, malheureusement, dans l’Eglise, il y en a qui croient être dans la vérité, en disant : Dieu punit ! Non, Dieu lorsqu’il juge sauve : son jugement consiste, en effet, à éliminer le mal de nos vies et nous rendre capables d’aimer, de l’aimer lui et d’aimer nos frères. C’est tout l’évangile !

Ainsi, frères et sœurs, il n’y a pas de « tribunal de la pénitence ». Mais, il y a une rencontre avec un prêtre, qui est un homme pécheur, mais dont le rôle est de vous écouter, de prier pour vous et de vous dire la miséricorde de Dieu, sa douceur et sa tendresse.

Oui, frères et sœurs, vivre le sacrement de Réconciliation, c’est vivre la tendresse de Dieu, qui accueille ses enfants et les prend dans son amour. Laissons-nous réconcilier. Et, si nécessaire, parce que dans le passé nous avons été blessés par telle ou telle attitude sacerdotale, ou tout simplement parce que nous avons été négligents, réconcilions-nous avec le sacrement de Réconciliation. Eliminons nos hésitations ou nos réticences, et recevons l’amour miséricordieux du Seigneur ! Il met la paix et la joie dans nos cœurs. Amen.

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