Hosanna au fils de David !

18 avril 2011

Dimanche des Rameaux.
Sous toutes les latitudes, les images contenues dans les mémoires sont belles. Du soleil, une foule en liesse, des branches de palme, d’olivier ou de buis selon la situation géographique, pour acclamer et magnifier une personne. C’est un Roi.

Il est étrange ce roi. La dynastie dont il descend ne règne plus depuis très longtemps. Et cependant elle porte les espoirs multiséculaires d’un peuple opprimé. Ses attributs royaux sont dérisoires. Il entre dans la capitale sur un âne, animal de peu de prestige, qui de surcroit, ne lui appartient pas. Il n’a pas d’armée, il n’a pas de palais. D’ailleurs pour le banquet qu’il organise bientôt, la salle lui sera prêtée.

Quel est donc ce Roi ? C’est le Messie Sauveur. Il entre à Jérusalem. Les attributs de son pouvoir sont inhabituels, mais ils sont bien réels. La lucidité d’un instant de la foule ne s’y est pas trompé. Elle a reconnu le pasteur qui l’a guidée et nourrie de la parole de vérité. En face de Lui, beaucoup se sont sentis regardés différemment. Ils ont pris conscience du véritable poids de leur être à sa rencontre. Les attributs de sa royauté, ce sont sa bonté, sa bienveillance, son amour, qui l’ont conduit vers tous et plus spécialement vers les petits, les pauvres. Juché sur cet âne, il avance vers son intronisation.
Il ira plus haut par amour pour ces hommes. Il va les aimer jusqu’à l’extrême, sans même exiger d’eux qu’ils soient fidèles et cohérents jusqu’au bout. Lui, il continue d’aimer. Et il n’y a pas de plus grand amour que de donner la vie pour ceux qu’on aime. Alors, il avance vers son trône, vers la croix.

Ce Roi, humble et petit, monté sur un âne, est Dieu. C’est notre Dieu. Et si notre monde nous crie « où est Dieu » nous pouvons lui répondre que nous le connaissons. Nous pouvons le lui montrer dans nos vies chrétiennes éloquentes de sa présence agissante en elles.

Vies de prière qui découlent de la présence trinitaire en nous, prière simple, prière de la foi. Prière qui fait rayonner le visage non par des stratagèmes artificiels, mais bien par une action divine intérieure qui déborde à l’extérieur.
Nous pouvons montrer notre Roi par notre vie fraternelle, qui refuse les silences et les non dits pour laisser la place au dialogue. Car Lui le Roi n’est qu’échange, communication, communion et don.

Vie prophétique, qui sort des sentiers battus de l’ordre du monde où les intérêts obscurs et inavouables gouvernent les actions des puissants. Ce monde ignore que le plus grand est celui qui sert et se laisse écraser au lieu de tuer sans compter. Nous désignerons ce Roi avec des vies qui refusent d’avoir peur du pauvre et de celui qui est différent. Qui acceptent comme un don du ciel, celui qui vient, quel qu’il soit : le saint comme le brigand, la vierge ou la prostituée, le riche comme le pauvre.

De ce grand Roi, nous sommes appelés à être le reflet par un miracle de son incomparable bonté. Il fait à chacun le don de lui-même et nous pouvons l’accueillir ou le rejeter. Le rejet des siens le conduit à la croix et à la mort. Mais à vrai dire, c’est l’amour qui l’impulse. C’est pourquoi il y va triomphalement. Il va mourir, mais c’est pour faire vivre. La foule en liesse ne le sait pas , mais elle acclame le Roi des Rois en route vers l’ultime bataille où la vie remporte le duel. La dynastie oubliée a retrouvé de son lustre d’antan au-delà de ce qu’elle aurait pu espérer.
Hosanna au fils de David !
 
Père Pascal Molemb-Emock (Carpentras)