Il va pleuvoir !

22 octobre 2022

Cela, nous sommes capables de le voir et le prévoir ! Or, dans le passage de l’Evangile de la messe de vendredi dernier, tiré de Saint-Luc (12, 51-59), Notre Seigneur apostrophe les foules en leur disant : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive… Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? ».

En effet, nous sommes souvent très efficaces pour des choses matérielles du quotidien, parfois des réalités sans importance. Nous sommes capables d’observer, chercher à comprendre, prévoir, organiser, anticiper, ajuster, modifier, réviser, expliquer, tirer des leçons avec beaucoup de bon sens et d’à-propos. Or, nous sommes comme ces foules, ces compétences, dispositions et capacités que nous avons pour les choses du quotidien, il nous arrive de les abandonner lorsqu’il s’agit de la foi et de la vie chrétienne, nous mettons de côté notre bon sens.

En effet, il est souvent plus facile – en apparence - de ne pas se poser de questions, de ne pas chercher à comprendre, de nous contenter d’un état de fait, de nos habitudes, de notre train-train, de notre routine. C’est rassurant et confortable ! Or, ni la Tradition, ni la Fidélité ne peuvent se réduire à « nous avons toujours fait comme ça ! ». La Tradition avec la Sainte-Ecriture, comme le rappelle heureusement le IIe Concile du Vatican, sont les deux sources de la Révélation et de connaissance de la Parole. Elle vient du Christ et conduit à Lui. Aussi, c’est recevoir du Christ, par l’Eglise, le dépôt et trésor de la foi, non pour le cacher et l’enfermer, mais pour Le connaître, en vivre et témoigner. Par suite, la Fidélité qui en découle, est une fidélité au Christ et à sa Parole, comme dans une relation, une amitié.

Nous nous comportons trop souvent comme le serviteur mauvais, qui au lieu de faire fructifier le bien qui lui avait été confié, se contente de le cacher et de l’enfouir, afin de le conserver intact. Ce mauvais serviteur a sans doute l’impression d’avoir été fidèle, parce qu’il n’a pas altéré le bien, toutefois, précisément, en ne lui faisant pas porter du fruit, il n’a pas été fidèle à ce que son maître attendait de lui. Aux autres, le maître adresse ces paroles : « serviteur bon et fidèle, tu as été fidèles dans de petites choses, je t’en confierai de grandes. Entre dans la joie de ton Maître ! »

Dans notre vie chrétienne personnelle (prière, pénitence, charité…), dans notre vie chrétienne en Eglise (messes, vie paroissiale, associations, services et mouvements…), dans notre vie chrétienne dans le monde (participation à la vie publique, engagement, témoignage de foi…), nous ne pouvons jamais nous contenter de faire ce que nous avons toujours fait, sans toujours nous poser aussi la question de savoir si les moyens que nous employons sont toujours fidèles aux buts que nous cherchons. Sommes-nous fidèles au Christ ou nous contentons-nous d’être fidèles à nos habitudes et nos idées ? Est-ce que ces moyens nous conduisent au Christ ? Est-ce qu’ils nous font grandir dans la foi, l’espérance et la charité ? Est-ce qu’ils témoignent pour les autres et le monde de Celui qui en est la cause ? Il nous faut juger par nous-mêmes de ce qui est juste !

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet