Janvier 2022 : « LE SYNODE DES MAGES ET LE NOTRE »

1er janvier 2022

En cette Épiphanie, le long Synode des Mages en route pour Bethléem en suivant l’étoile, peut orienter notre long Synode qui finira en 2023. Je suis persuadé que leur étoile peut devenir aussi notre étoile. 

 Selon la tradition les trois mages différents l’un de l’autre ont marché longuement ensemble. Ils ont dû s’ajuster sur leur trajet, car celui qui sait « faire chemin » avec d’autres longtemps sait qu’il doit apprivoiser leurs circuits mentaux même si l’envie est de réagir fortement. 1re leçon : c’est parce que l’objectif n’était pas eux-mêmes mais la rencontre avec le Messie, un Autre, qu’ils ont trouvé l’énergie pour avancer ensemble malgré leurs différences et oppositions. L’objectif du synode ne peut pas être « ce que je rêve de l’Église », mais rencontrer le Messie pour comprendre ce qu’il désire que son Eglise soit, en commençant par quel est le plan de Dieu sur Moi ? Véritable Étoile qui brille !

 L’étoile qui brille dans le cœur d’Abraham, est la Voix de la prière, Lumière qui éclaire tout homme venant dans ce monde, c’est le Verbe, qui précède, c’est le Verbe qui accompagne , c’est le Verbe qui permet d’atteindre le climax, par l’onction du Saint Esprit, qui est le guide intérieur. Les Rois Mages étaient habitués à consulter la lumière intérieure et à discerner ensemble les appels de l’Esprit. A chaque carrefour, ils discernaient pour choisir communautairement la bonne route afin de ne se perdre pas. Regards purifiés... de toute recherche de « confort psychologique », qui les aurait fait demeurer en Orient ! (Même s’ils se seraient dit qu’ils « étaient en synode » mais assis sur leurs divans). 2e leçon !

 Ils arrivaient avec l’étoile intérieure réveillée à Jérusalem, le peuple des Écritures ! Et ils lisaient ensemble les Écritures, à la lumière de l’étoile intérieure. Lire la Parole avec le cœur purifié par l’habitude du décentrement et du chemin intérieur permet d’écouter, de découvrir et de confirmer le vrai chemin du Royaume partagé avec le Messie ! Et de découvrir, même dans le plus petit des chefs-lieux, les merveilles cachées de Dieu.

 A Jérusalem, un autre roi, Hérode, voulut s’unir à leur Synode. Il participait au même groupe biblique ! Il semblait vouloir le diriger. II lisait la même Parole avec ses théologiens, mais hélas, avec un concept du pouvoir différent ! Chercher le pouvoir sur l’autre, est très différent de chercher la puissance intérieure (Et tout synode qui se placerait avec pour horizon ou finalité celui d’une prise de pouvoir ecclésiale*(2) restera très vite sans étoile). La lumière intérieure s’efface quand le dynamisme du don de soi est étouffé par les raccourcis horizontaux de l’ego.

 Les Mages ont rencontré à nouveau l’étoile après la lecture de la Parole. Hérode, lui, a rencontré la peur et la magouille d’une synodalité sans Dieu (parce qu’il avait peur de Dieu). En rencontrant l’étoile et à sa lumière, quand ils ont vu une maman avec un enfant dans un coin perdu, les Rois Mages ont reconnu le Messie qu’ils cherchaient ! Même si les gens de Bethléem ne s’en étaient pas rendus compte ! L’étoile les a fait entrer dans une grande joie ! Gaudium Surnaturel ! Contemplation ! Adorer ensemble. Joie complète de la douceur de Dieu même si le Covid dure !

 Le Synode des mages commençait à porter ses fruits. Sans qu’ils eussent besoin que leurs conclusions synodales arrivassent à Rome ! Que savait César Auguste dans le Palatin de ce pouvoir immense qui émergeait en Orient ? Et oui, l’aboutissement du Synode était l’« empowerment » (responsabilisation) intérieur qui a jailli des coffrets intérieurs des Mages... prophétie, sacerdoce, royauté sur la mort ! Pouvoir qui, partagé par l’Enfant, les rendaient capables de mettre tous leurs talents au service joyeux du Corps entier.

Y a-t-il eu un vrai partage de pouvoir ? A Bethléem, oui, à Jérusalem, non ! Parce que seule la liberté de se donner, fruit de la rencontre charnelle avec le Christ fait émerger les forces théologales qui construisent le Royaume ! Là seulement, la Juste relation de prêtres et laïcs se réalise ! 

 Hérode, dans sa recherche de pouvoir menacé, s’est mis en dehors du groupe synodal, incapable de reconnaître en lui-même la force intérieure qu’il avait. Angoissé par la soif, tout extérieure, de se faire un Nom, en plus de la violence qui le saisit, il envoya des émissaires à Rome en vue de gagner des galons. Quelle différence avec les rois de Bethléem qui ont acquis la merveille de vivre leur pleine vocation ecclésiale en découvrant l’Enfant Jésus en toute personne et en s’investissant avec tout leur responsabilisation divine à le faire grandir, comme Vatican II le dira plus tard en GS93. Synode abouti à Bethléem ! Synode raté à Jérusalem même si ses conclusions sont arrivées à Rome ! A nous de choisir ! Belle et sainte année synodale !

 Père Paco Esplugues