1er février 2022


Edito de l’évêque> L’Espérance ne déçoit pas

Nous sommes pleinement entrés dans cette période qui précède les différentes échéances électorales pour lesquelles, en cette année 2022, tous les citoyens sont sollicités. 

Comme nous en avons l’habitude, nous, évêques, par la voix du Conseil Permanent, venons de proposer un document pour inviter les catholiques et également tous ceux qui voudront s’en saisir, à réfléchir, débattre et discerner, dans l’horizon de ces échéances qui appellent de notre part attention et responsabilité.[1]

Ce texte clair et concis voudrait remettre quiconque devant les enjeux de ces échéances et la responsabilité de réflexion et d’engagement qui incombe à chacun.

A travers quelques courts chapitres conclus par deux ou trois questions pouvant nourrir une réflexion personnelle ou partagée avec d’autres, il nous remet devant les dimensions essentielles qui touchent à la vérité et la justesse de notre vie ensemble et peuvent ainsi aider à notre discernement.

  • Qu’en est-il de notre choix d’une société favorisant pour chacun la possibilité de vivre en paix avec tous ? Comment nous sentons-nous personnellement responsables de la paix de notre société ?
  • Si la grandeur d’une société est d’aider tous ses membres à respecter la vie et la dignité de tous et en particulier des plus fragiles, comment servir le respect de la vie en toutes ses dimensions ? Quelles attentions à autrui promouvoir aujourd’hui ?
  • Il appartient à chacun d’entre nous de respecter la liberté d’expression et les exigences de la fraternité. De quelle manière favoriser cela à travers nos comportements, tant individuels que collectifs ? 
  • La liberté religieuse fait partie des libertés fondamentales. Nous pouvons y puiser les motifs d’un engagement dans la vie sociale et pour le bien de tous. Qu’est-ce qui peut favoriser le respect des différentes traditions croyantes et la possibilité de leur expression ?
  • Nous mesurons de plus en plus les impasses d’une société d’abondance et de consommation. Comment favoriser l’évolution de notre système de production et chercher la possibilité d’un autre mode vie, plus sobre, et laissant place aux relations ?
  • Comment avancer dans le sens d’une écologie qui soit intégrale, envisageant non seulement l’environnement, mais aussi la manière dont l’humanité se traite elle-même ?
  • La destinée de chacun concerne l’humanité entière. Il importe de respecter les histoires, les cultures, les écosystèmes locaux… Notre pays n’est pas une île ! De quelle manière poursuivre la construction européenne pour qu’elle demeure au service de la relation entre les peuples et de la paix ? 
  • La question migratoire est très présente au sein de notre société. Nous savons les appels répétés du pape François en faveur des personnes migrantes. En quoi cela nous appelle à des comportements d’humanité et de générosité ?
  • De quelle manière nous engager pour la prise en compte politique des questions de paix, de respect des droits de l’homme, de solidarité internationale ?

Autant de questions et leurs déploiements pouvant nourrir notre réflexion et notre attention par rapport aux propositions des différents candidats. Vous ne trouverez pas de consignes de vote. Mais ces points invitent à nous remettre devant l’appel de l’Evangile, et les développements de la Doctrine Sociale de l’Eglise.

Face à ce qu’il peut y avoir d’inachevé ou d’insatisfaisant dans les propositions de chaque candidat, il appartient à chacun de distinguer ce qui relève de l’impossibilité de conscience, et ce qui relève d’un choix encore acceptable (Cardinal André Vingt Trois), de promouvoir humblement le meilleur possible.

Ce document est une invitation à ne pas nous laisser prendre par la peur, mais à demeurer dans l’Espérance, c’est elle qui ouvre le chemin de choix courageux et salutaires. Puisse-t-il nous aider à vivre de manière consciente et responsable ces semaines importantes pour l’avenir de notre pays.

+François FONLUPT
Archevêque d’Avignon

Retrouvez le mot de l’évêque sur les élections sur la chaine YouTube du diocèse :

Actualité du diocèse> Venir à Rome pour la canonisation

Programme

  • Jeudi 12 mai : Avignon - Assise
  • Vendredi 13 mai  : Assise
  • Samedi 14 mai : Assise - Rome
  • Dimanche 15 mai : Canonisation à Rome
  • Lundi 16 mai  : Rome - Avignon

Programme détaillé à télécharger ci-contre.

Tarif

Prix indicatif (selon le nombre de participants) : 659€

Ce prix comprend :

  • Le transport en autocar de tourisme
  • Les transferts en autocar en Italie selon les besoins du programme
  • Le logement en maison religieuse en chambre à deux lits avec salle de bain
  • La pension complète du dîner du jour 1 au petit-déjeuner du jour 5 (repas simples à deux plats)
  • Les entrées dans les sites mentionnés au programme
  • Les oreillettes (micro / audio) les jours 2, 3 et 4
  • Le carnet de voyage pour les participants
  • L’assistance médicale rapatriement

Ce prix ne comprend pas :

  • Les déjeuners du jour 1 et du jour 5
  • Le dîner du jour 5
  • Les dons et les offrandes
  • Le pourboire du chauffeur
  • Les boissons, les extras et tous les frais personnels.

En option :

  • Chambre individuelle
  • Entrées des sites payants .
  • Droit d’usage des oreillettes dans Saint-Pierre pour une visite
  • Assurance annulation tous cas imprévus (y compris participant cas contact du Covid)

Inscriptions

Le nombre de places étant limité, inscrivez-vous au plus tôt, et avant le 28 février 2022 :

  • En ligne : https://canonisationcesardebus2022-rome.venio.fr/fr
     
  • Ou en complétant le bulletin d’inscription ci-contre, à renvoyer avec :
    • votre chèque d’acompte + suppléments éventuels à l’ordre de Terralto Voyages,
    • ainsi qu’une copie de votre passeport ou carte d’identité valide à la date du retour,
    • à Mme Marie-France Pellizzoni 06 62 87 70 62
      Archevêché - Voyage Canonisation P. César de Bus
      31 rue Paul Manivet
      84000 Avignon

Paroisses en créations > Pour mes bonnes intentions de 2022, je choisis la Vie !

Que votre « oui » soit un « oui », que votre « non » soit un « non » (ainsi vous ne tomberez pas sous le jugement).

En ce début d’année, cette phrase tirée de l’épître de Saint Jacques chapitre 5, 12, résonne de manière toute particulière pour ceux qui ont eu l’audace de prendre de bonnes intentions. En faites-vous partie ? Si non, il est encore temps ! Car il n’y a pas d’heure pour choisir de prendre un nouveau chemin, pas d’excuse pour reporter, pas de certitude sur le délais dont nous disposons.

Oui à Dieu d’abord, Dieu premier servi !

Avec fidélité, même sur les questions pécuniaires : choisir le montant de sa dîme et s’y tenir toute l’année, sans céder aux tentations du superflu et du toujours plus qui pourraient nous la faire rogner. 93% des vêtements des français n’ont pas été portés l’année dernière, et chaque foyer français entrepose environ 2,5 tonnes d’objets en moyenne, d’après l’Ademe.
Comment suivre le Christ avec de si lourds bagages ? Comment participer à l’édification de son Royaume ici bas si nos moyens sont dédiés à l’accumulation des biens, quand d’autres manquent du nécessaire ? Pascal Pingault, cité dans « Donner comme un enfant de Roi » de Jean Pliya, nous dit que si chaque chrétien consacrait vraiment sa dîme aux pauvres, nous changerions la face du monde. Quel beau programme pour 2022 !

Être capable de dire un vrai oui et un vrai non, pour soi et les autres aussi

Ces petits efforts du quotidien qui doivent durer toute l’année... Renouveler chaque jour notre adhésion au projet de Dieu en choisissant la vie et le bonheur, et non la mort et le malheur. C’est privilégier l’être, en se donnant les moyens de travailler à notre sanctification, et d’y travailler avec Dieu (toujours plus efficace). Cela peut passer par des dispositions qui nous rendent plus agréables l’altérité, les surprises, les sollicitations, donc plus disponibles pour notre famille et nos amitiés, et pour tous les autres au sens large et fraternel. Tugdual Derville propose quelques pistes dans ses 71 actions d’écologie humaine (éditions Emmanuel) :

  • Goûter son âge : récapituler la chance de l’avoir, se demander le service qu’il rend aux autres, et jeter une petite passerelle intergénérationnelle ;
  • Mieux connaître pour mieux aimer : pour inciter à la sauvegarde de ce qui nous tient suffisamment à cœur, partager notre émerveillement, renforcé par une connaissance approfondie du sujet, s’avère plus efficace que de mettre en garde ;
  • Sortir du tout ou rien : y renoncer nous fera progresser sur la ligne de crête où se rejoignent amour et vérité ;
  • Passer de l’envie au désir : notre croissance et notre bonheur sont largement conditionnés par notre capacité progressive à renoncer à certaines envies pour combler nos véritables désirs.

Quels beaux objectifs pour 2022 !

Marie-Anne Molle

Portrait> Regarder vers le Ciel

Regarder vers le Ciel ? Cela peut paraître normal pour un sacristain de paroisse...mais Thierry, qui habite à Saint-Saturnin-lès-Apt, n’a pas toujours été sacristain ! Sa vie d’avant a été marquée par de lourds problèmes d’addiction.

De son enfance, Thierry garde le souvenir d’une vie non miséreuse, marquée par un manque de dialogue avec son père. Et puis il y a cette grosse blessure à l’adolescence : « En apprentissage dans une menuiserie, je suis tombé sur une personne pédophile ».

Il n’en parle pas à ses parents de peur de ne pas être cru, mais décide d’arrêter la menuiserie. Ainsi à16 ans, son père l’envoie travailler à l’usine. Il y restera à mettre des lames derrière une machine 8 heures par jour, durant 7 ans.

« Je sentais bien qu’il fallait que je fasse autre chose ! »
Thierry part alors vers les territoires d’outre-mer, reprend l’école par des formations de la Chambre des Métiers, passe un CAP en candidat libre, puis un brevet de maîtrise d’agencement. 
Thierry se marie et a deux enfants.

Et puis ce fut « la descente aux enfers ! »

« Ça a commencé par la drogue vers l’âge de 16 ans par manque de confiance, et j’ai été pris dans cette addiction. Je ne voulais pas reconnaître qui j’étais et l’engrenage infernal a commencé. La drogue peut rendre heureux sur le moment, mais c’est une fausse joie, car quand la drogue n’a plus son effet, la réalité devient encore plus difficile car on n’a plus de repère. Des idées noires jusqu’à la tentative de suicide ! Prisonnier de tout ça, je cherchais quelque chose que je ne trouvais pas. »
Plusieurs tentatives de sevrage, l’acupuncture pendant des années, rien n’a jamais marché ! Ses relations au travail étaient compliquées.

« Et puis j’avais un cœur de pierre ! Vers qui me tourner, je ne trouvais pas ! »

« Un jour de janvier, je me suis mis sur le palier de chez moi, j’ai ouvert la fenêtre, j’ai écarté les bras et j’ai regardé vers le ciel ; et là, j’ai été rempli de frissons comme jamais ; et mon cœur s’est rempli de joie, alors que cela faisait des années que j’étais dans la tristesse. Juste j’ai levé les yeux et ça a changé ma vie. Je sentais quelque chose qui me poussait à avancer. Et à partir de là, ça a changé ma vie. »
Thierry rencontre une dame qui lui conseille d’aller au Barroux faire une retraite. Il s’en trouvera en paix avec lui-même et avec les autres. Il se met ensuite à retourner à la paroisse et rencontre le Père Johan à qui il confie son témoignage. Le prêtre lui assure qu’il a été touché par la grâce du Seigneur et lui propose le sacrement de confirmation, que Thierry a reçu au mois de juin dernier.

Et la drogue ? « Terminée ! plus d’envie, plus de manque, grâce au Seigneur ! Je remercie le Seigneur pour ce qu’Il a fait pour moi ! Dieu est bon pour tous : il suffit d’ouvrir son cœur et Il donnera sa joie et nous libérera de nos ténèbres ! »
Aujourd’hui, Thierry rayonne la joie à travers son service de sacristain, sa lecture de la Bible, sa participation au pélé VTT, sa soif de catéchèse, sa joie de rencontrer des gens, jeunes ou vieux et d’écouter ce que Dieu veut dire à travers eux.


« En réfléchissant bien aujourd’hui, je sais que le Seigneur a toujours été avec moi ; je n’ai pas su être à son écoute, mais maintenant je suis à son écoute et je le cherche toujours : je sais qu’Il est avec moi ! »

 

Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le taire » sur RCF Vaucluse,
par Sylvie Testud

 

Le livre du mois> Vivre en mortel, de Christian de Cacqueray

Vivre en mortel , voilà une question bien actuelle où, à l’occasion de cette pandémie, la menace de la mort et, en corollaire le prix de la vie, ont resurgi soudainement aux yeux de nos contemporains.

"C’est en effet devant la mort que l’on prend conscience que la vie est quelque chose de prodigieux d’unique de créateur"  nous rappelle Maurice Zundel.

Et de fait, se pose également la question du sens de la vie, des chemins qui s’ouvrent à l’homme :

Ou, entretenant l’illusion d’être immortel, il subit la durée de l’existence comme une sorte d’épargne temps, entre hédonisme et inquiétude ;

Ou, pleinement conscient de sa finitude terrestre, il fait des choix existentiels dans une dynamique vivifiante.

Car, si la mort vue comme étape ultime renvoie au mystère de l’au-delà, comme sagesse de vie elle contribue à changer notre façon d’être au monde.

La vie est ainsi un long apprentissage de la mort, durant lequel nous nous préparons au choix définitif que nous ferons au moment de notre passage.

Que sera ce passage ?

Une naissance dans l’au-delà, à un autre état de vie…de la même manière que nous sommes venus au monde.

Mais si la première naissance est subie, nous sommes alors libres de choisir la manière de « naître de nouveau ».

« À moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le royaume de Dieu » dit Jésus à Nicodème.

S’il faut renaître, cela veut dire par conséquent qu’il nous faut mourir à cette vie, c’est à dire mourir à tout ce qui nous attache : renoncer à l’Avoir pour mieux Être, à notre amour propre pour mieux aimer...

En définitive, mourir à soi même pour porter beaucoup de fruit. 
« Si le grain ne meurt il ne portera pas de fruit » 

Cet ultime passage est donc un passage de la chair à l’esprit.

C’est ce qui se passe en réalité lors de funérailles : les paroles et les échanges qui étaient dans l’ordre de la chair font désormais place aux échanges dans l’ordre de l’esprit et de l’âme.

La mort ne rompt pas les liens d’amour, mais les transfigure.

La pensée de la mort nous invite donc sans cesse à la conversion, à une vie davantage en communion avec les autres et avec Dieu.

Un livre très actuel où l’auteur partage de riches réflexions, puisées aussi bien dans son expérience d’accompagnateur chrétien des parcours rituels d’obsèques, que dans les deuils qui l’ont touché dans sa vie personnelle.

Claudine DUPORT

Enseignement catholique > Etre un « bon » enseignant aujourd’hui : est-ce encore possible ?

Voilà une question qui, me semble-t-il, a le mérite d’être posée dans un contexte où la mission et le métier d’enseignant peuvent avoir une image dégradée.

Cette question, a priori toute personne devenue enseignant, ou ayant le souhait de le devenir, se la pose un jour.

En ce qui me concerne, à chaque étape de mon parcours dans l’enseignement catholique, celle-ci m’est régulièrement revenue. Tout d’abord quand j’ai découvert la classe, presque par hasard, au détour d’une suppléance, cette question résonnait en moi sous l’angle de la connaissance. Que devais-je savoir pour être un bon enseignant ? Puis, après plusieurs années de suppléances dans différents lieux et contextes, après deux années de formation initiale de professeur des écoles, une première titularisation et fort d’un bagage de savoirs plus conséquent, j’ai pu mettre en œuvre mes connaissances pour confronter ma représentation du « bon » enseignant à la pratique. J’ai alors compris qu’au-delà des connaissances nécessaires mais insuffisantes pour être un bon enseignant, il fallait avoir la capacité à faire « passer les choses » pour le dire de façon basique.

Nous étions alors au début des années 2000 et le « régime » du tout pédagogique envahissait écoles et salles de classe. Mérieu, De La Garenderie, Brissiaud, Perrenoud et bien d’autres faisaient salle comble pour des conférences en présentant la dernière démarche pédagogique qui pourrait permettre à l’école de rejoindre les capacités de chacun des élèves. A la fin de la conférence, un enseignant sur deux repartait avec un livre du conférencier pensant désormais détenir LA CLE pour bien enseigner. Je faisais bien évidemment partie de ceux-ci.

En tant que jeune enseignant, je trouvais donc dans ces apports une satisfaction, une assurance, une aide, une autre approche d’enseigner mais, là également, après avoir éprouvé ces méthodes pédagogiques en contexte classe, je percevais bien que la méthode n’est pas la solution. La question demeurait donc entière : comment devenir un « bon » enseignant ?

Les travaux de ces pédagogues ont permis de faire évoluer positivement l’acte d’enseigner et à ce titre-là, ils sont indiscutables. Avant tout, leur vocation première était d’apporter une réponse à une problématique spécifique de l’acte d’enseigner omettant une approche intégrale.

Après des années d’enseignement, de rencontres, d’expériences de classe ou de vie pour me forger une certitude : un bon pédagogue ne suffit pas à faire un bon enseignant.

A l’état de ma réflexion aujourd’hui, j’ai acquis la certitude qu’un « bon » enseignant ne conçoit l’acte d’enseigner qu’en ne prenant soin et en étant attentif à la personne, en plaçant la question de la relation au cœur de sa mission. Préserver la qualité de la relation à l’élève, c’est lui permettre de se sentir libre, lui permettre d’oser, lui permettre de sentir aimé et reconnu.

Libre, c’est ce que doit être l’élève dans sa façon de penser pour qu’il puisse explorer le monde avec un regard tout à la fois naïf et curieux. Or, cette liberté ne peut se construire que si l’enseignant veille à créer un environnement suffisamment sécurisant pour que l’élève puisse y évoluer en toute sérénité. Cela nécessite un cadre imposé à l’ensemble des élèves, partagé et assimilé de tous. Mon expérience d’enseignant m’a permis d’avoir la chance d’enseigner durant plusieurs années dans des classes uniques ou à triple niveaux. Il est assez extraordinaire de voir comment cette organisation de classe permet aux élèves de s’approprier plus facilement et rapidement les règles qui régissent la vie de la classe. La présence dans une même classe d’élèves d’âges très différents (de 3 ans à 10 ans parfois) génère des comportements tout à fait spécifiques. Les plus grands, attentifs aux plus jeunes, sont les garants, avec toutes les responsabilités que cela engendre, du bon fonctionnement de cette microsociété scolaire. Les plus petits ont un modèle d’identification avec comme repères les élèves plus grands qu’ils perçoivent comme des grands frères, des référents. Dans ces classes, la question de la solidarité, du bien commun, du respect de l’autre et de sa différence ne s’apprend pas, elle se vit concrètement tout au long de la journée.

Oser car il n’y pas de sentiment de peur, voilà bien un autre effet positif d’une relation de qualité entre l’élève et l’enseignant. Les neurosciences ont permis de faire de grandes découvertes sur le fonctionnement du cerveau chez l’apprenant. Parmi celles-ci, les effets du stress sur la capacité de l’élève à mémoriser par exemple est une découverte majeure. Très clairement, les aptitudes scolaires d’un élève sont altérées s’il se trouve être dans un état de stress important. Il est donc aisé de concevoir qu’une relation abîmée puisse avoir des effets désastreux sur la scolarité d’un élève. De plus, si un élève n’ose pas, s’il est en insécurité, il apprendra forcément moins bien. En réservant ses réponses, en ne voulant pas exposer ses représentations, en refusant d’explorer ses hypothèses l’élève limite sa capacité à apprendre car le fait est établi qu’un élève qui ne met pas à l’épreuve sa pensée est un élève qui progresse moins.

Enfin, une relation qui dit à l’élève qu’il est un être aimé est une relation qui lui permet de se sentir important et reconnu. Sa place d’élève est valorisée, son estime de soi renforcée. Mais il est complexe parfois pour les enseignants d’appréhender la bonne posture à avoir pour favoriser cette relation. De plus en plus d’écrits sont édités pour théoriser la pédagogie bienveillante ou la pédagogie positive. Pour ma part, je trouve que ces expressions sont des non-sens car que serait une pédagogie si elle n’était ni bienveillante ni positive ? Mais là n’est pas le sujet. Ce qui me paraît essentiel donc dans la relation à l’élève, c’est la simplicité et la sincérité de celle-ci. Il est parfois constaté l’utilisation de tableaux de comportement, de permis à points ou autres systèmes pour gérer les élèves déviants. Ces outils ont sans doute une utilité et les rejeter ne serait pas juste. Mais la problématique de ces outils est qu’ils finissent par avoir un caractère mécanique qui ne laisse plus la place à la relation. Combien de fois ai-je pu expérimenter l’apaisement que peut provoquer la main de l’enseignant posée délicatement sur l’épaule de l’élève distrait, agité ou stressé. Il y a dans ce geste, un geste protecteur sensiblement comparable à celui de la mère sur son ventre pendant la maternité et dont l’efficacité et la force me semblent bien supérieures aux outils cités ci-dessus. Pour que l’enfant se sente aimé, il faut aussi que le respect de l’adulte envers lui soit une constante. Quand j’interviens auprès d’enseignants qui découvrent le métier, un de mes conseils est de leur dire que l’on ne peut exiger de l’élève ce que nous-mêmes nous ne faisons pas. Un exemple pour moi est marquant, c’est l’attitude que peuvent avoir les adultes en demandant aux enfants d’être toujours polis alors que lorsqu’ils adressent une demande à un enfant le « s’il te plaît » et le « merci » disparaissent bizarrement.

Alors oui, être un bon enseignant est encore possible aujourd’hui mais cela n’exige plus les mêmes qualités que ce que l’on pouvait attendre des instituteurs il y a encore un demi-siècle. L’attention à la relation a supplanté les savoirs comme qualité première de l’enseignant. Ce changement de paradigme n’est pas étranger à l’évolution de notre société et du monde et pour peu qu’on regarde objectivement ce phénomène, cette mutation du profil de l’enseignant est indispensable et porteuse d’espérance.

Car si aujourd’hui l’ultra connexion favorise des liens variés et multiples, elle ne s’attache pas à la qualité de la relation, cette relation qui considère l’autre comme une personne unique et qui en prend soin. Désormais, la relation se construit pour de nombreux adolescents et jeunes adultes via le canal du virtuel modifiant ainsi profondément les fondements même de la relation. Des lieux variés, des contextes multiples, des situations nouvelles, des personnes différentes sont nécessaires pour construire une relation et se construire en relation. L’école peut être un formidable espace pour contribuer à cela et ainsi former des personnes reliées.

Si le métier d’enseignant a peu à peu perdu de sa notoriété, le rôle de l’enseignant n’a jamais été aussi déterminant dans le parcours d’un Homme et par conséquent sur l’avenir de notre société. Il y a là un enjeu que chacun doit saisir et encore plus les personnes se destinant à l’enseignement.

Il y a bien ainsi un beau message d’Espérance, d’autant que dans le contexte de l’enseignement catholique il est proposé à chaque personne de faire en plus l’expérience de la relation avec Dieu.

M. Hervé Laurent, Adjoint de direction à la DDEC Avignon

Il y a 100 ans dans le diocèse> Autrefois dans le diocèse d’Avignon, en février

Monsieur le chanoine Malachane, curé-doyen de Pertuis, février 1872

La Semaine religieuse d’Avignon annonce que le Gouvernement a agréé la nomination de M. Malachane comme curé-doyen de Pertuis. Après la chute du Second Empire, depuis août 1871, M. Adolphe Thiers est président de la III° République, et nous sommes sous le régime du Concordat, dans le cadre duquel, la nomination des curés-doyens doit être agréée par le gouvernement.

David Jean-Baptiste Malachane est né le 2 octobre 1810 à Orzières, en Lozère, dans le diocèse de Mende, dont il est d’ailleurs chanoine honoraire. Il fut ordonné prêtre pour le diocèse d’Avignon le 9 juin 1838. Il exerce d’abord son ministère comme vicaire à Vaison, puis en mai 1939 à Malaucène, et la même année en novembre à Cavaillon.

Il est alors nommé recteur de la succursale de Lourmarin en 1841. Dans le cadre du Concordat, les succursales sont les paroisses à la tête desquelles est placé un recteur, c’est-à-dire un curé, dont la nomination n’a pas à être agréée par le Gouvernement. Il est ensuite transféré à Mazan en 1855, où il restera 12 ans.

Alors qu’il était curé-doyen de Sault depuis le 5 mars 1867, il est transféré curé-doyen de Pertuis le 18 février 1872.

Pendant 22 ans à Pertuis « il sut se concilier l’estime et le respect de tous par le zèle et la fermeté qu’il déploya dans l’exercice de sa charge de pasteur. Le contexte de laïcisation des institutions, et l’esprit anticlérical de l’époque, rendaient la mission plus éprouvante, cependant, il ne manqua ni d’audace, ni de courage. Apprenait-il, par exemple, que la libre pensée faisait la garde autour d’un malade pour priver ce pauvre moribond des secours de la religion, aussitôt, il se présentait à la maison : on n’osait l’éconduire et plusieurs mourants lui durent ainsi leur réconciliation avec Dieu ».

Avec la laïcisation des écoles, il fonda l’école libre des Frères de la Doctrine Chrétienne et celle des Sœurs de Saint-Charles. Pour le soin des pauvres, alors que ces dernières religieuses avaient été chassées de l’Hôpital, il fonda une communauté de religieuses de Saint-François-d’Assise « dont tout le pays apprécie le dévouement et les service ».

A Partuis, comme à Mazan et à Sault, « il aima passionnément la beauté de la maison de Dieu ». Ainsi, l’église Saint-Nicolas de Pertuis lui doit la plupart de ses vitraux, et les restaurations intérieures et de la façade, n’hésitant pas à « servir les ouvriers et les aider dans les travaux les plus difficiles et les plus périlleux »

Après son décès, le 11 octobre 1893, ses funérailles ont rassemblé un grand nombre de personnes, dont une trentaine de prêtres, les représentants des congrégations, les principaux fonctionnaires de l’Etat, et la compagnie des pompiers « dont M. le Curé était membre honoraire ». Au cours de ces funérailles, M. Plautin, Vicaire Général, a loué ce prêtre « qui a aimé avec passion la beauté de la maison de Dieu ; le pasteur qui s’est dévoué sans calcul pour ses ouailles, en particulier pour les humbles et les pauvres ; l’administrateur qui a su remplir tous les devoirs de sa charge et conserver toujours les meilleurs rapports avec les autorités civiles ».

Décès de Monsieur le chanoine Louis Georges Chandron, 12 février 1912

Louis Georges Chandron est né le 17 avril 1846 à Orange. Il fut ordonné prêtre le 21 août 1870 avec trois autres confrères. Comme beaucoup, c’est comme vicaire qu’il commença son ministère. Après Caromb, il fut vicaire à L’Isle-sur-la-Sorgue en 1872, puis vint à Avignon, d’abord à Saint-Symphorien en 1874 puis à Saint-Didier en 1878. « nombre d’Avignonais n’oublièrent jamais le vicaire dévoué et sympathique qu’ils avaient vu à l’œuvre ».

A partir de 1884, il fut successivement recteur de Richerenches puis de Caromb en 1886. Nommé curé de Cadenet en 1893 où il « gagne l’estime et le respect de tous, même les plus indifférents aux choses religieuses ».. Il fut ensuite transféré à Valréas en 1899, à Cavaillon en 1902, avant d’être nommé curé-archiprêtre de sa paroisse natale de Notre-Dame d’Orange.

En juin 1919, l’Archevêque qui avait en lui « l’un des collaborateurs les plus appréciés », l’avait distingué du titre de vicaire général honoraire.

« Partout, le passage de M. le chanoine Chandron fut marqué par une action salutaire et continue. Rien n’était négligé de sa part pour développer le bien surnaturel de ses ouailles : Congrégations, Ecoles, Œuvres, brillaient sous son administration. Et partout, la maison de Dieu lui dut des embellissements considérables ».

 

abbé Bruno GERTHOUX
Archiviste

Nouvelle évangélisation> Le pape François secoue et réveille les couples !

Être couple parrain pour la Journée des Fiancés 2022, ou comment « évangéliser local » !

Entre les deux synodes sur la famille, devant des milliers de couples du monde entier rassemblés à Rome en 2015, le pape François a lancé avec force cet appel solennel : « J’invite les couples à la mission »[1], tout en rappelant que le sacrement de mariage est véritablement une vocation consacrée et missionnaire.

C’est pourquoi le Pape nous mobilise pour partager à des jeunes, à des fiancés ou à d’autres, notre expérience de couple transformé par le Christ :

la mission du couple ne consiste pas pour le Pape à exposer des justifications de la foi, encore moins à prodiguer des conseils ou des leçons de morale, mais avant tout à se laisser saisir par un débordement d’amour et de compassion avec le désir humble et assumé d’inviter et de conduire à la rencontre du Christ sauveur et consolateur.

Le Pape encourage ceux qui ont « la hardiesse de se secouer, de sortir du petit cercle des parfaits, de se réveiller de leur torpeur ». Les époux sont en effet pour lui « souvent les mieux placés pour annoncer l’Évangile » car ils sont tous les jours au contact des non-croyants, ils parlent le même langage, les comprennent leurs attentes, leurs problèmes, leurs questions…

Bref ! Si nous ne faisons pas le « job », qui le fera ?

Alors, n’hésitez plus et venez transmettre aux jeunes le bonheur de s’engager dans le mariage chrétien, nous avons besoin de vous pour être parrains à la prochaine Journée des fiancés !

L’an passé, pour les deux Journées des Fiancés, la formule était un peu insolite : les fiancés dans l’église, les parrains chez eux en direct, des rencontres en visioconférence avant et après.

Vous, couples parrains, avez prouvé que sous la conduite de l’Esprit Saint, la créativité n’était pas vraiment confinée.

Cette année, dans le respect des consignes sanitaires, nous nous retrouverons tous, couples de fiancés, de parrains, témoins et serviteurs, pour une journée entière. Comme précédemment, nous serons accueillis par l’établissement Champfleury pour la journée et la paroisse Saint-Ruf pour la célébration de clôture.

Les fiancés ont pour beaucoup été malmenés : mariages reportés, relations familiales parfois tendues. Et il est bien temps de remettre le Christ au coeur de leur projet de mariage. Vous, parrains bénévoles en êtes les témoins privilégiés. En effet, lors des temps précieux en petits groupes, vous permettez l’expression des difficultés, les questionnements de toute sorte et l’espace de sécurité grâce auquel la parole est libérée.

Alors, n’hésitez plus et venez transmettre aux jeunes le bonheur de s’engager dans le mariage chrétien !

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[1]. Discours du pape François aux participants à la rencontre organisée par les Équipes Notre-Dame, le 10 septembre 2015.

Patrimoine> Carpentras : décédé depuis 265 ans, il assiste toujours à la messe !

Entrez dans l’ancienne cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras par le grand portail et arrêtez-vous au bout de quelques pas. À gauche, levez les yeux au-dessus de la chapelle saint-Jean-Baptiste. Plus haut ! Encore plus haut ! Presque au niveau de la voûte. À une quinzaine de mètres de haut, collés à la paroi, deux corbeaux baroques de pierre blonde, arrondis et joliment ouvragés, supportent sur de belles poutres une élégante petite construction de bois sombre percée de deux fenêtres carrées en façade et d’une autre de chaque côté.Je sors le zoom de mon appareil photo… c’est plutôt sombre, la mise au point n’est pas facile. Une fenêtre est ouverte… Nom d’une pipe, il y a quelqu’un à la fenêtre !Je me déplace pour être bien en face, je grossis au maximum : c’est bien un buste d’homme ! Un col de dentelle blanche en baptiste finement plissée et amidonnée, une capeline très monsignore, une croix pectorale, un crâne un peu dégarni encadré de cheveux frisés sur les côtés… Ça y est, je le reconnais… J’ai déjà vu sa tête sur la statue de bronze devant l’Hôtel Dieu : c’est Monseigneur d’Inguimbert, l’évêque bienfaiteur de Carpentras, le mécène qui a légué sa splendide librairie musée à la ville, qui a construit l’Hôtel Dieu et la chapelle de Notre-Dame de Santé…

Mais que fait-il là si haut perché ? Je mène ma petite enquête par internet à la Bibliothèque nationale. Bonne pioche ! J’y télécharge une notice de l’Abbé R… publiée à Cavaillon en 1867 : une biographie sur Joseph Dominique d’Inguimbert (1683-1757). Je passe une après-midi délicieuse sur les 355 pages (eh, oui ! quand même…) de cette mine de renseignements.

Fils de bonne famille de Carpentras, très bon élève chez les Jésuites de la ville, brillant élève chez les dominicains de Paris où il finit par prononcer ses vœux, Joseph Dominique part en Italie, abandonne la robe blanche des dominicains pour la brune des trappistes florentins et y prend en «  religion  » le prénom de Malachie – comme le prophète. Faut-il y voir une indication sur sa personnalité ? Malachie est le dernier prophète de l’Ancien Testament. Après lui et pendant 500 ans, Dieu ne parlera plus à son peuple jusqu’à Jean le Baptiste. Malachie signifie « Messager » en hébreu, celui qui répand la parole de Dieu… tout un programme pour notre futur évêque.

Quoi qu’il en soit, Inguimbert ne passera que deux ans chez les Trappistes, le temps d’en devenir l’Abbé Dom Malachie. Car son esprit, son érudition, son entregent le font réclamer à Rome où il devient le bibliothécaire préféré des cardinaux. Enfin, il sera choisi comme évêque de Carpentras, puis comme « recteur » du Comtat. Il résidait dans son palais épiscopal mitoyen de sa cathédrale et aujourd’hui mairie.Dans les combles de son palais, il disposait d’un petit bureau très bien chauffé où il passait de longues heures de travail et d’étude. Mais pour aller prier dans sa cathédrale, il était obligé de sortir dans la rue et d’y souffrir la canicule en été, et le Mistral ou la pluie en hiver. Il avait donc fait percer une porte dans la muraille séparant l’église du palais et construire sur la paroi de la nef cette loggia de bois que nous voyons encore aujourd’hui. Malachie pouvait dès lors accéder directement dans la nef sans sortir de son bureau et prier dans sa loggia de bois confortablement chauffée par le bureau. Apparemment, c’était un frileux très exigeant sur son confort !

Dans sa Notice, le bon Abbé R… providence des érudits, nous donne les précisions suivantes sur cette histoire :

« À ces exercices du devoir et à toutes ces pieuses pratiques, il ajoutait celle de lire tous les matins un chapitre de l’Imitation de Jésus-Christ. De dire l’Angélus trois fois chaque jour au son de la cloche, et de réciter tous les soirs le chapelet ; il passait la plus grande partie de sa journée, soit dans l’étroite cellule que l’on voit encore au comble du palais, soit dans la modeste tribune qui est à côté, et qui prend jour dans l’église Saint-Siffrein, au-dessus de la chapelle de Saint-Jean. Là, il se livrait à l’étude ; ici, il priait Notre-Seigneur Jésus-Christ, lui parlant cœur à cœur comme il avait fait le matin au saint autel. Toutefois, le pieux prélat ne se contentait pas de faire société au divin Maître, sans avoir d’autres témoins de sa dévotion que les anges. Mais comme la flamme tend sans cesse à se faire jour, à s’étendre et à s’élever, ainsi il ne pouvait comprimer ce feu de l’amour divin dont son cœur était embrasé. »

Je ne sais pas qui a eu cette bonne idée de placer le buste de notre Monseigneur dans sa loggia, mais en ces temps iconoclastes de destruction de statues et de dénigrement de personnalités, il est réconfortant de voir associé – par buste interposé - le souvenir de ce grand évêque à cette cathédrale qu’il avait tant aimée.

Pour terminer en beauté cette magnifique après-midi glaciale, je suis allé rendre visite au superbe tombeau de Mgr d’Inguimbert dans la chapelle baroque de l’Hôtel-Dieu qu’il avait fait construire. Cette chapelle est un vrai frigidaire ! J’ai bien cru y périr de froid… et je suis donc très content que ce défunt si frileux, allongé dans cette chapelle si froide puisse continuer à suivre au chaud dans sa loggia les offices de sa cathédrale : il l’a bien mérité !

François-Marie LEGOEUIL