Comme le chef-d’œuvre manifeste le génie de son artiste et lui rend gloire, de même la Création toute entière rend gloire à son Auteur. C’est la vocation naturelle de l’Univers de glorifier son Créateur dans une véritable « liturgie cosmique ». Et l’Homme a reçu gratuitement du Seigneur une dignité supérieure, une vocation surnaturelle. Il est créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » pour participer à la Vie divine et glorifier Dieu « de l’intérieur ».
Voilà le sens de notre existence, notre vie est orientée de façon dynamique vers la communion à la Béatitude trinitaire. Mais survient le drame du péché dans l’histoire de la famille humaine. Par le mauvais usage de sa liberté, l’homme se détourne de Dieu et se prive ainsi lui-même de son Bien suprême. Avec le péché, l’homme a perdu le don de la Grâce. Le péché entraîne aussi un désordre dans l’ensemble de la Création : le Mal et son cortège d’injustices entrent dans le monde et le remplissent de non-sens.
Face à ce malheur qui blesse toute la famille humaine, le Seigneur, dans sa Miséricorde, décide de restaurer son œuvre abîmée par l’orgueil des hommes. Dieu le Père envoie son Fils unique, le Verbe éternel, pour pardonner les péchés et rétablir l’homme dans l’amitié avec Dieu. Dans le mystère de l’Incarnation, le Fils de Dieu se fait homme (sans cesser d’être Dieu) pour que l’homme reçoive de Lui la Vie divine. C’est précisément pour la réalisation de l’Incarnation et son œuvre rédemptrice que le Seigneur a prédestiné Marie.
Dans l’œuvre du Fils :
L’existence de Marie est totalement relative à la réalisation de l’Incarnation du Sauveur. Par sa maternité, Marie rattache le Fils de Dieu à la famille humaine. On peut dire en toute vérité que, grâce à elle, le Fils de Dieu est devenu notre frère en humanité (pour faire de nous, en Lui, des fils adoptifs de Dieu).
En choisissant de naître dans le sein d’une fille d’Ève, le Sauveur ne devait pourtant pas contracter la blessure du péché originel. La Sagesse divine a donc préordonné toutes les grâces nécessaires pour conformer l’être de Marie à sa mission divine. L’immaculée conception concerne la sainteté initiale de Marie en prévision de sa maternité future. Marie doit être mystérieusement préparée par la Providence pour devenir la digne mère du Sauveur.
L’Immaculée Conception est un mystère de Miséricorde : dès le premier instant de sa conception, la Très Sainte Vierge Marie a été préservée du péché originel et a reçu le don de la grâce sanctifiante. Elle a été conçue dans l’état de sainteté, elle a été habitée par le Saint Esprit et élevée à la Vie divine dès la création de son âme.
Précisons que la « Toute Sainte » n’a pas été créée dans l’état de Justice originelle (l’état d’Adam et Ève avant le péché) mais dans l’état de grâce de Rédemption, par anticipation des mérites du sacrifice de son Fils. Marie est chronologiquement et ontologiquement la première bénéficiaire de l’œuvre divinisatrice du Christ, par un effet rétroactif du mystère de la Croix. La mère du Sauveur n’a jamais connu le péché, par une grâce spéciale de son Fils qui a voulu la préserver de toute souillure, pour la rendre toute belle.
L’Immaculée est le chef-d’œuvre de la Miséricorde divine et sa sainteté inaugure la Création nouvelle dans le Christ. En Marie, le Seigneur a préfiguré l’Église, l’Épouse du Christ, sans tache ni ride, toute resplendissante de beauté.