L’âne chargé de reliques

5 novembre 2023

Un baudet chargé de reliques

S’imagina qu’on l’adorait

Dans ce penser il se carrait

Recevant comme siens l’encens et les cantiques.

Quelqu’un vit l’erreur, et lui dit :

« Maître baudet, ôtez-vous de l’esprit

Une vanité si folle.

Ce n’est pas vous, c’est l’idole,

A qui cet honneur se rend,

Et que la gloire en est due »

D’un magistrat ignorant

C’est la robe qu’on salue.

La Fontaine Livre V fable 14

 

   Jésus a souvent rappelé que Dieu voit dans le secret des cœurs ce qui ne se voit pas ou n’a pas être vu aux yeux des hommes. Il reproche souvent l’ostentation, ceux qui se prient au croisement des chemins pour être bien vus de leurs concitoyens (cf. Mt 6,5-6) ; les riches qui viennent en grandes pompes déposer de leur superflu dans le trésor du Temple (cf. Lc 21) ; ceux qui corrigent les défauts de leurs frères sans voir les leurs qui sont plus importants (cf. Lc 6,41-42). Rien n’a changé aujourd’hui encore… Cela ne signifie pas qu’il faille absolument cacher ses dévotions pour être chrétien, si c’était le cas toute évangélisation serait impossible ; mais Jésus nous invite à davantage d’objectivité en mesurant nos qualités avec la même sévérité que nous jugeons les qualités de nos frères et sœurs. Ne pas se parer de titres prestigieux s’ils ne correspondent pas à une réalité vécue.

   Ne pas se faire appeler « Père » (avec une majuscule) s’identifiant ainsi au Père céleste, mais un enfant a tout à fait le droit – le devoir – d’appeler celui qui lui a donné la vie et/ou qui l’a élevé de ce nom ; Ne pas se faire appeler « Maître » car les hommes et femmes que nous côtoyons ne sont pas nos esclaves mais des frères et sœurs à aimer et, si nous avons une responsabilité sur eux c’est un service et non un pouvoir ; Ne pas se faire appeler « Rabbi » (enseignants) car ce que nous transmettons avec les moyens qui nous sont donnés ne vient pas de nous mais de la révélation : « La Parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous » (Th 9,13).

   En s’adressant à disciples, Jésus leur propose un examen de conscience sur leur vie quotidienne et sur leur façon de concrétiser la Bonne Nouvelle qu’il leur annonce : « Vous m’appelez « Maître » et « Seigneur », et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13,13-15).

Abbé Frédéric Fermanel