La transformation pastorale et la démarche synodale 3e extrait

28 janvier 2022

Les laïcs dans l’Église : de la collaboration à la coresponsabilité

Poursuivons notre lecture du Pape Benoît XVI. Ces propos sont tirés d’un discours à l’ouverture du Congrès Ecclésial 2009 du diocèse de Rome. Il aborde avec sa clarté pédagogique et sa hauteur théologique un enjeu majeur : la coresponsabilité.

Voici le 3e extrait :

 Au lendemain du Concile cette doctrine ecclésiologique a trouvé un large accueil, et grâce à Dieu de nombreux fruits de bien ont mûri dans la communauté chrétienne. Nous devons cependant également rappeler que la réception de cette doctrine dans la pratique et son assimilation conséquente dans le tissu de la conscience ecclésiale, n’ont pas toujours eu lieu partout sans difficulté et selon une juste interprétation. Comme j’ai eu l’occasion de le clarifier dans le discours à la Curie romaine du 22 décembre 2005, un courant interprétatif, se réclamant d’un présumé « esprit du Concile », a cherché à établir une discontinuité et même une opposition entre l’Église d’avant et l’Église d’après le Concile, en franchissant parfois les limites objectivement existantes entre le ministère hiérarchique et les responsabilités des laïcs dans l’Église.

La notion de « Peuple de Dieu », en particulier, fut interprétée par certains selon une vision purement sociologique, avec une optique presque uniquement horizontale, qui excluait la référence verticale à Dieu. Une position qui était ouvertement en opposition avec la parole et avec l’esprit du Concile, qui n’a pas voulu une rupture, une autre Église, mais un renouveau véritable et profond, dans la continuité, de l’unique sujet Église, qui croît dans le temps et se développe, en restant cependant toujours identique, unique sujet du Peuple de Dieu en pèlerinage.

En deuxième lieu, il faut reconnaître que le réveil d’énergies spirituelles et pastorales au cours de ces années n’a pas toujours produit la croissance et le développement désirés. On doit en effet constater que dans certaines communautés ecclésiales, à une période de ferveur et d’initiative, a succédé un temps d’affaiblissement de l’engagement, une situation de lassitude, parfois même

de stagnation, et également de résistance et de contradiction entre la doctrine conciliaire et différents concepts formulés au nom du Concile, mais en réalité opposés à son esprit et à sa lettre. C’est également pour cette raison que l’assemblée ordinaire du synode des évêques de 1987 a été consacrée au thème de la vocation et de la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde.

Ce fait nous dit que les pages lumineuses consacrées par le Concile au laïcat n’avaient pas encore été suffisamment traduites et réalisées dans la conscience des catholiques et dans la pratique pastorale. D’une part, il existe encore la tendance à identifier unilatéralement l’Église avec la hiérarchie, en oubliant la responsabilité commune, la mission commune du Peuple de Dieu, que nous sommes tous dans le Christ. De l’autre, persiste également la tendance à concevoir le Peuple de Dieu, comme je l’ai déjà dit, selon une idée purement sociologique ou politique, en oubliant la nouveauté et la spécificité de ce peuple qui devient peuple uniquement dans la communion avec le Christ.

(A suivre…)