La vraie vigne

3 mai 2012

Le temps pascal, pour nous apprendre à rencontrer le Ressuscité.
Après l’allégorie du bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, celle
de la vigne qui nous dit ce qu’est l’Église, présence continuée du Ressuscité dans le temps de l’histoire.

Car, il nous l’a dit lui-même, c’est lui, « la vraie vigne », celle qui porte du fruit et non pas des épines, mais qui, pour cela, doit sans cesse être taillée, amendée, par le vigneron. Le vigneron, c’est aussi lui, le Fils, qui avec son Père, travaille toujours dans l’unité de l’Esprit. Oui, comme le commente saint Augustin (Traité 80 sur saint Jean), la vigne est humaine et le vigneron divin.

Mais, si le Christ est la vraie vigne, c’est par la vérité de son humanité ; c’est parce qu’il est venu nous prendre avec lui afin que nous soyons là où il est. Non pas où il était, quand il vivait en Palestine, mais, depuis qu’il est ressuscité, partout, jusqu’au bout du monde, frappant à la porte de tout homme, jusqu’à la fin des temps, pour l’inviter à venir lui aussi travailler à sa vigne. Et d’abord pour que chacun se laisse travailler, transformer, purifier de son péché. Car l’Église est un espace de transformation. Loin de se réduire à nous faire entrer dans un club de privilégiés, le baptême est
rupture avec le péché, une rupture à reprendre chaque jour tellement est forte sur nous l’emprise de l’esprit du monde.

Ce qui veut dire que l’Église ne se réduit pas à cette institution qui, depuis maintenant vingt siècles, a fait ce qu’elle a pu, et parfois bien mal, avec les moyens de ce monde, pour conserver son unité. Elle a une face cachée et elle vit de cette face cachée qui est d’être pour les hommes de ce temps, dans le secret de Dieu, un lieu de sanctification permanente : cet espace de communion, le « Corps du Christ », où l’on peut, ensemble, avec d’autres également appelés, se brancher sur la vie même de Dieu, une vie que chaque sarment tire du cep auquel il est lié et dont il ne peut se couper sans perdre vie.

Mais chaque sarment ne peut porter du fruit qu’en se laissant tailler, travailler, par le vigneron. Essentiellement, par la parole que le Fils nous a laissée avant de passer la mort : la consigne de demeurer en lui comme il demeure en nous, une parole qui ne peut que brûler le coeur de ceux qu’elle a touchés. Oui, demeurer en lui comme lui demeure en nous,
c’est accepter, avec lui, de passer la mort pour renaître à la vraie vie ; c’est réactualiser chaque jour le mystère de notre baptême qui a été de mourir au péché pour renaître à la vie qui dure toujours.
Et pour ce travail incessant, qui n’est jamais sans effets sur les autres, ni sans leur en être un tant soit peu redevable, il n’est pas trop de toute une vie.

Jean Mallein
Extrait de la Lettre d’Information du Diocèse d’Avignon, 2 mai 2012