Laetare

10 avril 2011

Quatrième dimanche de Carême : ce jour manifeste la joie avec le beau nom qui est le sien dans l’antique tradition de l’Eglise : « Laetare », et par ses vêtements liturgiques « couleur d’aurore ».
Comme dans le « Gaudete » du milieu de l’Avent, nous faisons une pause ; les
fleurs et les ornements musicaux peuvent ce jour-là nous réjouir à nouveau :
« Laetare Jerusalem... et conventum facite omnes qui diligitis éam... » "Réjouis-toi
Jérusalem ! Et rassemblez-vous tous, vous qui l’aimez...".

Le temps de pénitence n’est pas achevé, et Pâques est encore loin, au-delà de la Passion à venir, mais à l’éclat du dimanche normal, jour du Seigneur, s’ajoute ici la volonté de se donner du courage pour parcourir le dernier chemin, la dernière « montée ».
 
Cependant, avons-nous bien le coeur à nous réjouir, par les temps qui courent ? Quels motifs de joie pouvons-nous invoquer, en cette période de
bouleversements et de catastrophes qui égrène autour de nous tant de deuils, de douleurs, d’échecs, et d’inquiétudes pour l’avenir ?
Nous ressentons grande tristesse et compassion envers tous ceux qui ont été frappés : le Japon aux prises avec des cataclysmes majeurs, la Libye déchirée, la Côte d’Ivoire aux portes de la guerre civile, d’autres pays encore hantés par des conflits meurtriers déclarés, latents ou sporadiques... Mais il nous faut aujourd’hui essayer de dépasser les souffrances et les angoisses... faire surgir une source de joie, malgré tout, par la foi, l’espérance et la charité.

Foi qui nous fait croire intrépidement en l’amour de Dieu pour les hommes quoi qu’il nous arrive – il ne nous punit pas, il ne nous donne pas de leçons par de terribles châtiments, il regarde avec tendresse et pitié nos erreurs, nos imprudences, nos choix discutables, nos passions, tout ce qui entrave notre « marche en avant » et nous éloigne de la sagesse qui - souvent -
nous épargnerait tant de peines et de chagrins ! Oui, Dieu nous console, nous porte, et maintient nos souffles, en ces moments où les désastres semblent trop grands pour nous, dans un monde qui nous broie.

Espérance, espérance ! Parce que la solidarité et la fraternité sont actives, qu’elles tissent des liens incomparables en ces temps de malheur. Espérance aussi pour les révolutions qui viendront en terre musulmane ou ailleurs, et qui donneront des fruits de liberté aux hommes épris de justice, aux artisans de paix...

Amour enfin, transmis par tous ceux qui cherchent Dieu en transcendance mais aussi parmi les hommes : par toi vient la joie, frère Franklin Armand, qui relèves inlassablement Haïti de ses cendres, et donnes toutes tes forces pour la dignité d’un peuple « naufragé » ; par toi aussi, Marie-Noëlle, qui tends la main aux handicapés mentaux comme à des frères, qui crois en eux
et bâtis pour eux un accueil « citoyen » ; par vous tous enfin, qui vous souciez des exclus sans le dire et sans qu’on le sache : laetare !

Et puisque nous sommes encore tout près de la date anniversaire, joie de nous souvenir d’un vieil homme exténué mais « accroché au Christ » de toutes ses dernières forces : Jean-Paul II, né au ciel le 2 avril 2005. Avec les saints et les bienheureux de tous les temps, il nous dit de ne pas avoir peur, il nous aime, et il nous bénit !