Laisser au Christ la première place

30 juillet 2022

Je me souviens avec émotion de la première fois où j’ai pris la mesure du rôle, de la place et de la mission du prêtre, telle qu’elle se dévoile d’une manière particulière et significative, lors de la célébration de la messe. J’étais alors à Bollène, au moment de la consécration, à genoux ; j’entendis alors la voix du prêtre, l’abbé Jean-Pierre Saurel. A mes oreilles, c’était bien sa voix que j’entendais et reconnaissais, et cependant, dans la foi, je reconnaissais les paroles du Christ. Ce n’est pas Jean-Pierre Saurel qui , par magie, faisait que le pain et le vin devenaient le Corps et le Sang du Christ, mais par lui, en répétant les paroles que le Seigneur nous a laissées, et faisant ce qu’il nous a dit de faire en mémoire de lui, le Christ lui-même, par le sacrement de l’ordre, continuait à donner sa vie, son Corps et son Sang, à son peuple, pour le sauver et le faire vivre.

Ce n’est pas rien ! Comme prêtre, nous ne sommes pas le Christ – ce serait un abus dangereux de le penser – et cependant, par le sacrement de l’Ordre, évêques, prêtres et diacres, le Christ Bon Pasteur continue à prendre soin du Peuple de Dieu, par l’annonce de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements et la conduite de ce peuple, aujourd’hui, maintenant. Ce n’est pas une représentation du passé, c’est la manifestation actuelle de la réalité de la grâce pour nous.

A la fois, chaque prêtre doit être lui-même, avec son histoire, ses qualités et ses défauts, ses mérites et ses péchés, et à la fois, tout cela ne doit pas être un obstacle, mais se mettre au service du Christ et de sa grâce. Toute la liturgie nous aide à cela : les vêtements dont nous sommes revêtus, les rites transmis en Eglise par la Tradition que nous accomplissons, les prières et paroles que nous prononçons. En tout cela, nous mettons ce que nous sommes, au service du Christ, nous revêtons le Christ, pour le bien et le Salut du Peuple de Dieu. En tout cela, nous laissons au Christ la première place, sans pour autant nous-mêmes disparaître. Par la liturgie, qui ne nous appartient pas et que nous recevons comme un dépôt de la foi, nous nous mettons au service du Christ,

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades