Lazare et le riche

25 septembre 2022

  La parabole de ce dimanche repose finalement sur un seul mot, ce petit mot qui voulait dire tellement pour Jésus : Père. Lazare et le riche ont le même Père. Ce père qui dit « mon enfant »… Comme souvent les pères dans les paraboles, Abraham nous parle ici de Celui qui est « notre Père » (Mt 6,9). Jésus pose une question simple : Comment vivons-nous cette fraternité ? Comment inscrivons cette dimension de l’aide fraternelle dans nos vies ? Si nous sommes de ceux qui ont des ressources, quelle part en donnons-nous à des frères en détresse, où qu’ils soient ? Si nous avons du temps, en donnons-nous à ceux qui vivent dans la solitude ? 

  Ne soyons pas de ces riches qui s’isolent dans leur richesse comme celui de la parabole, aussi sûrement qu’un grand abîme infranchissable. Si infranchissable que le riche, quand il appelle Abraham, continue de se comporter en maître en demandant à Abraham d’ordonner à Lazare de lui porter de l’eau. Or Lazare est à côté d’Abraham, tout près de lui, sur un pied d’égalité…et ils attendent Jésus. Ils attendent la résurrection de Jésus pour se réjouir avec le Père. 

  Que va changer la résurrection de Jésus à la situation de ce riche ? Et pour les pauvres et pour nous dans le même temps ? Tout ! Comme le dit Paul, Dieu le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l’immortalité, lui qui habite la lumière, fait paraître Jésus jusqu’à la porte de la fournaise. Ni Abraham, ni Lazare ne le pouvait, mais Jésus franchit l’abîme. Cependant, il vient encore comme un pauvre, tel qu’il était sur la croix, nu, exposé, blessé, tout comme Lazare était devant la porte. Ce riche, que chacun de nous est aussi parfois, saura-t-il être davantage attentif à ce pauvre qui arrive et qui demande à boire ? Saura-t-il écouter l’élan d’amour qui sort du plus profond de lui-même, de ces lieux morts d’où plus rien ne montait, pour accomplir ce geste qui sauve ? 

  Il nous faut découvrir qu’être vivant, c’est être relié à la vie du Père, par-delà l’abîme de nos morts et de nos maux, par le pont qu’est le Christ, c’est sentir battre en soi un coeur renouvelé par le pardon, cet amour qui traverse l’abîme, vivant l’amour du Père pour tous, manifesté dans la résurrection du Christ, tout spécialement pour ceux qui souffrent, et aussi pour les pauvres qui ne vivent que de son amour, sans oublier les pécheurs enfermés dans leurs richesses et qui meurent d’isolement. 

  Et nous apprendrons à vivre comme Paul nous y invite, à marcher ensemble à la suite de Jésus, à vivre comme lui, dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur, capables de construire ensemble un monde plus juste et plus paisible.

Abbé Frédéric Fermanel