Le chemin des estives, de Charles Wright

30 décembre 2021

Après avoir fréquenté les cabinets ministériels, les maisons d’édition et les rédactions de journaux, l’idée m’est venue de loucher du côté religieux. Il me semblait que la vie d’un mortel ne consiste pas seulement à produire et à consommer. Je trouvais que se vouer à la recherche de l’absolu n’était pas moins noble que faire carrière dans le conseil ou la com’.
Et puis j’avais le vague pressentiment que la soif qui me tourmentait, rien ni personne ne pourrait l’étancher, si ce n’est l’eau vive et fraîche que le Christ donne à la Samaritaine… »

Voilà comment notre auteur, postulant chez les jésuites après sa conversion, se retrouve pendant plusieurs semaines d’été sur les chemins de la France profonde, sorti des radars, sans portable ni carte bancaire, à mendier son pain… mis à nu et abandonné à la seule Providence .

Et c’est tout naturellement qu’il rejoint ses frères d’âmes, notamment Charles de Foucauld et Arthur Rimbaud, ces vagabonds célestes, dans sa quête vers la source intarissable.

L’imitation de Jésus Christ, son livre de chevet, lui inspire également de profondes réflexions sur la véritable liberté qu’il expérimente par ce dénuement et le décentrement de lui même.

Il apprend également à se mettre à l’écoute des gens qu’il rencontre et découvre dans cette diagonale du vide, cette France oubliée, une nouvelle misère, l’acédie, cette maladie de l’âme qui les prive d’espérance et de toute joie spirituelle.

Pourquoi, se demande t-il alors, les églises ont-elles cessé un jour d’être des torches pour réchauffer les cœurs ? Pourquoi le christianisme est-il devenu une langue morte dont les mots usés ne parlent plus à nos contemporains ?

J’aimerais tellement dire à Henry que la religion qu’il a rejetée n’est pas le christianisme mais sa caricature ! Que suivre les pas du Galiléen ne consiste pas à s’enliser dans les ornières dogmatiques ni à s’adonner à une passion triste. Que le christianisme enfin, n’est pas une morale ou une idéologie, mais une voie de transformation de l’être, une doctrine de l’éveil, un chemin de liberté.. »

Dommage que l’auteur s’arrête au conditionnel !

En effet si on suit passionnément son récit, parsemé de magnifiques descriptions de paysages et de profondes réflexions, on regrette néanmoins que son parcours initiatique ne débouche sur une authentique vocation chrétienne centrée sur la mission qui se révèle tellement urgente dans cette société aphasique sur les questions existentielles…

Une vocation centrée sur l’amour, finalement, qui nécessiterait de renoncer à son indépendance, à laquelle l’auteur semble encore trop attaché. On se prend alors à espérer une suite !

Claudine DUPORT