Le dévouement du prêtre selon le pape François

15 janvier 2023

Dans son homélie prononcée à l’occasion des obsèques du pape émérite Benoît XVI, le Saint-Père relève trois facettes du ministère sacerdotal qui s’enracinent dans l’offrande du Christ Jésus « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Ces dernières, derrière lesquelles apparaît comme en filigrane la douceur sacerdotale de Benoît XVI, nous donnent à voir ce que le pape François perçoit de la beauté, de la richesse et de la fragilité du ministère des prêtres.

Un dévouement reconnaissant

Il nous arrive parfois de percevoir la réalité de la vie des prêtres au travers de critères d’efficacité. A tel point qu’il est fréquent de lire ici ou là dans la presse « catho » tel ou tel article sur la vie des prêtres soulignant leur inadéquation pour la mission. Ainsi, il n’est pas rare de voir émerger des propositions pour optimiser le ministère sacerdotal, pour rendre efficient le management d’une paroisse. Ces méthodes sont bonnes bien évidement pour autant qu’on les laisse à leur place de… méthodes. Et que l’on ne les érige pas en source du ministère sacerdotal. Il est bon de faire appel à l’expérience du monde de l’entreprise mais il n’est pas juste d’analyser tout le ministère du prêtre par ce prisme. Dans la période de crise du ministère que nous traversons, il peut être facile de glisser dans un fonctionnalisme qui ferait uniquement du prêtre un manager, un homme parfait, souriant, organisé, efficace, ayant réponse à tout. Il est bon d’entendre le Saint-Père nous rappeler qu’au travers de la vie du prêtre s’exprime : « la condescendance de Dieu et sa proximité capable de se placer dans les mains fragiles de ses disciples pour nourrir son peuple et dire avec lui : prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps, mon corps qui s’offre pour vous (cf. Lc 22, 19) ». Le Seigneur a choisi « des mains fragiles  » pour nourrir son peuple. Et le prêtre, conscient de sa fragilité, laisse son cœur de pasteur, année après année, être façonné par le Cœur de celui qui est l’unique Pasteur qui offre sa vie pour que le peuple ait la vie et l’ait en surabondance (Cf. Jn 10,10). Avec reconnaissance, il offre sa vie avec dévouement pour la partie du peuple qui lui est confiée, bien conscient que c’est dans sa faiblesse que se déploie la puissance de Dieu (Cf. 2 Co 12, 10).

Un dévouement priant

Il est évident que cette charge impressionne le pasteur : « pourquoi moi ? Il y en aurait eu des bien meilleurs que moi. ». C’est dans un cœur à cœur intime avec le Seigneur que jaillit la lumière pour retrouver la confiance dans l’appel reçu pour le suivre et prendre soin du troupeau confié. Le Saint-Père invite en ce sens les prêtres à « un dévouement priant, qui se façonne et s’affine silencieusement entre les carrefours et les contradictions que le pasteur doit affronter (cf. 1 P 1, 6-7) et l’invitation confiante à paître le troupeau (cf. Jn 21, 17) ». Entre « les carrefours », car dans notre monde marqué par un changement d’époque il n’y a pas de recette miracle pour la mission et qu’il y a des choix à poser en conscience pour le bien du peuple confié, dans une grande fidélité à l’Esprit Saint et dans une écoute attentive des baptisés. Entre «  les contradictions  », car la vie du prêtre n’est pas exempte de contradictions - à commencer par les siennes - et qui peuvent lui apparaître comme bien pesantes. Il doit apprendre à discerner, entre ces contradictions, là où le Bon-Pasteur veut l’emmener lui et le peuple. C’est bien au milieu de ces carrefours et de ces contradictions que le prêtre est à sa place. C’est précisément là que, soutenu par le cœur à cœur avec son Maître, le prêtre reçoit encore et encore « l’invitation confiante à paître le troupeau » qui nourrit son dévouement.

Un dévouement soutenu par la consolation de l’Esprit

Saint Paul proclame avec force que « tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8,14). La disponibilité à la consolation de l’Esprit Saint doit être au cœur de la vie du prêtre. Conscient de sa fragilité et de ses contradictions, celui qui a été appelé se souvient que cette douce consolation « le précède toujours dans la mission : dans la quête passionnée de communiquer la beauté et la joie de l’Évangile (cf. Exhort. Ap. Gaudete et exsultate, n. 57) ». Voilà le fruit d’un dévouement sacerdotal soutenu par la consolation de l’Esprit Saint : « la paix douloureuse mais solide qui n’agresse ni ne soumet ». C’est ainsi que peut s’accueillir et se vivre « l’espérance obstinée mais patiente que le Seigneur accomplira sa promesse, comme il l’avait promis à nos pères et à sa descendance à jamais (cf. Lc 1, 54-55). ».

Pour cette nouvelle année, puissions-nous, à l’invitation que nous lance Isaïe ce dimanche, vous les baptisés et nous les prêtres au service du déploiement de votre sacerdoce baptismal, nous soutenir sur ce chemin d’espérance et être « lumière pour les Nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49,6) !

Abbé Benoît Tartanson, vicaire de Montfavet