Le mal a l’âme - l’acédie, de la mélancolie à la joie, d’Alexandra Puppink Bortoli

1er novembre 2021

L’Acédie : kesako ?

Un mal vieux comme le monde, à tel point que les Pères du Désert l’avaient déjà diagnostiqué et avaient donné les principales pistes pour le combattre.

C’est d’ailleurs à partir de ces fines analyses de l’âme humaine fournies par les Pères, que va se baser l’auteur pour tenter à son tour de trouver des solutions à ce mal plus virulent que jamais.

L’acédie se situe au croisement de la philosophie, de la théologie et de la psychologie, car elle recouvre toutes les dimensions de l’homme : corps, esprit et âme.

Elle se traduit par un activisme désordonné ou une lassitude paralysante, par une tristesse sans raison, une instabilité chronique, et évolue souvent vers la dépression.

L’ère romantique en a donné des exemples typiques avec notamment le célèbre personnage de Madame Bovary. Mais elle atteint aujourd’hui son paroxysme, du fait que l’on ignore principalement la troisième composante de l’être humain : l’âme. En effet, c’est elle qui unifie l’être humain dans toutes ses composantes et donne sens à sa vie.

François Cheng avertit dans son livre « De l’âme » : sans âme et sans verticalité, le corps et l’esprit sont dans un impossible équilibre, ils poussent toujours plus loin les limites horizontales de leurs ambitions.

Georges Bernanos, quant à lui, accusait déjà la société moderne d’être « une conspiration à toute vie intérieure » . Or Aujourd’hui, à l’ère de la post modernité, cela a encore empiré !

Avec l’accélération du temps (par les moyens de communication) et la réduction de l’espace (par les moyens de transport ),

l’homme vit dans un tourbillon qui l’empêche de rentrer en lui même et de se poser les questions essentielles.

Par ailleurs, l’hyper-consommation n’est plus centrée sur nos besoins - nécessaires, qui peuvent par conséquent être assouvis - mais sur l’infinité de nos désirs, qui eux, ne le sont jamais.

« Le ciel que nous avons vidé de ses dieux, nous le repeuplons de nouvelles idoles qui, très souvent, nous laissent sur notre faim », nous dit l’auteur .

Nous vivons alors un sentiment toujours renouvelé de frustration, passant d’un plaisir éphémère à un autre sans jamais être comblés, succombant finalement à toutes sortes d’addictions, allant même jusqu’à provoquer la perte du désir : « Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie » chantait Johnny Hallyday.

Cette quête sans objet entraîne donc l’homme post-moderne dans un mouvement perpétuel sans but ni port d’attache. Cette perte de sens le conduit alors au relativisme ou au nihilisme, ce qui revient au même, car si tout se vaut, rien ne vaut…

L’homme se résout alors à un cynisme désabusé, au fameux « à quoi bon » qui résume, en définitive, l’acédie.

Ce malaise non identifié se transforme du coup en rancœur, et faute d’en trouver la véritable origine, l’homme se retourne alors trop souvent contre Dieu, qu’il accuse d’être responsable de tous ses maux... Alors que c’est justement Dieu, au contraire, qui est le seul à pouvoir répondre à son angoisse et combler sa soif d’amour !

Un titre de livre La Tristesse corrosive du désir de Dieu résume bien ce paradoxe proprement diabolique... Car l’acédie est bien une tentation du Malin, dont il faut se prémunir par les vertus d’humilité, de foi et d’abandon à la Miséricorde Divine.

Et, à l’exemple de Marie, consentir à sa vie, dire oui à Dieu pour ainsi connaître LA JOIE d’aimer et d’être aimé.

Claudine DUPORT