Le vote utile de l’élu

25 janvier 2012

Que sera 2012 ?

Je n’aurai pas la témérité de risquer un pronostic.

J’ai pourtant quelques certitudes : la campagne pour l’élection présidentielle nous offrira dans les mois à venir un florilège d’affrontements, de chocs et de combats. Chaque candidat vilipendera ses adversaires souvent caricaturés. Nous serons pris à témoin. Chacun fera appel à notre sens commun, à notre sensibilité, à notre jugement et nous affirmera que sa vision et ses analyses sont les plus pertinentes, les seules dignes de notre confiance. Chaque candidat, avec l’aide de ses conseillers en communication, soignera son image pour faire valoir la qualité de sa personne, son aptitude unique et incontournable à assumer la charge présidentielle.

Chacun de nous devra élaborer son opinion et forger son « intime conviction ».
Ce n’est pas un exercice facile dans la situation dans laquelle se trouvent notre pays, l’Europe et plus largement le monde et notre société contemporaine.

Aussi raisonné, aussi documenté, aussi précis et exigeant en ses fondements soit-il, mon choix comporte le risque de ne pas être bon. C’est le corollaire de l’exercice de la liberté, et l’élection est le privilège du libre choix. Mais mon choix est-il réellement libre ?

La libre élection

Une seule élection est, par essence même, absolument libre car
indépendante de toute contingence. Nul candidat, seulement des élus :
Pour être saints et immaculés [car] Tel fut le bon plaisir de [la
divine] volonté
(Ep 1, 4-5). À l’élection par l’Amour, nous sommes tous
vainqueurs, il n’y a pas de vaincu !

Nous voilà bien loin des joutes et des « combats de chefs », loin de la recherche de pouvoir, loin de la course à la gloire et au profit, loin des rivalités, loin des luttes intestines, des calculs, des rancoeurs, des rancunes et de la haine.

La promesse élective (non pas électorale), la seule réellement tenue, est La rédemption par [le] sang [du Christ], la rémission des fautes prodiguée en toute sagesse et intelligence [selon] le mystère de sa volonté (Ep 1, 7-9).
Cette incommensurable promesse est celle de notre Dieu Déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ (Ep 1, 5).

Voilà, c’est fait, nous sommes élus. Mandat nous est donné, ni pour un, ni pour deux quinquennats mais pour la vie éternelle.

Fils adoptif de Dieu !
Et pour la vie éternelle ! Oui, mais la vie éternelle, elle commence
ici, sur cette terre d’exil où il est souvent si difficile simplement de
vivre ou de vivre simplement !

Fils adoptif de Dieu !
Me suis-je jamais rendu compte de ce que cela
signifie ? Pourrais-je jamais mesurer de quoi il s’agit ? Suis-je
conscient de ce que cela induit pour moi ? Est-ce que je me rends compte
de l’amour infini dont je suis objet et sujet ? Comment puis-je si
souvent l’oublier ?

Fils adoptif de Dieu !
Comment pourrai-je me conduire, vivre en digne fils de Dieu ? « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive » (Mc 8,34). Jésus, le Fils de Dieu, me donne la réponse et m’indique la voie. Je prendrai donc ma croix : Tout simplement ma vie ordinaire, ma vie de chaque jour avec les joies et les peines vécues fidèlement dans la grâce reçue au quotidien de ce Dieu qui a fait de moi son fils d’adoption. Je ne nourrirai ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent, mais je garderai mon âme égale et silencieuse comme un petit enfant contre sa mère (Ps 130).

Le choix décisif

Et dans quelques mois j’entrerai dans l’isoloir pour voter pour le (la) candidat(e) que j’aurai choisi(e).
Au moment de glisser l’enveloppe dans l’urne je penserai peut-être que pour ma part je suis déjà élu fils adoptif de Dieu. Je me rappellerai peut-être aussi que mon Dieu se met à genoux devant moi pour me laver les pieds. Peut-être alors prendrai-je conscience de ce qu’en sortant, et quel que soit le résultat du vote, j’ai à élire le plus pauvre, le plus petit de mes frères par amour pour lui et pour mon Dieu ? Qu’il s’agit bien là de la principale élection, la seule où je ne risque pas de me tromper, la seule réponse du coeur à l’Amour, le seul vote qui me donnera la paix car mon choix entrera dans la volonté du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Seigneur, donne-moi la grâce de t’élire à chaque instant dans le plus humble de tes enfants.


Extrait du magazine "Eglise Diocésaine d’Avignon", janvier 2012