Naissance du premier bébé-médicament français : réactions

24 février 2011

Suite à la naissance du premier « bébé-médicament » français, nous publions ici quelques réactions qui éclairent le point de vue chrétien de cet évènement.

 
Le premier "bébé-médicament » français est né le 26 janvier 2011, à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, rapporte "Gènéthique", la synthèse de presse de la Fondation Lejeune. Pour le cardinal Vingt-Trois, c’est une "instrumentalisation d’un être humain au service des autres".
 
L’enfant est né après une fécondation in vitro et un double diagnostic préimplantatoire : l’un pour sélectionner un embryon exempt de la maladie grave qui touchait ses deux frères aînés, l’autre pour choisir un embryon compatible avec l’un des deux. Celui-ci, atteint de bêta-thalassémie, une grave maladie du sang, devrait être traité grâce à une greffe de sang de cordon ombilical de son petit frère. L’enfant a été prénommé Umut-Talha, ce qui signifie "notre espoir" en turc.
Cette première française est le fruit de la collaboration des équipes médicales et biologiques de l’hôpital Necker (Pr Arnold Munnich) et de l’hôpital Antoine Béclère (Pr René Frydman).

L’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, a dénoncé "l’instrumentalisation d’un être humain au service des autres". De son côté, Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien Démocrate, a déclaré : "En tant que tel, il [l’enfant] se posera toujours la question de savoir : est-ce que, véritablement, j’ai été voulu pour moi-même ? [...] Il y a une instrumentalisation, une sélection des embryons, ça me rappelle un certain nombre de philosophies eugéniques. On a franchi un pas extrêmement grave".

Le Pr Frydman, qui avait déclaré utiliser la naissance de trois enfants nés d’ovocytes congelés pour "contourner le blocage" de la France sur la vitrification d’ovocytes à l’approche de la révision de la loi, a annoncé la naissance de ce "bébé-médicamen" le jour du début de la révision de la loi de bioéthique à l’Assemblée nationale.
En effet, le DPI a été autorisé en France sous certaines conditions en 1994 et son application au "bébé-médicament" en 2004.
 
Source : Zenit.org
Sources : Le Quotidien du médecin (Stéphanie Hasendahl) 08/02/11 - Direct matin 08/02/11 - L’Express 07/02/11 - Le Figaro.fr (Pauline Fréour) 07/02/11 - France Soir 07/02/11 - Cyberpresse.ca 07/02/11 - Paris Match 08/02/11 - Le JDD.fr 08/02/11 - Libération 08/02/11
 
 
Bébé-médicament : ce que cache le coup publicitaire
 
Paris, le 08 février 2011
Tugdual Derville, délégué général de l’Alliance pour les Droits de la Vie, réagit à l’annonce de la naissance du premier bébé médicament français, la veille du débat parlementaire bioéthique.
 
"Nous ressentons un profond malaise devant ce qui reste un coup publicitaire assorti d’un habile plan de communication car on annonce évidemment cette première pour faire pression sur les parlementaires au moment même où s’engage l’examen du projet de loi.
Trois graves instrumentalisations associées à la technique du double DPI sont dissimulées :
  • exploitation de la souffrance liée à la maladie : déjà dix autres familles frappées par la maladie génétique ont vécu ce processus sans succès ; pour elles, le bébé-médicament s’est soldé par un faux espoir.
     
  • chosification de la vie humaine : il a fallu concevoir de nombreux embryons pour que naisse celui prénommé "Notre espoir". Comment justifier le tri et la destruction de tant d’êtres humains, au motif qu’ils n’étaient pas immunologiquement "compatibles" avec leurs aînés ?
     
  • instrumentalisation d’un nouveau-né qui porte une mission inhumaine : il a été conçu, non pas pour lui-même, mais pour un autre. C’est une grave atteinte à sa dignité avec de forts risques de séquelles psychologiques, notamment s’il déçoit.
Tout cela est d’autant plus contestable qu’il existe une alternative éthique et démocratique à ces manipulations : l’utilisation du sang de cordon puisé dans le stock français et international existant. C’est l’occasion de rappeler le retard de la France dans ce domaine alors que 820 000 naissances permettraient largement de répondre aux besoins de greffons compatibles.
Sous couvert de la louable intention de guérir un enfant, on a sélectionné un frère selon l’objectif qu’on a voulu lui assigner, et on a détruit d’autres frères et sœurs, qui n’étaient pas conformes à ce projet. C’est une forme particulièrement pernicieuse d’eugénisme."