Objection de conscience

10 juin 2011

Thierry Aillet, Directeur diocésain de l’enseignement catholique, réagit à l’introduction de la théorie du gender dans les manuels de lycée à la rentrée 2011.

Dans le crépuscule des civilisations, les vices et déviances les plus aberrants commencent à marauder la fantaisie des hommes comme les mouches tournoient autour du purin.
 
Chesterton le disait bien : « il arrive un moment dans la routine d’une civilisation où l’homme recherche les péchés les plus complexes ou les obscénités les plus criardes comme stimulants à leur répugnante sensibilité. Ils cherchent à poignarder leurs sens vitaux. Ils errent dans leurs propres rêves et cherchent à se réveiller les uns les autres avec des cauchemars. »
 
La presse regorge de faits divers nauséabonds qu’elle exhibe. Elle exprime mieux qu’un traité d’anthologie l’agonie de la civilisation occidentale.
Pas une semaine où la police ne démantèle un réseau de pornographie infantile et ne mette sous les verrous des centaines d’individus qui s’échangent à travers internet des images ou vidéos mettant en scène des enfants voire des bébés soumis aux sévices les plus aberrants ; et chaque fois que cela arrive, nous nous indignons tous et réclamons la peine la plus sévère.
 
Annonces d’invitation à toutes les déviances sexuelles dans nos quotidiens régionaux (pub de club échangistes, gay, lesbienne ou invitation à tous les vagabondages sexuels à côté d’actes de naissance, de mariage ou de décès).
 
Des personnalités politiques en charge du bien commun, de l’écologie, de la culture peuvent sans que personne n’y puisse redire raconter leurs « aventures » et osent sans vergogne donner des leçons de morale.
 
D’une part on trouve qu’avant de naître les enfants sont relégués à la condition de ‘amas de cellules’ sur lesquels nous nous sommes octroyés un droit de disposition absolue qui intègre sa destruction physique ; et d’autre part nous découvrons que les enfants une fois nés, sont soumis à des agressions diverses qui programment leur destruction spirituelle.
Personne cependant ne prend la peine de décrire vraiment ce bouillon de culture, peut être parce que, le faisant, nous nous verrions obligés de le reconnaître nôtre.
Mais en fait quels ingrédients pour ce bouillon de culture ?
 
Dans cette guerre sans miséricorde contre l’enfance et contre l’éducation tout est bon, à partir du moment où elle revêt le costume trois pièces des sacrosaints droits et libertés si bien défendus par le planning familial, SOS homophobie, la HALDE, la CEDH… Dans nos établissements scolaires, grâce à nos politiques, on oblige notre jeunesse à recevoir un endoctrinement idéologique impressionnant qui distille le venin de ce qu’on appelle la « Théorie du Genre », tout cela naturellement, afin qu’elle puisse vivre pleinement « sa liberté sexuelle ».
 
Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, envoie à tous les chefs d’établissement de collèges et lycées, dans un cadre qu’il a le toupet d’appeler éducation à la sexualité, un courrier qui accompagne un kit de communication du dispositif Ligne Azur pour lutter, je cite , « contre les préjugés sexistes ou homophobes. Je suis convaincu que, tout en se gardant d’intervenir dans l’intimité de chacun, ce dispositif répond à un besoin, tant des élèves qui s’interrogent sur leur orientation sexuelle et qui ont besoin de partager leur questionnement en toute confiance, que d’autres qui, en raison de leur orientation sexuelle, sont victimes d’homophobie à l’intérieur ou en dehors de leur établissement scolaire ».
 
C’est le monde à l’envers pour ne pas dire l’homme à l’envers.
Voilà, chers parents, comment l’Etat français vous confisque la première responsabilité qui est la vôtre de dire et témoigner que la vraie sexualité est langage du cœur, qu’elle se maitrise, qu’elle respecte le ou la bien aimé(e), qu’elle est source de plaisir et de joie, qu’elle donne la vie. L’idéologie rampante, après avoir anesthésié toute une civilisation, après avoir stigmatisé ou présenté comme réactionnaires et terroristes toutes les voix qui s’opposaient à cette pensée zéro, a fini par les bâillonner voire les exclure du système (le professeur Isnard en est un exemple brûlant d’actualité) et vous vous retrouvez dans un régime totalitaire plus insidieux encore que d’autres car cet ennemi là est invisible.
 
Distributeurs de préservatifs dans les lycées, pilule du lendemain, conseils bienveillants du planning familial subventionné par l’Etat pour avorter, le pass-contraception… comme si nos établissements scolaires avaient vocation à devenir des lieux où on garantirait la fornication sans risque et qu’au cas où le préservatif serait poreux ou qu’on l’aurait oublié, on trouve la pilule du lendemain que l’infirmière scolaire glissera dans la main de la fille et que si on venait à l’oublier, la douce fonctionnaire du planning familial l’accompagne au plus proche avortoir et ni vu ni connu …
 
Et comme si ça ne suffisait pas pour dénaturaliser leur croissance et leur construction, comme si leur âme n’était pas suffisamment meurtrie et salie, les immondices déversées par les medias se chargent de détruire leur pudeur et de les convertir en adultes précoces, escamotant les réalités les plus essentielles de la condition humaine , en les substituant par une salade de souriantes indécences qui incluent bien entendu tout type de provocations à une sexualité errante et débridée.
 
Les programmes idéologiques de SVT de Luc Chatel en classe de 1re pour la rentrée 2011 viennent d’arriver dans nos établissements. On y passe des heures à ingurgiter l’ « idéologie du gender ». Le programme porte sur le « féminin-masculin », l’identité et l’orientation sexuelles, la « manière de vivre sa sexualité », et la « prise en charge de la vie sexuelle ».
 
En qualité de Directeur Diocésain de l’Enseignement Catholique, mon devoir est d’appeler à une véritable résistance contre cette volonté perverse d’un ministère de l’Education Nationale d’imposer à nos élèves l’étalage d’une véritable antimorale, de faire table rase de la morale naturelle, d’absolutiser ce qui n’est que perception, de modéliser toutes les déviances et d’interdire de penser autrement par un contrôle absolu des consciences et des cœurs.
 
Et pendant que ces skuds assassinent notre jeunesse, que s’est-il passé avec les adultes ? Chesterton nous offre la réponse : « Ce qui s’est passé est que le monde s’est grimé de passions dangereuses et rapidement putrescentes ; de passions naturelles converties en passions contre nature. »
Quand la sexualité se débride, elle se convertit en une passion putrescente, avide de conquérir de nouveaux lieux de perversité qui combattent le dégoût de la chair. Et on ne doit pas s’étonner qu’après avoir gouté toutes les saveurs, il ne veuille mordre ce fruit défendu qu’est la jeunesse.
Qu’on mélange cette « hypersexualisation » de la vie au diktat d’un nihilisme optimiste en morale selon lequel l’homme doit se laisser guider par son désir et se libère des tabous et inhibitions (L. Chatel) et nous aurons complété le panorama. Cohn-Bendit demandait en 68 la dépénalisation de la pédophilie et de la pornographie infantile dès lors que les enfants qui se prêtent à ces pratiques soient « consentants ». Aujourd’hui, en Hollande, un parti politique réclame la légalisation de la zoophilie dès lors qu’il y a consentement mutuel, et afin de respecter la dignité de l’animal ce parti œuvre pour l’institution d’un nouveau délit de « viol d’animal »… Pourquoi pas, quand on sait que Peter Singer en est arrivé à dire « qu’un porc adulte est aussi précieux qu’un bébé humain ».
 
Les peuples qui n’ont plus le souci de procréer sont les peuples qui ont perdu toute espérance et foi en l’avenir. Une civilisation qui ne sème plus est une civilisation qui ne s’aime plus. La débilitation organisée par nos symposiums, nos hémicycles, nos parlements et nos dirigeants, de la famille, de l’engagement, de la fidélité, de la filiation ajouté au nombrilisme existentiel, à l’égoïsme parasitaire des nouvelles générations qui retardent ou déclinent l’opportunité de donner la vie, sont de véritables symptômes de cette crise mortifère.
 
Mais pour la sophistiquée société contemporaine, hausser le ton, en proclamant la dignité inviolable de la vie et l’impossibilité de la reléguer à la condition subalterne de moyen instrumental, constitue une preuve d’obscurantisme cruel et maudit. En réalité il s’agit d’employer l’alibi émotionnel pour faciliter l’éclipse de la conscience morale, afin que les aberrations les plus inhumaines et impies apparaissent comme preuves d’un humanisme compatissant ou miséricordieux aux yeux de la citoyencratie qui répond à des excitations purement émotives.
 
Laissons Mère Teresa conclure :
« Dieu nous a dit : »Aimez votre prochain comme vous-mêmes.« De sorte que je dois d’abord m’aimer moi-même, comme il se doit, et ensuite aimer mon prochain de la même manière. Mais comment puis-je m’aimer moi-même si je ne m’accepte pas telle que Dieu m’a faite ? Ceux qui nient la beauté des différences entre l’homme et la femme ne s’acceptent pas tels que Dieu les a faits, et ne peuvent donc pas aimer leur prochain. Ils ne peuvent apporter avec eux que division et malheur et détruire la paix du monde. Par exemple, comme je l’ai souvent affirmé, l’avortement est ce qui détruit le plus la paix du monde aujourd’hui. »
 
Thierry Aillet
Directeur Diocésain de l’Enseignement Catholique
 
Source : www.ddec84.org