Pour une Eglise synodale

16 octobre 2021

A l’Ecoute des Ecritures

 

Dans le document de travail qui présente la démarche synodale, la 3e partie donne quelques fondements bibliques sur la « synodalité ». En ce jour d’ouverture, je vous propose la lecture des 1ers paragraphes. P.CBS

16. L’Esprit de Dieu qui illumine et vivifie ce “ marcher ensemble ” des Églises est le même qui œuvre dans la mission de Jésus, promis aux Apôtres et aux générations des disciples qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. L’Esprit, selon la promesse du Seigneur, ne se limite pas à confirmer la continuité de l’Évangile de Jésus, mais il éclairera les profondeurs toujours nouvelles de sa Révélation et inspirera les décisions nécessaires pour soutenir le chemin de l’Église (cf. Jn 14, 25-26 ; 15, 26-27 ; 16, 12-15). Voilà pourquoi il est opportun que notre processus de construction d’une Église synodale soit inspiré par deux “ images ” de l’Écriture. L’une émerge dans la représentation de la “ dimension communautaire ” qui accompagne constamment le chemin de l’évangélisation ; l’autre se rapporte à l’expérience de l’Esprit vécue par Pierre et la communauté primitive par laquelle ils reconnaissent le risque de mettre des limites injustifiées au partage de la foi. L’expérience synodale du marcher ensemble, à la suite du Seigneur et dans l’obéissance à l’Esprit, pourra recevoir une inspiration décisive à travers la méditation de ces deux moments de la Révélation. Jésus, la foule, les Apôtres

17. Dans sa structure fondamentale, une scène originelle apparaît comme la modalité constante par laquelle Jésus se révèle tout au long de l’Évangile, en annonçant l’avènement du Royaume de Dieu. Les acteurs en présence sont essentiellement trois (plus un). Le premier, naturellement, c’est Jésus, le protagoniste absolu qui prend l’initiative, en semant les paroles et les signes de la venue du Royaume sans aucune « préférence de personnes » (cf. Ac 10, 34). Sous diverses formes, Jésus accorde une attention spéciale à ceux qui sont “ séparés ” de Dieu et à ceux qui sont “ exclus ” par la communauté (les pécheurs et les pauvres, dans le langage évangélique). Par ses mots et ses actions, il offre la libération du mal et de conversion à l’espérance, au nom de Dieu le Père et dans la force de l’Esprit Saint. Au milieu de la diversité des appels du Seigneur et des réponses pour accueillir son appel, on voit ce trait commun : la foi émerge toujours comme une prise en compte et valorisation de la personne : sa demande est écoutée, une aide est proposée pour répondre à ses difficultés, sa disponibilité est appréciée, sa dignité est confirmée par le regard même de Dieu et restituée à la reconnaissance de la communauté.

18. De fait, l’action d’évangélisation et le message de salut ne seraient pas compréhensibles sans l’ouverture constante de Jésus à s’adresser aux interlocuteurs les plus larges possibles, que les Évangiles désignent comme la foule, c’est-à-dire l’ensemble des personnes qui le suivent tout au long du chemin et, parfois même, le poursuivent dans l’attente d’un signe et d’une parole de salut : tel est le deuxième acteur de la scène de la Révélation. L’annonce évangélique n’est pas limitée à quelques illuminés ou personnes choisies. L’interlocuteur de Jésus, c’est “ le peuple ” de la vie ordinaire, le “ quiconque ” de la condition humaine, qu’il met directement en contact avec le don de Dieu et l’appel au salut. D’une manière qui surprend et parfois scandalise les témoins, Jésus accepte comme interlocuteurs tous ceux qui font partie de la foule : il écoute les remontrances passionnées de la Cananéenne (cf. Mt 15, 21-28), qui ne peut pas accepter d’être exclue de la bénédiction qu’il apporte ; il dialogue avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 1-42), malgré sa condition de femme compromise socialement et religieusement ; il sollicite l’acte de foi libre et reconnaissant de l’aveugle de naissance (cf. Jn 9), que la religion officielle avait exclu du périmètre de la grâce.

19. Certains suivent plus explicitement Jésus, en faisant l’expérience à être ses disciples, tandis que d’autres sont invités à retourner à leur vie ordinaire : tous, cependant témoignent de la force de la foi qui les a sauvés (cf. Mt 15, 28). Parmi ceux qui suivent Jésus, se détache avec relief la figure des apôtres qu’Il appelle lui-même dès le début ; il les destine à être particulièrement des médiateurs de la Révélation et de l’avènement du Royaume de Dieu auprès de la foule. L’entrée de ce troisième acteur sur la scène n’est pas liée à une guérison ou à une conversion mais elle correspond à l’appel de Jésus. Le choix des apôtres n’est pas un privilège attribuant une position exclusive de pouvoir et entrainant une séparation, mais bien la grâce d’un ministère inclusif de bénédiction et de communion. Grâce au don de l’Esprit du Seigneur ressuscité, ceux-ci doivent garder la place de Jésus, sans le remplacer : ne pas mettre de filtres à sa présence, mais faciliter la rencontre avec Lui.