Préparons nous à la Pâque : Quel est le sens du Jeudi Saint ?

8 avril 2022

QUE FAIT JÉSUS LORS DU JEUDI SAINT

Le Jeudi Saint célèbre le dernier repas du Christ avec ses douze apôtres. Au cours de ce repas, la Cène, Jésus lave les pieds de ses disciples, instituant ainsi ses disciples comme prêtres de la Nouvelle Alliance. Il prend le pain et le vin, il rend grâce, instituant ainsi le Sacrement de l’Eucharistie. Il annonce que l’heure de l’épreuve approche. Après le repas, le Christ et les apôtres se rendent au jardin des Oliviers pour veiller et prier. Alors que ses disciples s’endorment de chagrin, le Christ est tenté par le Malin, dont il rejette les tentations pour accepter la coupe que lui offre Dieu son Père. C’est là que Judas arrive avec les soldats du Temple pour l’enlever.

OÙ SONT LES TEXTES DES RÉCITS ÉVANGÉLIQUES SUR LE JEUDI SAINT ?

On trouve différents récits de la Dernière Cène dans le Nouveau Testament :

  • Marc 14, 12-26 (Récit du Repas pascal) ; Luc 22,7-8 et 14-20 (Récit de la Dernière Cène) ; 1 Co 11, 23-25 (Récit du repas pascal)
  • Jean 13, 1-15 (Récit du lavement des pieds)

Chaque récit est un témoignage historique précieux qui permet de mieux s’imprégner de la Dernière Cène, d’en recevoir des grâces et de comprendre sa portée théologique.

 QUEL ÉTAIT LE SENS DU REPAS PASCAL AU TEMPS DE JÉSUS ?

Le repas pascal au temps de Jésus avait lieu le soir du 14 nizan qui correspond en principe au Jeudi saint. Ce repas appelé Séder commémorait la libération des hébreux de l’esclavage qu’ils subissaient en Égypte et plus précisément le repas pascal que mangèrent les hébreux debout à la hâte avant de quitter l’Égypte et de partir vers le désert. Il nous est raconté au chapitre 12 du livre de l’Exode qui demande que le peuple juif fasse mémoire de ce-jour là ou Dieu a sauvé son peuple (Ex 12/14). Le repas du Seder se prend dans les deux premiers jours de la Pâque (Pessah) qui dure sept jours (la semaine des Azymes) et qui célèbre a la fois la fertilité de la terre et la sortie d’Égypte. Pendant la semaine des Azymes on ne prend aucune nourriture contenant du levain et on ne mange donc que du pain azyme. Ainsi dans l’Histoire du salut, Jésus célèbre la dernière Pâque juive et la première Pâque chrétienne. Il ne s’agit plus de se préparer à la traversée de la Mer Rouge, mais bien à la traversée de la Mort, par sa Passion et sa Résurrection. De même que le peuple juif a fait mémoire de l’Exode, de même, le Christ demande aux apôtres : « Faites cela en mémoire de moi ». C’est pourquoi nous, chrétiens, célébrons cette Pâques tous les dimanches à la Messe dans l’Eucharistie.

LES RITES DU JEUDI SAINT

C’est avec la messe du soir du Jeudi saint que commence le Triduum pascal, ce temps de trois jours qui englobe les fêtes de Pâques. Et puisque tout commence le jeudi saint, le tabernacle est forcement vide avant le début de la messe. Pour célébrer cette grande fête, les célébrants revêtent des vêtements blancs, les cloches sonnent une dernière fois lors du Gloria avant de se taire jusqu’au dimanche de Pâques pour commémorer la mort du Christ. De nombreuses paroisses reprennent le rite du lavement des pieds symbolisant le service et la charité du Christ qui « n’est pas venu pour être servi mais pour servir » (Mt 20, 28) tandis que les fidèles chantent des hymnes à la Charité. Dans de nombreuses églises, une veillée d’adoration et de prières suit la messe du Jeudi saint afin de méditer en silence sur l’agonie de Jésus dans la solitude du jardin des oliviers à Gethsémani, pour répondre à son appel « Venez et priez ».

QU’EST-CE QUE LA MESSE CHRISMALE ?

La messe chrismale a lieu durant la Semaine Sainte : dans le rite catholique latin, la messe chrismale n’appartient pas, au sens strict, au Triduum pascal. Si elle a lieu le plus souvent le Jeudi Saint au matin, elle peut être transférée à un autre jour, pourvu qu’elle soit proche de Pâques. Beaucoup d’évêques, pour faciliter la participation des fidèles et des prêtres, choisissent un soir de l’un ou l’autre des jours saints, le lundi, le mardi ou le mercredi.

Durant la messe chrismale, l’évêque bénit les autres huiles saintes et consacre le Saint Chrême. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.

Prêtres, diacres et fidèles sont invités largement à cette célébration qui manifeste l’unité de toute la communauté diocésaine autour de son évêque. Au cours de cette messe les prêtres renouvellent leurs promesses sacerdotales : vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité.

PRÉPARONS NOUS À LA PÂQUE : VENDREDI SAINT ?

Le vendredi saint, les chrétiens célèbrent la passion du Christ et sa mort sur la croix. Simone Pacot, avocate honoraire à la Cour d’appel de Paris, anime depuis de nombreuses années des sessions sur l’évangélisation des profondeurs avec l’équipe de l’association Bethasda. Auteure de Reviens à la vie et Ouvrir la porte à l’Esprit (Cerf), elle nous invite à mieux comprendre et vivre ce temps fort de la semaine sainte. 

CE QUE VIT JÉSUS

La mort en croix de Jésus (Marc 15, 15) demeure pour nous chrétiens un événement central. Nous devons en comprendre la juste signification pour éviter de tomber dans des logiques mortifères.

Que veut-on dire en affirmant « le Christ est mort pour nous » ? Faut-il comprendre que « le sang de Jésus est le prix d’une dette exigée par Dieu en compensation de l’offense infligée à son honneur par le péché des hommes ? » Le Père aurait-il obligé son Fils à mourir pour être vengé du péché de l’humanité ? A-t-Il programmé le supplice et la mort de Jésus ?

Non, le Père ne veut pas la mort de Jésus ! L’œuvre de mort vient des hommes, l’œuvre de vie vient de Dieu. Le christianisme n’introduit pas la souffrance et la mort, mais il les prend en compte parce qu’elles existent.

Le Christ nous précède et nous permet de les traverser par et avec Lui. Ce qui rachète et libère, ce n’est pas la souffrance du Christ en elle-même, c’est qu’au cœur d’une intense souffrance physique, morale, d’une tristesse insondable, de l’abandon, la trahison, l’échec, il demeure un homme pleinement vivant, espérant, aimant, toujours relié au Père, alors même qu’il traverse un désert intérieur.

CE QUE J’EN FAIS

Nous avons à notre tour à nous situer consciemment face à la souffrance. Car, ayant choisi un chemin de vérité, nous la rencontrerons, par le seul fait, déjà, de renoncer à des habitudes, des types de relations auxquelles nous étions accoutumés, mais qui ne nous menaient nulle part.

Comme le soulignait mon ami le père Xavier Thévenot, la souffrance peut écraser, isoler, épuiser les forces vives de la personne. Nous avons donc à la combattre, non à la rechercher, ce qui serait violer la première loi de la vie. Mais lorsqu’elle est là, nous devons la vivre de telle façon qu’en jaillisse de la vie.

Doit-on, dès lors, « offrir ses souffrances », comme on le disait souvent ? Ce que l’on a à offrir, c’est notre choix de la vie dans une situation de souffrance, non notre souffrance en elle-même.

Ce qui importe, c’est donc la façon dont, guidés par l’Esprit-Saint, nous allons mobiliser nos ressources, pour inventer de nouvelles façons d’être, pour donner quand même un sens à notre existence.

QUE SIGNIFIE « PORTER SA CROIX »

Les Pères de l’Église interprétaient la croix en s’attachant à la direction de ses branches. La verticale représente le Verbe, la Lumière, l’Esprit-Saint, la grâce. L’horizontale, la terre, la chair, la matière, l’être humain.

À l’intersection des deux se trouvent Jésus le Christ, le médiateur, le rédempteur qui permet qu’un bien émerge d’un mal. Porter sa croix pourrait ainsi signifier consentir à ce que le Verbe illumine notre chair. Nous avons alors à sortir de notre verrouillage intérieur pour accueillir l’Amour et la Lumière, c’est-à-dire la vérité sur nous-mêmes. C’est le début d’un chemin de remise en ordre, de restauration, en Christ, dans le souffle de l’Esprit-Saint, pour vivre pleinement notre dignité d’enfant de Dieu appelé à faire advenir le Royaume.

 

MES CONSEILS DE LECTURE :

  • Joie de croire, joie de vivre de François Varillon, Centurion, 1981.
  • Foi chrétienne hier et aujourd’hui de Joseph Ratzinger, Nouvelles éditions Mame, 2005.
  • Le Mal et la Lumière, d’Adolphe Gesché, 2003. Et la série : « Le Christ pour penser... » le Mal (1993) ; Dieu (1994) ; le Christ (2001). Tous ces livres sont publiés aux éditions du Cerf.
  • Croire de Bernard Sesboüé, Droguet et Ardant, 1999.
  • Souffrance, bonheur, éthique de Xavier Thévenot, éditions Salvator, 1992.

 

PRÉPARONS NOUS À LA PÂQUE :

LA VEILLÉE PASCALE 

Le long silence du samedi Saint cesse ! La nuit de la joie et de la délivrance s’ouvre. Celles et ceux qui ont en charge la préparation de la nuit de la Résurrection auront à cœur de ne pas oublier que la Veillée pascale est avant tout et fondamentalement une... veillée ! Cela veut dire qu’on prend tout le temps qu’il faut pour célébrer et que l’horloge qui tourne cesse au moins cette nuit-là d’être une obsession.

 Veiller, cela suppose la durée :

  • durée des rites : ne pas les bousculer, leur donner toute l’épaisseur dont ils ont besoin ;
  • durée des chants : leur offrir un prélude, des interludes, un postlude ... et oser aller au-delà des éternelles deux strophes.

 Ils se rappelleront aussi les racines juives de cette nuit :

  •  la Pâque juive est une veille où l’on fait mémoire de Dieu qui, le premier, a veillé pour faire passer son peuple des ténèbres à la lumière ; la Pâque chrétienne, elle aussi, est une veille où les chrétiens ravivent leur mémoire : en cette nuit, Dieu fait passer son Fils de la mort à la vie ...
  •  la sortie d’Égypte fait entrer le peuple dans la Première Alliance ; le matin de Pâques fait entrer les disciples du Christ dans la Nouvelle Alliance ...
  •  avec Moïse, le peuple juif passait de l’esclavage à la liberté ; en Jésus, qui nous libère de la nuit du péché, nous passons à une vie nouvelle …

Et parce qu’elle est mémoire des merveilles réalisées par le Dieu de l’Alliance, la Veillée pascale est action de grâce. Faire mémoire commence par dire merci : merci pour les merveilles accomplies pour le peuple choisi, merci pour celles accomplies pour le nouvel Israël. Il reste que toute Veillée pascale doit nous laisser une faim. Certes, le Christ est ressuscité ; certes, il se donne à nous dans sa Parole et dans son Corps. Mais sa seigneurie n’est pas encore pleinement accomplie. Cette nuit où nous veillons dit que notre vie entière doit être veille : rester en tenue de travail, garder les lampes allumées, être comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces afin de lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera (Luc 12, 35-36)... La Veillée pascale, image et condensé de toute l’aventure du baptisé ! Dans de nombreuses paroisses, la Veillée pascale rassemble, depuis quelques années, autant de fidèles que la nuit de Noël. Signe des temps. Signe que les communautés, pour reprendre les termes de la monition du Missel qui introduit à la liturgie de la Parole, ont soif, en cette nuit belle entre toutes, de célébrer le Dieu qui, dans les temps passés, a sauvé son peuple et qui, dans ces temps qui sont les derniers, nous a envoyé son Fils comme Rédempteur.

La célébration de la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire du Christ sur la mort. C’est pourquoi, dans la nuit, le feu et le cierge de Pâques sont allumés, puis la flamme est transmise aux fidèles.

C’est aussi durant cette veillée – ou Vigile pascale – que sont célébrés les baptêmes d’adultes. Ils sont l’occasion pour les fidèles de renouveler les promesses de leur baptême. À l’issue de leur chemin de catéchuménat, vécu depuis plusieurs années, cette nuit pascale constitue un sommet pour leur initiation chrétienne.

Au cœur de la vigile, les rites spécifiques aux sacrements d’initiation sont parlants : la plongée dans l’eau, symbole de mort et de vie, passage à la résurrection dans le Christ. On est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Au sortir de l’eau, les nouveaux baptisés seront revêtus du vêtement blanc. Ils le porteront au cours de certaines célébrations du temps pascal. S’ils sont confirmés ce soir-là, il y aura le rite avec le saint chrême, la marque de l’Esprit Saint. Avec toute l’assemblée, ils recevront le cierge allumé. Tels des porteurs de la lumière de foi dans leur vie, ils participent à la liturgie eucharistique et communient pour la première fois. Ce qui est beau à voir et non moins significatif, c’est la joie rayonnante de ces nouveaux baptisés. Cette émotion profonde et toute simple mais qui en dit long sur la transformation humaine et spirituelle qu’ils sont en train de vivre. Ils sont les mêmes hommes, les mêmes femmes qu’auparavant mais tout autre quand même puisque résolument disciples de Jésus de Nazareth.

 

Sources : 

https://qe.catholique.org/la-semaine-sainte/45706-quel-est-le-sens-du-jeudi-saint

https://fr.aleteia.org/2017/04/11/date-jeudi-saint/

https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/careme-et-paques/semaine-sainte-paques/371362-messe-chrismale/

https://www.lavie.fr/ma-vie/spiritualite/comprendre-et-vivre-le-vendredi-saint-5349.php

https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Samedi-saint/La-veillee-pascale