Que nos cœurs débordent !

31 décembre 2022

En célébrant la fête de la Sainte-Famille, contemplant le tableau qui la représente avec Jésus, Marie et Joseph, entendant à nouveau la prière de collecte de cette messe par laquelle nous demandons au Seigneur la grâce de « pratiquer, comme elle, les vertus familiales et d’être unis par les liens de ton amour », j’ai été inspiré de formuler des vœux pour chacun de nous, bien sûr, mais aussi pour notre communauté paroissiale, et par suite pour nos familles et notre société.

Les regards de Jésus, Marie et Joseph sur ce tableau de notre église, laissent transparaître une grande bienveillance, confiance et tendresse. Assurément, ces valeurs animent la vie de la Sainte-Famille et sont le sceau de sa fraternité. Il est si facile de se laisser gagner et dominer par les difficultés, les épreuves, les contrariétés et les problèmes, les défauts des autres, et finalement de ne voir que cela, au point de leur donner plus de force, de place et de valeur qu’ils n’en ont réellement. La bienveillance, sans ignorer ce qui ne va pas, cherche le bien avant tout dans la vie et les paroles du prochain ; la confiance permet au prochain de se dépasser sans être enfermé par ses limites ; la tendresse qui se fait tantôt miséricorde, pitié ou compassion, manifeste l’amour concrètement, pour venir au secours du plus faible et du plus fragile. Loin d’être aveugles, ces vertus familiales sont essentielles pour vivre une authentique fraternité.

L’union de leurs cœurs se réalise dans une même prière, par le Christ Jésus. Pour la Sainte Famille ce fut une réalité concrète et tangible parce que l’Enfant-Jésus les unit en sa personne. Mais ce qui fut unique et singulier pour la Sainte-Famille, l’est aussi pour nous tous, parce que nous sommes baptisés, fidèles du Christ, unis à Lui par la grâce qui nous plonge dans la Vie et l’Amour Trinitaire. Notre prière ne peut se réduire à n’être qu’une pratique extérieure occasionnelle, elle doit toujours être une recherche du Christ-Jésus, d’un cœur-à-cœur, où nous le laissons nous combler de son amour, où nous exprimons notre amour. Cette prière par Lui, avec Lui et en Lui, doit être le cœur et la respiration de notre vie chrétienne, et trouve sa source et son sommet dans la célébration du Sacrifice Eucharistique. C’est cet esprit de famille par lequel nous sommes unis par le Christ et en Lui, qui doit transparaître et rayonner dans nos célébrations, pour être un témoignage pour le monde. Et cela est non moins concret et tangible.

Au cœur de la vie et de la vocation de Marie et de Joseph, comme nous le dévoile et l’enseigne la Révélation, par la Sainte-Ecriture et la Tradition, se trouve la Parole de Dieu, connue, méditée, aimée. Sur le tableau, Marie siège sur un trône, et Joseph lui apporte l’Enfant-Jésus, elle y est comme celle qui est le trône de la Sagesse, figure de l’Eglise qui nous conduit à connaître le Christ. Au sein de la Sainte-Famille, la Parole de Dieu s’est faite chair en Jésus. Pour que notre vie chrétienne soit crédible, réelle, authentique, elle doit se nourrir aussi intellectuellement, chercher à connaître, savoir et comprendre. Ce n’est pas seulement notre intelligence qui doit être curieuse, mais aussi notre cœur, qui par-là, cherche à aimer plus. Ce souci de formation de nos intelligences et de nos cœurs, est un moyen de proclamer et d’affirmer notre foi en Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est aussi nécessaire pour être capable de rendre compte de l’espérance qui est en nos cœurs.

En recevant leur enfant Jésus comme un don, Marie et Joseph l’ont aussi reçu comme une mission. Dès lors, il était pour eux une évidence de le donner, de le porter, de le montrer et faire connaître au Monde. Ils sont modèles et exemples d’une véritable évangélisation, de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Salut, à savoir que Notre Dieu vient à nous pour nous libérer du péché qui nous emprisonne, nous guérir du péché qui nous détruit, et nous relever du péché qui nous fait tomber et nous anéantit. Cette annonce ne peut être faite en vérité que dans la mesure où elle a été d’abord accueillie comme une grâce personnelle de Salut et de Miséricorde. N’aie pas peur, dit le Seigneur à Marie et Joseph par la voix de l’ange. Cette audace dans l’annonce de la foi doit aussi être la nôtre.

Cet Amour Créateur et Sauveur de notre Dieu, il nous est donné d’en être les témoins et les serviteurs dès aujourd’hui, par notre ardeur à servir les plus pauvres, les plus fragiles, les plus faibles. Ce service et cet amour du prochain, est un fruit, un gage et un témoignage de la réalité de notre foi et de notre vie chrétienne, pour les autres, pour le monde, certes, mais avant tout pour chacun d’entre-nous, nous évitant ainsi de nous entretenir dans une illusion de piété.

Je nous souhaite à chacun, pour cette nouvelle année, ce débordement d’amour.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet