Séminaire des Chefs d’établissement 2020 : témoignages des intervenants

27 novembre 2020

Témoignages d’intervenants de l’EMD (Entreprendre, Manager, Développer) Management de Marseille à l’issue du séminaire des chefs d’établissements de l’Enseignement Catholique du Vaucluse qui s’y est tenu.

Béatrice Cavard, Responsable Développement à l’EMD :

J’ai été très touchée par l’ambiance qu’il y avait pendant le séminaire à l’EMD. Cela m’a fait “respirer” de voir des personnalités très différentes, ayant à cœur leur mission de chef d’établissement en se posant des questions profondes sur l’autorité, la subsidiarité, la liberté etc. tout en observant sur les visages, marqués par le travail de la nouvelle rentrée et des préoccupations du moment, une grande joie de se revoir, rire, chanter, louer, prier et partager des souvenirs ! 

Vincent Aubin, Professeur d’Anthropologie à l’EMD : 

L’idée qui me vient, au moment d’évoquer le bonheur de ces trois jours passés avec les chefs d’établissement de Vaucluse, est que leurs élèves ont bien de la chance d’avoir pour directrice, pour directeur, des personnes qui constituent, quand on les réunit, la classe idéale. Il n’y a sûrement pas de meilleurs éducateurs que ceux qui prennent plaisir à s’éduquer eux-mêmes, à se former, à partager leur savoir et leur expérience pour les reprendre enrichis de l’apport des autres. On sent qu’ils aiment ce qu’ils font, et le plaisir qu’ils avaient à travailler ensemble et avec nous était palpable.

Au début de l’Éthique, Aristote énonce cet apparent paradoxe : le bon auditeur d’une leçon d’éthique est celui qui est déjà vertueux, celui « dont les désirs et les actes sont conformes à la raison ». C’est une manière de dire que l’éthique ne s’apprend pas, en tous cas pas comme on peut apprendre les mathématiques ou le droit : un enseignement d’éthique n’est utile qu’à ceux qui sont déjà tournés vers le bien, non pas en théorie, mais en pratique ; à ceux qui aiment déjà ce qu’ils font, qui prennent déjà soin des affaires qui leur sont confiées. Car ce sont ceux-là qui connaissent les vrais problèmes, qui mettent le doigt sur les vraies difficultés, qui se posent les bonnes questions. Je ne l’avais pas compris si vivement avant ce mémorable séminaire : les experts sont le public rêvé.

J’ajouterai seulement que, sur un plan personnel, cette « communauté éducative » soudée, diverse, joyeuse, au sein de laquelle chacun se sent manifestement libre d’être comme il est, m’a rempli d’espérance. On entrevoit ce qu’il est possible de faire, à l’échelle d’un diocèse, pour renouveler, enrichir, densifier la proposition éducative de l’enseignement catholique. Pour bien travailler, chacun dans son établissement, il ne suffit donc pas d’aimer son travail et de bien le faire : il faut aussi savoir s’extraire du travail pour vivre, partager un repas et prier avec ceux qui font ce même travail. Le philosophe Wittgenstein a écrit : « La lumière du travail est une belle lumière, mais qui ne brille d’une réelle beauté que si elle est éclairée par une autre lumière encore. » C’est exactement ce que nous avons vécu : le loisir et la fête, dont relève, par excellence, l’eucharistie, sont la lumière qui fait briller de sa vraie beauté le travail des éducateurs.

Michaël Shanks, Professeur d’éthique à l’EMD :

En écho aux propos de Béatrice et de Vincent : ce qui m’a le plus touché, c’est l’énergie de bon nombre de chefs d’établissement et leur réel souci d’évangéliser tous azimuts - professeurs, parents, élèves - Ils sont réceptifs et partagent leurs idées, les conseils et l’aide pour réaliser leur mission. Ils ont l’humilité de crier “au secours” et de demander quand ils le faut un soutien personnel. D’autres, sans doute par pudeur, manifestent moins ce besoin ou ne l’expriment pas publiquement. 

J’aimerais, à la suite de Thierry Aillet, votre directeur pour encore un an, insister sur la rationalité propre de l’Enseignement Catholique qui est bien plus qu’une rationalité d’organisation ou de management ; elle est une rationalité de la vie, de l’entraide, de l’écoute, de prière et de liturgie ensemble….. C’est cette rationalité-là, axée sur le développement de chacun, qui doit diriger vos établissements ainsi que la DDEC. Vous êtes déjà une tradition vivante et cela impressionne. Je prie pour que vous continuiez sur cette voie. Si vous cessez d’agir, de vous parler, et d’apprendre ensemble - et de crier au secours ! - vos établissements ne disparaîtront pas comme structures, mais seront en état d’inertie et transmettront peu. Coquilles vides, ils ne seront plus dirigés rationnellement, mais tout juste bons à être managés. Bureaucratiquement.

Gardez, je vous en supplie, votre impressionnant dynamisme de pionniers.