Suite à mon homélie de la messe chrismale

6 mai 2019

À tous mes frères prêtres et diacres

Chers frères en Christ,

Dans mon homélie de la messe chrismale, j’avais voulu partir de toutes les accusations portées contre l’Église pour ensuite nous inviter à nous mettre dans la situation du publicain qui ne cesse de redire : « Seigneur, aie pitié du pécheur que je suis ! » À partir de là, au seuil du triduum pascal, je nous invitais tous à mettre nos pas dans ceux du disciple bien-aimé pour nous pencher au soir de la cène sur la poitrine de Jésus et entendre battre le cœur de Dieu et pour accompagner Jésus jusqu’au calvaire en vue de laisser la miséricorde divine jaillissant de son cœur transpercé nous renouveler et nous pardonner tous nos péchés.

Aujourd’hui, dans la lumière de Pâque, je voudrais vous partager mon émerveillement devant l’œuvre de Dieu qui éclate dans les lectures de toutes les messes de la semaine pascale et particulièrement à travers les premières pages des Actes des Apôtres. Pendant quarante jours, le Seigneur ressuscité, dans la puissance de l’Esprit Saint, a donné ses instructions aux apôtres. Nous avons donc l’opportunité de réentendre toutes ces instructions à travers le premier chapitre des Actes. En premier lieu, il leur donne des preuves de sa résurrection : Il s’est montré vivant, oui il est toujours vivant, aujourd’hui encore et il ne cesse de nous entretenir du Royaume de Dieu !

Ensuite, il invite ses disciples à ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre la réalisation de la promesse du Père, celle dont lui-même leur a parlé : « Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours. » (Ac 1, 5) Puis, le jour de l’Ascension il revient sur cette promesse en ajoutant : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1, 8) Jésus ressuscité annonce le fondement essentiel de l’Église à venir : les apôtres et nous tous, nous allons être baptisés, plongés dans l’Esprit Saint. Il sera alors pour nous une force qui nous donnera de devenir ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre.

En fait, si nous acceptons de remettre notre péché au Christ, il le prend et meurt à notre place sur la Croix, la miséricorde jaillit de son cœur transpercé et nous redonne vie, mais désormais notre vie sera en lui dans la mouvance de l’Esprit Saint, il devient notre force et toute notre vie devient témoignage du Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Nous revivons véritablement chaque année la pâque du Seigneur, ce passage de la mort à la vie en lui et le baptême dans l’Esprit Saint nous remplit de sa présence et devient notre force pour témoigner du Christ ressuscité et vivant au milieu de nous.

Nous retrouvons les disciples dans la chambre haute “et tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères”. Nous aussi aujourd’hui, nous sommes appelés pendant ce temps pascal à être unanimes et assidus à la prière avec Marie et avec nos frères chrétiens. Ainsi, nous nous préparerons à vivre de nouveau la venue de l’Esprit au jour de la Pentecôte, à être de nouveau remplis de l’Esprit Saint et à proclamer les merveilles de Dieu au cœur de notre terre de Provence aujourd’hui. Dans ce climat de louange, comme Pierre autrefois, nous pourrons annoncer le kérygme, témoigner de tout ce que le Ressuscité nous a donné de vivre. Alors, la Parole de Dieu passant à travers nous ira transpercer le cœur de nos auditeurs et ils nous diront comme autrefois : « Frères, que devons-nous faire pour vivre en Christ ? » Notre joie sera alors de leur permettre d’expérimenter à leur tour la vie en Christ et en Église et à leur tour ils seront baptisés et ils expérimenteront la joie du don de l’Esprit Saint. D’autres qui avaient quitté l’Église retrouveront le chemin du Corps du Christ et la joie d’être disciples de Jésus vivant aujourd’hui dans leur vie.

Alors, notre Église diocésaine s’enracinera dans les quatre piliers fondateurs de toute Église : « Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » (Ac 2, 42) Par l’écoute et l’accueil de la Parole, le premier pilier fondateur de l’Église, le Christ prend vie en nous et nous donne d’être “fidèles à la communion fraternelle”, le second pilier fondateur qui nous dit ce qu’est l’Église : “Koinonia” et “Fraternité”, une communion et une fraternité, les deux mots utilisés par les premiers chrétiens pour dire ce qu’ils étaient. Le troisième pilier est la fidélité à la fraction du pain, l’eucharistie. Par-delà tous les germes de division et de désunion qui ne cessent de prendre vie en nous, l’eucharistie est la source véritable de l’unité de tous dans le Corps du Christ. Impossible de recevoir le corps du Christ sans m’engager à communier avec tous les membres de son Corps et cette communion, cette unité sera le fruit de la communion ; je pense à ce que disait Saint Ambroise au moment de donner la communion : « Chrétien, deviens ce que tu reçois ! » Enfin, le dernier pilier fondateur de l’Église est la fidélité à la prière sous ses différentes formes : l’adoration, l’oraison, la prière liturgique, l’office divin, le chapelet, avec la mise en œuvre de tous les charismes de l’Esprit qui vient, comme nous le dit Saint Paul, “prier en nous, car nous ne savons pas prier comme il faut”.

Voilà, cette lettre est un deuxième volet complémentaire du premier qui était l’homélie de la messe chrismale, il faut lire les deux en complémentarité. Je vous souhaite à tous un bon temps pascal dans la joie du Ressuscité et à ceux qui recevront cette lettre lors de la journée de convivialité, je leur souhaite de vivre cette journée dans une vraie fraternité, cette fraternité demandez-la pour nous tous et pour moi également.
Alors que l’Église et les prêtres sont attaqués de toutes parts, je tiens à rendre grâce pour vous tous et pour le ministère que vous accomplissez, continuez à vivre dans votre fidélité au Christ et à vous laisser conduire et habiter par l’Esprit Saint, il est notre force et notre lumière.

 + Jean-Pierre Cattenoz
 archevêque d’Avignon