Sur le chemin de la Croix

8 avril 2020

Jésus avait annoncé sa mort prochaine à ses disciples : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes, et ils le tueront et le troisième jour, il ressuscitera. » Eux ne comprennent pas, ils sont consternés. Un autre jour, alors même qu’ils approchaient de Jérusalem, il prend à part ses disciples et leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix ; et le troisième jour, il ressuscitera ! » Mais les disciples pensent à tout autre chose, ils cherchent les premières places dans le Royaume et se demandent qui sera le plus grand…

Jésus, lui, entrevoit sa mission dans les chants du serviteur : devenir lumière des nations (cf. Is 42, 6 et 49, 6) et il perçoit comment cette lumière jaillira de son chemin de croix : “je n’ai pas résisté, je ne me suis pas dérobé” ; “j’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient” ; “je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats” (Is 50, 5-6) … “Il n’avait plus figure humaine, et son apparence n’était plus celle d’un homme” (Is 52, 14) ; “objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance. […] Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé […]. Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes […]. Il s’est livré lui-même à la mort et il a été compté parmi les criminels alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les criminels” (Is 53, 3- 12).

Mais au plus profond de son cœur, il brûle d’amour : “Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout” (Jn 13, 1). Avant de mourir, il a soif de nous livrer les secrets de son cœur. Il nous donne un commandement nouveau, celui de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimé (cf. Jn 13, 34). Il nous montre le chemin de la vie : “Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie” (Jn 14, 6). À Philippe qui voulait voir le Père, Jésus répond : “Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, qui me voit, vois le Père” (Jn 14, 9). Enfin, devant la tristesse de ses disciples, Jésus peut leur annoncer la venue de l’Esprit Saint : “Le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse ma paix.” (Jn 14, 26-27)

Au soir de la cène, il nous donne son corps et son sang en nourriture, il se donne à nous pour nous unir à lui ; il nous invite à devenir celui que nous recevons ; il a soif de nous transfigurer en lui pour nous unir totalement à lui dans l’amour. Ce soir-là, le disciple bien-aimé se penche sur la poitrine de Jésus et il entend battre le cœur de Dieu. Ce cœur brûlant d’amour qui a soif de notre amour : il est venu pour rétablir les liens d’amour entre lui et l’humanité depuis le premier péché.

Enfin, il portera la croix, le péché des multitudes pour nous en libérer. Il n’avait plus visage humain, mais par sa mort sur la croix, il nous donnera l’Esprit. Celui-ci aura pour mission d’organiser la nouvelle création et de nous permettre à tous de retrouver le chemin de la vie, le chemin de l’amour par lui, avec lui et en lui.

De son cœur transpercé jailliront les sources de la vie, les sources de la miséricorde, les sources de l’amour. Venez tous au pied de la croix, contemplez ce jaillissement des eaux vives qui nous rendent la vie, et laissez ces sources vives faire toutes choses nouvelles en vous.
Bon carême à tous !

+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon