Venez tous, adorons le Seigneur !

1er octobre 2022

Par ma présence, être là, avec Lui, par amour

Une précision de la liturgie avait attiré mon attention au cours de ma formation. Les rubriques demandent en effet que le prêtre ait le regard tourné vers l’hostie en particulier lorsqu’il dit le Notre-Père au cours de la messe. Cette mention peut paraître anodine, et cependant, elle est riche d’enseignement ! En tout cas personnellement, cela m’a marqué et assurément a contribué à ma vocation de prêtre.

En effet, en priant le Notre-Père, nous pourrions être tentés de lever les yeux au ciel, dans le vague, de fixer le crucifix ou de porter notre regard vers quelque représentation. Or, « il est là ! » - pour reprendre ces paroles qui me sont chères du saint curé d’Ars – « il est là, dans le sacrement de son amour, il est là, celui qui nous aime tant »  ! Cette précision apportée par les rubriques du missel m’a fait prendre conscience et mesurer la réalité de la présence réelle de Notre Seigneur dans le Sacrement de l’Eucharistie.

Dans l’évangile d’Emmaüs, tant que le Seigneur Jésus ressuscité est physiquement présent avec eux, les disciples ne le reconnaissent, leurs yeux sont empêchés de le reconnaître, et pourtant leur est « tout brûlant » lorsque cet étranger ouvre leur cœur à l’intelligence des Ecritures. Ayant pris le pain, dit la bénédiction, et l’ayant rompu en le leur donnant, les disciples reconnurent le Seigneur, mais il avait disparu de devant leurs yeux. Que leur reste-t-il ? Ce signe de la Fraction du pain. Il est là ! Et c’est bien ainsi qu’ils l’annoncent aux autres «  nous l’avons reconnu à la fraction du pain ». Il n’est pas absent, il n’a pas disparu : leurs yeux voient du pain, certes, mais leur cœur, dans la foi, reconnaît
le Seigneur Jésus ressuscité présent, réellement, au milieu d’eux.

Au cours de l’adoration du Saint-Sacrement, la Très Sainte Hostie placée dans l’ostensoir, ne fait que prolonger son élévation par le prêtre, au cours de la messe.

Notre paroisse connaît cette grâce de pouvoir avoir accès à l’adoration du Saint-Sacrement plusieurs jours dans la semaine, et de manière continue. Il en est de l’adoration, dans notre relation au Seigneur Jésus présent avec nous, comme de toute relation, avec les personnes avec lesquelles nous vivons et que nous côtoyons. Nous n’avons pas toujours envie, nous n’en ressentons pas nécessairement le besoin, nous pouvons même avoir l’impression de nous ennuyer, ou être assaillis de mille préoccupations. En tous les cas, assurément, il faut s’organiser et prendre du temps, pour Lui qui est là, par amour, avec tendresse.

Notre regard, notre cœur, et par suite notre vie même, sont tournés vers le Seigneur qui est présent. Nous n’avons rien d’autre à faire que le regarder, le contempler, l’écouter, l’adorer... en un mot l’aimer, et nous laisser aimer par lui.
Prendre le temps de l’adoration, c’est prendre le temps d’aimer et d’être aimé.
N’est-ce pas l’essentiel ?

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet