Interview avec Mr Jean-Claude PARET, Directeur des services fiscaux à la retraite, paroissien de Pertuis, et chargé par le collège des consulteurs du diocèse d’Avignon, du groupe de travail sur les dépenses communes de l’Archevêché.
Quel est le problème ?
L’Archevêché a besoin rapidement de 300 000 € pour réussir à honorer ses dépenses d’ici la fin 2020, or il n’a plus de réserves financières.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Depuis plus de 10 ans, l’Archevêché dépense chaque année environ 1 million d’euros de plus de ce qu’il ne reçoit. Jusqu’en 2015, les legs ont permis chaque année de compenser ce déficit, mais depuis 4 ans, l’Archevêché n’a reçu que peu de legs et les réserves se sont vidées.
N’est-ce pas lié à la construction du séminaire ?
Oui et non, la construction du séminaire n’a pas impacté le déficit chronique de l’Archevêché, mais il a contribué à la baisse des réserves à hauteur de 1,5 millions d’euros (les 2,5 autres millions sont empruntés sur 15 ans)
L’Archevêché n’a-t-il pas trop dépensé ?
Lorsque l’on parle de l’Archevêché sur le plan financier, il ne s’agit pas du bâtiment, mais d’une entité qui paye les prêtres, les séminaristes, des communautés religieuses, les laïcs et les biens du diocèse qui n’appartiennent pas aux paroisses. Le budget 2019 était de 3,4 millions d’euros et se répartissait ainsi :
Comme vous le voyez, la plupart des dépenses de l’Archevêché sont des charges salariales pour des personnes au service des paroissiens : prêtres, communautés religieuses étrangères, formation des séminaristes. Il en va de même des quelques laïcs qui travaillent à l’Archevêché : la comptabilité, l’économat, l’immobilier et la communication, tous sont au service des paroisses.
Comment s’en sortir à court terme ?
Le diocèse a besoin à court terme de reconstituer une réserve. Il est en train de se séparer de certains biens immobiliers non-utilisés pour la pastorale, et dans le même temps, il fait appel à la solidarité des diocèses voisins, des paroisses ainsi que des fidèles, pour une aide exceptionnelle, afin de l’aider à passer l’année 2020.
Comment s’en sortir à moyen terme ?
Il faut en même temps réduire les dépenses et trouver des ressources.
Pour les dépenses, un plan d’action est en place afin de les réduire d’environ 400 000€ pour 2019-2020, par
- une diminution du nombre de prêtres sans remettre en cause la proximité,
- l’arrêt du financement de la formation de séminaristes étrangers,
- la baisse de l’aide financière du diocèse aux communautés
- l’arrêt de la prise en charge de l’apprentissage du français
- la baisse de la masse salariale des laïcs.
Pour les ressources, un pôle ressource a été mis en place au diocèse et un groupe de travail a été lancé avec des curés et des laïcs pour repenser le système de participation des paroisses aux charges collectives (paiement des prêtres, des séminaristes, des communautés et des laïcs) actuellement prises en charge par l’Archevêché.
Comment voyez-vous le futur ?
L’année prochaine, nous allons avoir un nouvel évêque. Certains aimeraient attendre sa venue en ne changeant rien, malheureusement la situation financière ne le permet plus et il faut faire preuve de réalisme. Les ressources du diocèse et des paroisses ne sont ni les placements financiers, ni les revenus immobiliers, mais les dons des fidèles, qu’ils soient réguliers comme la quête ou le denier, ou exceptionnels comme les legs et donations.
C’est donc finalement aux fidèles qu’il revient de décider par leur générosité de permettre ou non, la continuité de cette stratégie qui vise à soutenir financièrement la vie religieuse dans le Vaucluse et une disponibilité importante de prêtres. Concrètement, cela signifie une augmentation de la participation de chacun au denier de 30%.
Le défi est là : aider les paroissiens à prendre conscience que c’est l’Archevêché qui finance leurs prêtres, leurs religieux, et que l’Archevêché ne peut pas le faire sans eux.