Le 23 février, dans sa rencontre avec le clergé romain, le pape a parlé de la foi, en préparation de cette année qui va lui être consacrée, du 11 octobre 2012 au 24 octobre 2013, et qui devrait être en pratique l’année du catéchisme. Cela nous ramène à la « Nouvelle Évangélisation » initiée par Jean-Paul II, une évangélisation qui tienne compte des ravages provoqués, au cœur de la vieille Europe, mais aussi dans d’autres pays christianisés comme le Rwanda, par une évangélisation partielle (qui, selon Kierkegaard, ne faisait que des « païens baptisés » ou encore « des chrétiens que de nom »), et trop souvent instrumentalisée à des fins politiques.
Une évangélisation partielle, parce que réduite à un savoir quand elle n’était pas imposée par la contrainte, que ce soit dans le cadre scolaire ou, dans les luttes parfois sanglantes, pour sauver l’intégrité de la foi, alors que, comme le rappelait Benoît XVI, ce 23 février, « vérité et violence sont contradictoires. La vérité ne peut s’imposer que par elle-même...par le biais de sa propre lumière. Nous avons besoin de la vérité... Là où il y a la vérité, peut naître la charité. Grâce à Dieu, cela se vérifie de siècle en siècle, et malgré des faits négatifs, les fruits de la charité continuent de se réaliser, comme dans les martyrs, les nombreux religieux et religieuses, prêtres et fidèles qui assistent humblement les pauvres et les malades, représentants de la charité du Christ. Cela est vraiment le signe que la vérité est présente ».
Une évangélisation trop souvent instrumentalisée à des fins politiques, comme on peut le voir aujourd’hui avec l’islamisme qui, par son recours à la violence, défigure la foi musulmane au Dieu miséricordieux. Les religions sont le fait des hommes et ces derniers sont toujours plus ou moins régentés par l’esprit du monde : la peur de mourir qui commande, dans tous les domaines, la nécessité « légitime » de se défendre contre le danger que constituent les autres, ceux qui ne sont pas avec moi ou pour moi. La foi est la raison d’être des religions qui lui donnent sa chair et sa consistance dans le temps de l’histoire. Mais seule la foi au Dieu vivant peut détourner les hommes du règne de la mort, en les tournant vers « l’au-delà de tout » qui, pour nous chrétiens, en dehors de ce que nous en a révélé Jésus, ne peut être qu’au-delà de tout ce que nous pouvons en dire. Ce qui nous amène à l’humilité, le contraire de l’orgueil qui sait tout et veut tout régenter. « Si la vérité est connue, précisait l’évêque de Rome à son clergé, c’est l’unité dans la vérité qui grandit... Tout ce qui n’est pas humilité ou foi commune détruit l’unité et l’espérance, rend invisible le visage de Dieu... ».
Cela ne veut pas dire que les précisions de la foi élaborées au cours des siècles soient vaines, ni que l’on puisse se passer de théologie, car nous avons besoin d’être au clair avec ce que nous croyons. Mais l’important c’est aussi de vivre en hommes pour pouvoir rendre raison de sa foi à partir du concret de sa vie. Non pas donner des leçons, mais, à la suite de Jésus, vivre humblement notre dialogue avec les autres en quête de ce Royaume que chacun attend au plus profond de son cœur, dont nous demandons chaque jour au Père la venue et dans lequel nous savons par la victoire du Christ que l’amour est plus fort que la mort.
Jean Mallein
Extrait de la Lettre d’Information du Diocèse d’Avignon, 4 mars 2012